À Châtellerault (Vienne), le quartier de la Plaine d’Ozon poursuit sa mutation. En 2024, le bailleur social Novia a réhabilité les commerces au pied d’un immeuble, dans un contexte compliqué. Le but de l'opération : redonner un second souffle à la vie économique et sociale du quartier.
Le quartier de la Plaine d’Ozon poursuit sa métamorphose. Ce secteur, emblématique des grands ensembles des années 1970, fait depuis plusieurs années l’objet d’un ambitieux programme de renouvellement urbain mené par la Ville de Châtellerault et ses partenaires. Après la rénovation des logements et la requalification des espaces publics, c’est désormais le tissu commercial qui se transforme. En 2024, le bailleur social Novia a entrepris la réhabilitation des locaux situés au pied d’un de ses immeubles, pour y accueillir les commerces sinistrés de la place Churchill, détruits lors des émeutes de juin. Une opération à la fois économique et symbolique, qui contribue à redonner au quartier son attractivité et son rôle central.
Des locaux laissés vacants depuis 2019
Anciennement Sem Habitat du Pays châtelleraudais, Novia, l’un des deux bailleurs du quartier, avait engagé courant 2024 une restructuration de 450 m2 de locaux commerciaux, laissés vacants depuis 2019, suite au départ d’une supérette. « Situé au pied d’une de nos tours d’habitation, le long de la place Churchill, l’opération a consisté à se réapproprier une partie des espaces privés de cette barre commerciale, précise son directeur Frédéric Delacroix. Car si nous sommes propriétaires des 81 logements de l’immeuble, les surfaces commerciales sont quant à elles en copropriété. Nous avons donc racheté les locaux laissés vacants dans le but d’y réinstaller des commerces et de services attendus par les habitants. »
© Ville de Châtellerault
Des constructions des années 60
Pour bien comprendre l’enjeu de cette opération et les liens indirects entre la destruction de la petite zone commerciale et la réhabilitation de la barre commerciale, un petit retour en arrière s’impose.
Le quartier de la Plaine d’Ozon est un quartier comme il en existe beaucoup en France. Il est sorti de terre au début des années 1960 pour répondre aux besoins de logements de l’après-guerre. Au fil du temps, il n’a plus su répondre aux attentes de ses habitants, ce qui a contribué à une image dégradée du quartier. « Un vaste programme de rénovation urbaine a donc été engagé en 2007, point de départ d’une transformation sans précédent, souligne Maxime Renaud, responsable du service Maîtrise d'Ouvrage Territoriale pour la Ville de Châtellerault. Près de 100 millions d’euros ont été investis pour démolir, reconstruire et réaménager le secteur. Six immeubles, soit plus de 621 logements, ont été rasés. 10 bâtiments ont été réhabilités (622 logements) ou reconstruits (358 logements). Des créations et des restructurations d’équipements publics ont été effectuées (centre socio-culturel, terrain multisports…) ainsi que des aménagements d’espaces publics et de voirie. »
Le quartier avait peu à peu retrouvé de la sérénité jusqu’aux émeutes déclenchées, comme dans près de 700 communes en France à la suite de la mort d’un adolescent à Nanterre lors d’une intervention des forces de l’ordre. Cet événement a engendré la destruction du centre-commercial, situé place Churchill, quasiment en face du projet de Novia. Six commerces et un bureau de Poste avaient alors disparu dans les flammes.
Près d’un an de travaux
Novia a ainsi pu reloger deux commerçants sinistrés dans les nouveaux espaces : le Hall de la Presse et le café le Samovar. « En plus de ces deux commerces, un restaurant d’insertion Le Goût des Autres a intégré les lieux, précise Frédéric Delacroix. Nous avons complètement remis à neuf les espaces : isolation, étanchéité, sécurité incendie… Les travaux ont débuté au début de l’année 2024 et les premiers locaux ont également été livrés en décembre 2024. » Le coût total des travaux s’est élevé à 915 000 €, financés par l’Etat, par Grand Châtellerault et par la Région Nouvelle-Aquitaine.
Recréer une dynamique
L’opération a été menée en étroite collaboration avec la communauté d’agglomération de Grand Châtellerault avec l’ambition de redynamiser l’offre de services aux habitants. Pour Frédéric Delacroix, la réouverture de ces commerces dépasse la seule dimension économique : « Pendant près d’un an, il n’y avait plus dans le quartier de lieu de rencontre pour les habitants. » Aujourd’hui, l’endroit reprend peu à peu vie et les habitants retrouvent leurs habitudes. En plus des commerces relogés par Novia, une épicerie du monde va prochainement intégrer la barre commerciale. « Les prochaines étapes porteront sur l’embellissement extérieur et l’amélioration de l’attractivité de la copropriété, en concertation avec le syndic et les propriétaires privés. » Novia envisage également, ayant fait l’acquisition de deux autres petites cellules commerciales, d’y attirer des services à la personne ou de la santé.
© Ville de Châtellerault
Un cœur de quartier
Dans cette même logique de recréer de la cohésion sociale, la Ville de Châtellerault a œuvré, en parallèle, à la démolition de la petite zone commerciale détruite par les flammes. « Ça a été un chantier de longue haleine car l’endroit était une copropriété constituée essentiellement de propriétaires privés, poursuit Maxime Renaud. Mais il était important d’effacer les stigmates de ces événements pour permettre aux habitants de tourner la page. La Ville a donc acquis auprès des différents propriétaires les surfaces commerciales, avec l’aide de l’État et des collectivités locales, afin de supprimer courant 2025 la structure calcinée. »
Une étape importante pour un nouveau départ. En concertation avec les habitants, les surfaces laissées vacantes ont accueilli un espace de verdure qui a terme sera agrémenté d’aménagements urbains pour encourager les résidents à réinvestir la place et faire de ce lieu un vrai cœur de quartier.
La Région Nouvelle-Aquitaine a soutenu la réhabilitation de la barre commerciale n°1 du quartier Ozon à Châtellerault à hauteur de 150 000 €, soit 21,4 % du coût total éligible. Cette subvention contribue à la rénovation de 456 m² de cellules commerciales, à la remise en état de l’enveloppe du bâtiment et à la création d’un restaurant solidaire “ Le Goût des autres ”, générant six emplois en insertion.
L’aide régionale s’inscrit dans la dynamique de renouvellement urbain engagée sur le quartier prioritaire Ozon, en faveur de la redynamisation du commerce de proximité et du lien social.
