Au Pays basque, le dispositif Des Étoiles et des Femmes permet aux femmes éloignées de l’emploi d’acquérir un diplôme et de retrouver le monde du travail. Une formation financée en grande partie par la Nouvelle-Aquitaine pour permettre une meilleure inclusion des femmes dans le milieu de la gastronomie.
- #Insertion professionnelle
Né à Marseille, le programme Des Étoiles et des Femmes lance sa première promotion en 2015. L’objectif est de permettre aux femmes éloignées de l’emploi d’accéder au monde de la cuisine en intégrant l’excellence de la gastronomie française. Car le constat est sans appel. Les femmes sont peu présentes dans les cuisines des restaurants. Elles sont frappées par un taux de chômage supérieur à celui des hommes alors que le monde de la gastronomie est en pénurie de main-d'œuvre. Ces raisons expliquent le développement rapide du dispositif.
L’initiative connaît un succès fulgurant, à tel point qu’elle ne tarde pas à faire des émules à Nice, Lille, Montpellier, Strasbourg, Paris, Toulouse et également en Nouvelle-Aquitaine. Après Bordeaux, ce programme de formation unique arrive au Pays Basque en 2022 avec sa première douzaine d’apprenantes.
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Lever les freins pour favoriser l’insertion
Depuis Bayonne, le programme est piloté par l’association Céleste et le recrutement se fait sur l’ensemble du Pays basque. Les futures cuisinières viennent de la côte mais aussi de Saint-Palais, Hasparren ou encore Mauléon. Quant à la formation, elle se déroule à Saint-Jean-Pied-de-Port, au Lycée de Navarre. Un facteur qui ne facilite pas le recrutement, certaines candidates pouvant être effrayées par l’éloignement et l'organisation que cela engendre. Néanmoins, l’association s’occupe de lever un maximum de freins pour rendre la formation accessible au plus grand nombre. “ Non seulement il y a la distance mais aussi les problématiques liées à la garde des enfants ou aux moyens de transports ”, explique Sonia Josefowicz, directrice du développement. Pour tout cela, des solutions sont mises en place et la prise en charge permet à ses personnes d’intégrer le dispositif.
Étalée sur neuf mois, la formation se veut riche et dense. “ Elles suivent l’ensemble des cours du diplôme national du CAP, avec non seulement de la cuisine mais aussi des mathématiques, du français, de l’histoire-géographie… ”. Un retour sur les bancs de l’école pas toujours facile pour les apprenantes. “ Elles ont entre 19 et 60 ans, la plupart ont quitté l’école très tôt, il y a très longtemps ”.
Redonner confiance à des parcours cabossés
Si elles sont contentes de participer aux travaux pratiques en cuisine, l’enseignement des matières générales s’avère parfois délicat pour les enseignants. “ Ils n’ont pas toujours l’habitude d’enseigner à un public en difficultés ”. Disparité des âges et des niveaux, parcours personnels cabossés, situations familiales compliquées, autant de paramètres qui ne facilitent pas la tâche des professeurs même si “ dans l’ensemble, cela se passe très bien ” rassure Sonia Josefowicz.
A l’école du lundi au jeudi, le vendredi est lui consacré à l’accompagnement avec des ateliers de posture professionnelle, de CV, de recherche d’emploi… “ On intègre aussi des ateliers sur l’estime de soi et la confiance en soi car leur histoire personnelle fait qu’elles en sont totalement dépourvues ”.
Durant les neuf mois, la formation offre cinq périodes de stage de trois semaines. Dans les cuisines du Sofitel ou de l’Hôtel du Palais (Biarritz), de Relief (Bayonne), du Byron (Anglet) ou encore du Xaya (Saint-Jean-de-Luz), les stagiaires sont accueillies avec toute leur motivation et leur envie de réussir. “ Les retours des restaurateurs sont hyper positifs ” se réjouit la responsable.
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Une motivation hors normes
Malgré toutes les limites qui s'imposent à elles, ces femmes parviennent à relever le défi pour retrouver un emploi et bien plus que cela, regagner en confiance et en dignité. “ Ce n’est pas simple pour elles, il faut une motivation hors normes pour suivre la formation, effectuer les trajets, ou s’intégrer dans les brigades des restaurants ”.
Une détermination qui se traduit par le taux exceptionnel de 100% de réussite à l’examen du CAP. Parmi ces diplômées, l’immense majorité est désormais insérée dans le monde du travail. Certaines d’entre elles envisagent même plus. Après son CAP Cuisine, Laetitia a enchaîné sur un CAP Pâtissier et occupe désormais un emploi pérenne dans la restauration. Charlotte s’est quant à elle lancée dans une activité florissante de traiteur. Quant à Vanessa, elle s’autorise à rêver de tenir un jour son propre établissement. Autrefois éteintes par les aléas de la vie, des flammes se sont ainsi rallumées chez ses femmes et un avenir s’offre de nouveau pour ces battantes.