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extérieur du tiers-lieu
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actualité

Le Chai, un tiers-lieu tourné vers le numérique

C’est à Bonnat, petite commune du nord de la Creuse, autour d’un ancien chai, que le projet du tiers-lieu a émergé en 2017. À la fois lieu d’apprentissage du numérique, de coworking rural et comptoir d’initiatives, cet espace repose sur la co-construction de ses habitants.

Publié le lundi 25 novembre 2024
  • #Tiers-lieux

Si sa fonction historique était de stocker le vin pour le faire vieillir, le Chai de Bonnat a désormais une nouvelle page à écrire. Acheté et entièrement rénové par la communauté de communes des Portes de la Creuse en Marche en 2019, le projet a connu plusieurs phases d’expérimentation et de développement. Aujourd’hui, il répond à ses missions premières : favoriser l'accès au numérique et être un lieu de rencontres.

« Beaucoup de gens n’avaient pas accès à Internet et avaient besoin d’une aide spécifique avec le numérique » explique Elodie Deschatrettes, coordinatrice du Chai. Bien que la fibre se soit généralisée depuis, la diffusion d’internet n’était pas encore optimale à cette époque. En parallèle, le désarroi et la méfiance générale vis-à-vis des outils numériques se sont accentués face à la dématérialisation globale de toutes les démarches administratives. « Certains encore n’osent pas ouvrir leur ordinateur de peur qu'il explose ! » témoigne la coordinatrice. C’est donc naturellement que le credo du Chai a été de rendre chacun le plus autonome possible quant aux choix des outils et à leur utilisation.

atelier numérique avec des plusieurs ordinateurs allumés autour d'une table

Répondre aux problématiques numériques

Dans cette optique, un programme d’ateliers numériques a été lancé en deux volets : un niveau débutant (pour les personnes novices, qui n’ont pas d’équipements) ; un niveau intermédiaire (pour les personnes plus à l’aise ayant envie d’être plus autonomes). Une médiatrice numérique, d’abord bénévole, puis sous convention, a pu être employée à temps partiel. Des animations thématiques autour de la sécurité et des logiciels libres viennent compléter l’offre d’ateliers. Le prêt d’ordinateurs et des tablettes, permet de faire découvrir la modélisation, l’impression 3D ou encore la robotique. Des espaces de télétravail sont également disponibles en location et facilitent l'installation de nouveaux habitants. Nombre d’entre eux sont intéressés par cette possibilité de bureau hors du domicile.  

Atelier créatif avec des pinceaux, des crayons et un dessin d'oiseaux au premier plan.
Espace co-working

Encourager la rencontre pour créer

Se rencontrer et réaliser des choses ensemble est l’autre vocation du Chai. « C’est un endroit en dehors des cadres classiques, un espace accueillant où les gens peuvent venir chercher et créer ce dont ils ont besoin. C’est toute l’ambition du projet imaginé dès 2015 » s’enthousiasme Elodie Deschatrette. Stoppé par le Covid après l’inauguration du nouveau local en novembre 2019, le tiers-lieu a continué de fonctionner en voile réduite avec les ateliers numériques, considérés d’intérêt général. En mai 2021, à la sortie de la crise sanitaire, l’axe choisi a été de co-organiser des temps d’échanges et de partages en développant des activités collectives. L’enjeu étant de construire ensemble. « Que souhaitez-vous proposer ? Que souhaitez-vous faire ensemble ? sont les questions que je pose le plus aux membres du Chai » analyse la coordinatrice. C’est pourquoi, le programme évolue au fil des saisons, en fonction des envies et des animations proposées par des habitants bénévoles : atelier dessin enfant, atelier créatif libre (diamond painting, dessin, peinture, crochet), atelier belote, expositions d’artistes locaux…  

L’équipe organise aussi des formations en fonction des besoins des utilisateurs. Par exemple, des animations axées sur Excel, la communication ou la création d’outils pour les associations et les auto-entrepreneurs. Le tiers-lieu joue également un rôle de conseil et orientation auprès des usagers et de mise en réseau dans une logique d'intégration. C’est pour cela que le Chai cible autant les particuliers, les jeunes, les associations, les entrepreneurs, les télétravailleurs, les artistes que les touristes. Même si la fréquentation reste limitée étant donné sa localisation (moins de 7 000 habitants sur l’ensemble des 16 communes de la communauté de communes des Portes de la Creuse en Marche).

friche de l'ancien chai avant les travaux

Un service public territorial

Le Chai est un service public et a une gouvernance atypique. Directement géré par la communauté de communes, ce tiers-lieu n’est pas porté par une association qui serait potentiellement en convention ou en partenariat avec la collectivité. Pour Elodie Deschatrettes, « il a simplement un statut particulier qui implique des contraintes de neutralité plus importantes et une combinaison plus complexe entre rapidité des besoins et vigilance d’utilisation de l’argent public ». Les décisions administratives, fonctionnelles et les grandes orientations du lieu sont prises par une commission d’élus réunis régulièrement, puis par le conseil communautaire. Pour le programme d’activités, le matériel et la gestion des espaces, une dizaine de personnes impliquées en tant que bénévoles actifs veillent au bon déroulement. Pour l’instant, la gouvernance du Chai n’est pas encore formalisée car la priorité post-covid a été de reconstruire un collectif d’habitants souhaitant s'impliquer. Pour l'avenir, la création de commissions mixtes et une structure officielle pour le collectif sont des pistes de réflexion. Tout comme le renforcement de la communication ou le développement de liens avec d'autres services publics, lieux socio-culturels et acteurs associatifs. En somme, des projets au service des acteurs locaux, à faire vieillir, tel un bon chai !