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Deux personnes composent des bouquets
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actualité

Floricotte, l'insertion par la floriculture bio

L’association Floricotte produit des fleurs bios, locales et de saison tout en aidant les personnes éloignées de l’emploi à remettre le pied à l’étrier. Une aventure entre savoir-faire de la floriculture française, éthique et écologie.

Publié le lundi 19 décembre 2022
  • #Économie territoriale
  • #Solidarité
  • #Insertion professionnelle

En 1985, la France comptait 8 000 horticulteurs, ils ne sont plus que 400 aujourd’hui et nous en perdons encore. Notre nation possède pourtant un véritable savoir-faire », assure Lolita Enselme, fondatrice et directrice de l’association Floricotte. Cette jeune structure d’insertion par l’activité économique, fondée en mai 2021, forme des personnes éloignées de l’emploi aux métiers d’horticulteur et de fleuriste, tout en produisant des fleurs et plantes issues de l’agriculture biologique. « Je ne me voyais pas à la tête d’une exploitation classique, explique l’ingénieure agronome de 41 ans.

La sauvegarde d’une filière en déclin

La floriculture colle bien à un chantier d’insertion et nécessite beaucoup de main-d’oeuvre. Cela participe à la sauvegarde d’une filière en déclin, tout en aidant ces publics à lever les freins vers l’emploi : mobilité, logement, santé. » Après deux ans d’efforts, cette initiative a véritablement pris corps en avril, avec les premiers semis et l’embauche de sept demandeurs d’emploi. « Nous leur proposons un CDDI (contrat à durée déterminée d’insertion) de six mois pour 28 heures de travail par semaine et travaillons leur projet professionnel de sortie », précise Lolita Enselme, dont le projet a bénéficié d’une aide de la Région de 55 000 euros. Puis, 3 autres demandeurs d’emploi ont suivi pour porter l’effectif à dix personnes. Un « maximum » pour cette structure qui souhaite « rester à taille humaine ».

 
Le CDDI
Le contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) est ouvert aux personnes au chômage et rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières. Il ne peut pas excéder 24 mois.

Chacun à son rythme

Un jeune homme confectionne un bouquet de fleurs

« Notre plus jeune salarié a 19 ans, le plus ancien 59. Le recrutement se fait localement, à l’échelle du bassin de vie, et les demandes doivent être motivées », détaille-t-il. Le plus jeune à avoir rejoint cette aventure, c’est David Charton : « J’ai une formation de jardinier-paysagiste mais je souhaitais acquérir de nouvelles compétences en horticulture. Ici, nous avançons à notre rythme, chacun à son niveau, contrairement à une entreprise où il faut suivre la cadence. Ça me plaît énormément et j’arrive à faire mes preuves. » Malory Halluin, elle, a longtemps travaillé dans la vente et compte bien y retourner : « Mais dans les végétaux, dans une jardinerie par exemple. Nous sommes bien encadrés ici et nous apprenons de nouvelles façons de planter. Des semis directs, je n’en avais jamais fait, ça me plaît beaucoup », conclut-elle.

Engagé localement

Bâtiments de ferme

« En tant qu’association, nous n’avions pas d’argent pour acheter une exploitation », rappelle l’ingénieure agronome. L’association Saint-Fiacre - un autre chantier d’insertion basé à Saintes - l’a alors aiguillée vers le groupe Vinci. « Il possède ce corps de ferme inoccupé, jouxtant l’autoroute A10. Nous avons signé un bail de six ans et devons juste payer les charges courantes et assurer l’entretien des bâtiments », poursuit Lolita Enselme, qui dispose désormais d’un terrain de 5 000 m2. « Il nous faudrait 2 hectares supplémentaires pour implanter, par exemple, des arbres à feuillage comme l’eucalyptus, très utilisé dans les bouquets », avance la quadragénaire, épaulée par un autre professionnel, Florian Brault.L’entreprise aspire à être un acteur pleinement engagé dans la vie local. Les recrutements y contribuent, tout comme la proposition de bouquets bios et locaux ou les ateliers d’art floral que propose Floricotte aux écoles, Ehpad et autres maisons des associations ou magasin bio. Floricotte revendique un esprit « slow flower », à l’instar du mouvement slow-food. L’association place son éthique, l’écologie et la défense d’un savoir-faire de la floriculture au centre de son activité. Les bouquets n’en seront que plus beaux. 50 000 fleurs coupées devraient être récoltées au printemps 2023.