Avec le concours de la communauté de communes Dronne et Belle, l’association Le tri cycle enchanté a monté, à Brantôme, une ressourcerie d’envergure qui contribue au développement local de l’économie solidaire.
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© Nicolas Michel
Dans la boutique plaisamment aménagée cohabitent des meubles restaurés, de la vaisselle pimpante, des bibelots, vêtements, livres, DVD, jouets de toutes sortes. Quelques objets anachroniques prêtent à sourire, comme un appareil photo à soufflet des années 1930, un combiné téléphonique à cadran, ou encore une machine à écrire vintage. Vous vous dîtes alors que vous avez trouvé le paradis des chineurs. Cependant, le Tri Cycle Enchanté est bien plus que cela. « Tout l’enjeu consiste à toucher le public le plus large possible », déclare Fabrice Suau, coordinateur de l’association. « Il nous faut rendre attractive l’image du réemploi de façon à ce qu’il devienne une habitude de consommation courante dans l’esprit des gens. Venir à la ressourcerie doit être aussi naturel pour eux que d’aller au supermarché. Nous les incitons à prendre conscience qu’ils peuvent faire de bonnes affaires dans un cadre convivial, tout en allant dans le sens de la transition écologique ».
Il nous faut rendre attractive l’image du réemploi de façon à ce qu’il devienne une habitude de consommation courante dans l’esprit des gens.
Précurseur en Dordogne
Le Tri Cycle Enchanté fait figure de pionnier parmi les recycleries de la Dordogne. L’association, fondée en 2006, a participé au déploiement du réseau Nouvelle Aquitaine des initiatives territoriales du réemploi (ReNAITRe), dont le référent au niveau départemental n’est autre que Fabrice Suau. Le Tri Cycle a contribué à former plusieurs personnes parties ensuite travailler dans d’autres structures similaires.
Pour parvenir à ce stade de développement, il a fallu que se produise en 2014 une heureuse convergence d’intérêts entre le Tri cycle enchanté et la communauté de communes Dronne et Belle. Jusqu’alors, l’association utilisait à Agonac un hangar agricole peu adapté à son activité. Elle cherchait un site adéquat pour monter en puissance sans avoir les moyens d’investir. La communauté de communes, réceptive aux questions environnementales et d’économie circulaire, était prête à s’engager à ses côtés.
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Un projet politiquement et financièrement soutenu
« Le projet de création d’une ressourcerie nous a séduits par son caractère innovant et son utilité pour notre territoire », souligne Jean-Paul Couvy, le président de la CdC regroupant 16 localités en zone rurale dans le secteur de Périgueux. « En 2016, nous nous sommes portés acquéreurs à Brantôme du terrain de 1,8 hectares d’une ancienne usine de fabrication de parpaings et de son bâtiment que nous avons fait agrandir et réaménager ». La réalisation a été compliquée par la crise de la Covid ainsi que par une hausse des estimations financières. « Sans les efforts supplémentaires consentis par la Région, le conseil départemental et l’Europe au titre des fonds LEADER, le projet aurait été remis en cause ». Pour un coût de 1 252 442 € hors taxes, la Région a participé à hauteur de 241 717 €. L’implication dans le projet de la collectivité Dronne et Belle va dans le sens de ses engagements écologiques. En 2020, a notamment été adopté un PCAET (Plan climat-air-énergie territorial). Le toit des locaux de la recyclerie a d’ailleurs été recouvert de panneaux photovoltaïques tandis que 7 ombrières ont été installées sur les parkings pour une production totale de près d’1MWc (mégawatt-crête).
© Nicolas Michel
Pédagogie autour des habitudes de consommation
Ouverte au public depuis janvier 2023, la ressourcerie fonctionne beaucoup grâce aux dons matériels faits par les particuliers. Elle développe en parallèle des partenariats avec des acteurs publics (l’hôpital de Périgueux, la SNCF) afin de récupérer du mobilier et des matériaux de chantier destinés ensuite à être réutilisés. Outre le volet réemploi, elle dispose d’un agrément « entreprise d’insertion ». Elle fait également de la pédagogie auprès du grand public. Fabrice Suau l’affirme, « sensibiliser les jeunes comme les adultes à une consommation plus responsable figure parmi nos priorités ». Pour cela, le Tri cycle enchanté met en place des ateliers au cours desquels les participants apprennent à réparer et entretenir leurs appareils électroménagers ou leur vélo par exemple. « Même si la prise de conscience des enjeux écologiques est considérée comme plus ou moins acquise dans notre société actuelle, les gens ont encore besoin d’être accompagnés dans leur démarche vers une transition environnementale réussie ». Franchir les portes du Tri Cycle Enchanté représente déjà un pas dans la bonne direction.