Fin 2019, débutait une nouvelle ère pour le marché couvert d’Agen tout juste rénové. Deux ans et une pandémie plus tard, retour sur cette opération d’envergure soutenue par la Région.
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Avant, ce marché n’avait pas d’âme. On avait un peu l’impression d’être dans un hôpital à vrai dire ! Les clients faisaient leurs courses et repartaient aussitôt, alors qu’à présent ils prennent le temps de se retrouver pour discuter. Ils sont ravis, ils le disent, et ça se voit. L’ambiance est bien plus chaleureuse. » Karine Ramond, fromagère sous la halle depuis 2009, ne tarit pas d’éloges sur la rénovation du marché, pour ses clients bien sûr, mais aussi pour les commerçants.
Produits locaux
Menée courant 2019, cette rénovation s’inscrit dans le cadre plus général de la revalorisation du centre-ville d’Agen. Débutée, il y a plus de dix ans, elle a déjà donné lieu à la piétonisation de plusieurs voies, la plantation d’arbres, la réfection des trottoirs et du mobilier urbain… « Le projet ‘‘Agen cœur battant’’ a été initié en 2008. Il a vocation à renforcer l’attractivité commerciale du centre et à améliorer le cadre de vie des habitants », explique Sophie Baz, directrice de l’Agence du commerce de la Ville. « La rénovation et le relookage du marché viennent également asseoir sa position de halle alimentaire de qualité, qui valorise les produits locaux. » Visant à redynamiser le commerce de proximité et à favoriser le déploiement des circuits courts, ce projet a été soutenu par la Région à hauteur de 428 200 euros.
« Plus d’allure »
Deux ans plus tard, cet objectif de renforcement de l’attractivité est-il atteint ? « Il y a beaucoup plus de jeunes, y compris des 25-30 ans, ce qui est nouveau », poursuit Karine Ramond. « Je trouve que le marché a pris un vrai coup de jeune », confirme Jérémy Arouch, de l’épicerie fine Chez Maria, « je dirais même qu’il a pris du grade. Les gens ont un regard neuf sur la halle, les touristes s’arrêtent, prennent des photos et rentrent. Je pense que l’évolution de la façade, qui a beaucoup plus d’allure, joue pour beaucoup. » Massive et austère, l’ancienne façade de béton a en effet été recouverte d’une immense tôle décorative. Sur une surface de 500 m², une représentation en trompe-l’oeil de l’ancienne halle de type Baltard y rappelle le passé du site (lire ci-dessous).
Nouvelle clientèle
© Mairie_d'Agen
« Nous avons deux typologies de clientèle, complète Sophie Baz, de l’Agence du commerce. En semaine, les personnes âgées, les retraités, qui fréquentaient déjà les lieux ;et le week-end, des familles, des trentenaires, et des habitants qui viennent de plus loin dans l’agglomération. En plus des travaux, le covid a peut-être contribué à l’émergence d’une nouvelle clientèle, plus jeune, qui faisait ses achats dans la grande distribution et se tourne à présent vers des achats de proximité. »
Les deux événements ayant probablement joué, il est difficile de mesurer avec précision l’effet de chacun. D’autant qu’un autre facteur, beaucoup plus inattendu, a peut-être eu sa part dans l’attractivité nouvelle du marché. « Pendant tout l’été 2019, alors que les travaux se déroulaient à l’intérieur de la halle, les commerçants se sont installés à l’extérieur du marché, dans des camions. Et c’était super ! Du jeudi au week-end, il y avait tout le temps du monde », ajoute Karine Ramond. Cette installation provisoire a en outre été complétée d’animations, avec afterwork le jeudi et brunch le dimanche. « Mon père venait de céder le commerce », se souvient Jérémy Arouch, « j’étais en pleine période de reprise, ce qui n’est jamais évident, et cette période en extérieur m’a vraiment boosté ! » Couvert ou pas, le marché d’Agen n’a pas fini de surprendre.
Inaugurée en 1839, la première halle d’Agen était en bois. Un bel édifice qui n’aura eu qu’une courte vie puisqu’il fut démoli quarante ans plus tard pour être remplacé par une halle métallique. Conçu par l’architecte Lhéritier, sur le modèle des halles Baltard de Paris, ce « Grand Marché » fut inauguré le 4 septembre 1884, deux ans après la pose de la première pierre par Jean-Baptiste Durand qui donna son nom à la place. Le site devint rapidement l’un des centres de la vie agenaise. Il ouvrait la voie à la modernisation de la ville avant que ne soient percés les deux boulevards.
Après de longs débats et polémiques, le « Grand Marché » fut à son tour démoli. C’était en janvier 1970. L’ère du « tout automobile » lui fit préférer un « Marché-Parking », épaisse construction de béton abritant une galerie marchande surmontée d'un parking à étages.
L’année 2019 a ouvert une nouvelle ère pour le marché, sans démolition cette fois.
Plus de détails sur l'opération