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jardin potager en été, pins maritimes et maisons en fond
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actualité

Dunes fertiles, micro-ferme urbaine

territoire

La Rochelle - Ré - Aunis

Dans le quartier de Villeneuve-les-Salines, à La Rochelle, poussent un potager et un verger appelés à nourrir ses habitants. Baptisé « Dunes fertiles », ce projet emploie cinq salariés en insertion professionnelle.

Publié le lundi 2 septembre 2024
  • #Vie associative
  • #Agriculture
  • #Insertion professionnelle

Rares sont les parcs urbains à rassembler un potager et un verger ! À Villeneuve-les-Salines poussent désormais des fruits et des légumes au cœur du parc Condorcet, un petit écrin de verdure situé au cœur d'une zone pavillonnaire et résidentielle, à l'est de La Rochelle (Charente-Maritime). Baptisé « Dunes fertiles », ce projet est porté par la Régie de quartiers Diagonales fondée en 1993.

Légumes présentés sur un étal par une maraichère du projet

Porté par la régie de quartier Diagonales

Impliquée de longue date dans l'insertion professionnelle, cette structure a imaginé une micro-ferme urbaine pour y greffer un chantier d'insertion par l'activité économique. Aménagé l'hiver dernier, un premier potager de 800 m² fournit déjà des merveilles : petits-pois et haricots, fraises, tomates, aubergines et autres courgettes. Dès l'automne prochain, une immense serre sera aussi installée en lieu et place d'un ancien terrain de basket. « Cela nous permettra de multiplier la production par trois et d'y installer un système de goutte à goutte », précise Chloé Moulis, cheffe d'équipe et coordinatrice de ce projet ambitieux et implanté au cœur d'un quartier en pleine mutation. La Régie de quartiers Diagonales a en effet bénéficié d'un appel à projets porté par l'ANRU, l'Agence nationale pour la rénovation urbaine. C'était en 2021 : le quartier de Villeneuve-les-Salines poursuivait alors sa mue dans le cadre d'un vaste programme de rénovation et chercher une façon d'impliquer ses habitants et d'accompagner les personnes les plus éloignées de l'emploi.

Une maraichère derrière un étal de fruits et légumes

Travailler la terre et un projet professionnel

La micro-ferme esquissée par Diagonales a finalement séduit l'ANRU, la Ville, l'Agglomération de La Rochelle et jusqu'à la Région Nouvelle-Aquitaine qui a contribué à ce projet à hauteur de 50 000 euros au titre de la transition des territoires et de l’insertion professionnelle. « Ce maraîchage urbain en chantier d'insertion s'appuie sur la permaculture, n'utilise pas d’intrants chimiques et n'est pas mécanisé. Que des principes vertueux pour le territoire. Il fallait une réelle volonté politique pour aboutir », résume Vincent Enard, le directeur de la Régie de quartiers qui a investi grâce à ses partenaires près de 700 000 euros pour concrétiser ses Dunes fertiles. « Nous sommes partis de zéro ! Nous avons dû amener l'électricité, installer des toilettes sèches et réaliser un forage pour avoir de l'eau », détaille ainsi Chloé Moulis qui s'apprête à aménager deux anciens conteneurs maritimes pour y installer un bureau et un local technique. Cinq premiers salariés – dont quatre femmes – ont rapidement rejoint cette aventure. « Planter, soigner, récolter : peu d'entre eux ont une réelle expérience du maraîchage. Mais il s'agit avant tout d'un support d'accompagnement, d'un prétexte pour travailler un projet professionnel », soulignent Chloé Moulis et Vincent Enard. Durant 2 ans, au maximum, ces salariés en insertion travailleront ainsi leur projet personnel avec un accompagnateur socio-professionnel tout en cultivant leur jardin entre 16 et 28 heures par semaine. « Cela donne un rythme, des horaires, permet d'apprendre le respect des consignes. Et cela donne confiance en soi », insiste Chloé Moulis en évoquant les aspects positifs d'un tel dispositif.

deux jeunes courges jaunes et rondes côte à côte poussent dans un jardin

Une autre voie vers un métier

« C'est très satisfaisant, on voit les plantes grandir et on récolte vraiment le fruit de notre travail. Mais il faut aussi accepter les aléas : la météo comme les maladies des plantes », acquiesce Anne-Lise Drouet en évoquant sa nouvelle activité « les mains dans la terre ». Ancienne conseillère pénitentiaire, cette trentenaire a tout plaqué à la naissance de son premier enfant. « Je ne voulais plus travailler dans un bureau. J'avais envie de revenir à des choses plus concrètes et terre à terre », avance-t-elle. Embauchée en février, Anne-Lise Drouet a immédiatement été plongée dans le bain, pelle et binette à la main. La Régie de quartiers venait tout juste d’ôter le remblais qui couvrait autrefois la surface du potager. « Sur 35 centimètres d'épaisseur... Puis nous avons versé 100 tonnes de terres et de compost », précise Chloé Moulis encore marquée par l'ampleur de la tâche. Valérie Schopp a, elle, été recrutée en avril. Libraire, cette quinquagénaire souhaitait « expérimenter » une autre voie professionnelle. « J'avais envie de toucher la terre. J'étais dans la culture, me voici à cultiver un autre type de nourriture », sourit-elle. « Extrêmement motivée », Valérie Schopp imagine bifurquer vers le métier de pépiniériste et apprécie « la belle entente » construite au sein de la micro-ferme : « Nous n'avons pas tous le même âge, c'est très nourrissant aussi. Et nous travaillons avec ce potager sur la patience et l'observation, de belles valeurs importantes pour moi ».

Betteraves et courgettes sur un étal

Vente directe et ouverture aux habitants

Les fruits et légumes sont, eux, récoltés et vendus le jour même aux adhérents de la Régie de quartiers. « Nous proposons deux ventes au potager, les mardis et jeudis, ainsi qu'une vente anti-gaspi le vendredi au siège de Diagonales », précise Chloé Moulis. Les salariés en insertion se transforment ces jours-là en commerçants. « Ça fait partie du contrat. Certains n'apprécient pas forcément mais c'est un bon exercice », plaide la coordinatrice qui a mis en place un tarif solidaire (-20%) pour les personnes les plus précaires. « On a les retours des clients, c'est valorisant, nos produits sont appréciés », estime Anne-Lise Drouet qui espère emprunter une nouvelle voie après son passage à la micro-ferme du parc Condorcet. Trente arbres fruitiers y ont aussi été plantés. Ils seront bientôt 90 à s'épanouir dans ce verger « ouvert aux habitants » afin de créer un lien durable entre le quartier de Villeneuve-les-Salines et cette ferme urbaine appelée à prospérer.