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Deux enfants devant un ordinateur avec un adulte qui les regarde
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actualité

FabLabea, le feu de la création et du partage

territoire

Pays Basque

Créer un Fab Lab accueillant tout public, à la convergence de la culture numérique et des savoir-faire traditionnels, c’était l'objectif d’une poignée de citoyens à Hasparren, au Pays Basque. Un pari réussi sur la base de nombreux ingrédients assemblés avec brio par l’association FabLabea.

Publié le mardi 7 novembre 2023
  • #Tiers-lieux

Lorsque l’on arrive à Hasparren, il n’y a pas besoin de chercher longtemps pour trouver ce nouveau Fab Lab. Et pour cause, l’association a pris place sur l’artère principale de la ville ; la rue Francis Jammes. C’est en novembre 2022 que les 146 m² de ce rez-de-chaussée avec vitrine ont été officiellement inaugurés. Mais en réalité, le projet et la vie dans ce local frémissaient depuis de longs mois.

Tout a commencé par une acquisition immobilière. Un enfant du village achète l’immeuble entier et rénove les appartements. Il reste cependant sur la rue, cet espace dont il ne sait que faire. Le propriétaire se rapproche de Matiu Bordato, un jeune très investi dans la vie culturelle et associative locale. Très vite, l’idée de créer un tiers lieu fait son apparition et c’est pendant la période Covid que le projet va infuser, puis se concrétiser. Avec un coup de pouce du hasard, une découverte inattendue dans ce local.

Deux jeunes femmes cuisinent devant un four à bois en fonte

Un four et du sens

“On partait de rien”, avoue Valérie Marsan, secrétaire de l’association. “On n’avait aucune idée de ce qu’était réellement un Fab Lab”. Pourtant, une surprise survenue durant les travaux va donner tout son sens à la démarche et orienter pour l’avenir, l’état d’esprit des lieux. Alors qu’ils grattent un mur du fond, les ouvriers révèlent sous le plâtre un four centenaire. Cette pièce magnifique et oubliée va être le premier projet d’envergure de l’association fondée en septembre 2020.
La restauration de cette pièce unique nécessite la combinaison de divers savoir-faire, technologiques et traditionnels. Un scanner 3D pour créer une cartographie du four, un artisan expérimenté en restauration de patrimoine, des étudiants en ingénierie et une équipe de bénévoles passionnés forment le groupe à même de redonner à cette installation sa splendeur d’antan.

“Ce four est devenu notre totem”. Il a donné du sens et montré la voie. A tel point qu’il est inclus dans le nom de l’association et du lieu, labea signifiant four en langue basque. Les adhérents portent le surnom de Herensuge, un dragon de la mythologie basque. À ce jour, ils sont 250 membres de l’association, à faire vivre ce lieu et l’état d’esprit qui l’anime. “FabLabea, c’est un espace de rencontre, de partage et de création autour de la pratique artisanale, culturelle et technologique”, résume Valérie Marsan.

Vitrine du tiers-lieu, de l'autre côté, une foule de personnes

Des machines et des humains

Dans les 146 m² du local, on retrouve six postes numériques, utilisés pour monter les projets avec les machines. La découpeuse de stickers et de vinyle permet de faire l’impression à chaud sur du textile. Avec l’imprimante à sublimation, on sort un papier transfert à partir du fichier numérique puis la presse chauffe et transfère vers le tissu ou l’objet souhaité. “On fait beaucoup de mug avec ce procédé”.

Il y a aussi trois imprimantes 3D, une découpe laser et un atelier de bricolage. “Nous avons été aidés par diverses subventions (Région, Département, Agglomération…) pour l’acquisition de ce matériel ainsi que pour la création de deux postes salariés”. Malgré tout, la responsable de l’association est consciente que l’année à venir est cruciale. Il n’est pas facile de trouver un modèle économique mais les pistes sont nombreuses tant la philosophie du lieu résonne dans de nombreux domaines.

Il y a d’abord les ateliers pour les enfants, tous les mercredis après-midi, autour de la robotique et de la programmation. “Pour la rentrée scolaire, on leur a proposé un atelier d’impression afin qu’ils puissent personnaliser leurs affaires comme une trousse, un casque de vélo…”.  Pour les adultes, les ateliers se déroulent le samedi, et deux soirs par semaine, des formations sont dispensées. Elles permettent de transmettre les savoirs et de rendre les personnes autonomes avec ces nouvelles technologies.

On peut aussi venir à FabLabea pour tenter de réparer un appareil en panne. Ces moments baptisés “Repair Kafe” sont des instants de partage avec une vocation sociale, pédagogique, économique et écologique. De l'intelligence collective débouche la solution de réparation qui évitera un remplacement inutile et le gaspillage. Un cercle vertueux sur toute la ligne.

Pièces de téléscope sorties d'une imprimante 3d

Des dragons et de l’émulation

Si le montant de l’adhésion annuelle s’élève à 10 €, le prix des ateliers oscille entre 3-6 € pour les enfants et 10-15 € pour les adultes. “Ils ne sont pas chers car ils sont généralement animés par des bénévoles”, explique Mme Marsan. Elle-même anime un atelier vocal tous les mois “pour explorer la voix, dans un bain collectif, ça plait beaucoup”.
À Hasparren, les dragons peuvent souffler les braises de la connaissance et partager des moments de convivialité. Cours de yoga, gravure sur bois, balade botanique… l’offre est variée et répond à tous les besoins, que l’on soit passionné par les nouvelles technologies ou plutôt orienté vers la culture ou l’artisanat.

Une offre qui se décline aussi pour les professionnels puisque l’association a déjà collaboré avec des entreprises. Découpe laser, impression 3D, sublimation, les services et les savoir-faire correspondent à certains besoins des professionnels qui peuvent ainsi faire appel à FabLabea pour réaliser leurs projets.

Bien sûr, l’association vit aussi au rythme du village et cale ses activités en fonction des temps forts à Hasparren. L’arrivée d’Olentzero (pendant les fêtes de Noël), ihauteria (le carnaval), les fêtes du village en juin…FabLabea s’investit dans tous ces moments de vie collective. “On est là pour ça, pour créer des objets et de l’émulation entre les gens”.