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Famille qui pose avec drapeau ukrainien devant la façade d'un gite en pierre
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actualité

Le Gite de La Vallée accueille des réfugiés ukrainiens

En Charente-Maritime, La Vallée a transformé une ruine en gîte pour dynamiser la vie du village. Ses premiers hôtes : des réfugiés ukrainiens qui bénéficient depuis de la solidarité de ses habitants.

Publié le mardi 18 octobre 2022
  • #Solidarité
  • #Tourisme

« Nous souhaitions sauver cette maison saintongeaise, un patrimoine qu'il fallait mettre en valeur », résume Jean-Paul Gaillot, le maire de La Vallée, une commune de 700 habitants située entre Saintes et Rochefort, en Charente-Maritime. Acquise en 2011 par la municipalité, cette bâtisse n'était alors qu'une ruine située à quelques encablures du centre-bourg. Une décennie plus tard, ses lignes et son architecture typiques de la Saintonge ont retrouvé leur superbe et une véritable destination. Les lieux – officiellement inaugurée en juillet 2022 après 2 ans de travaux – ont en effet été transformés en gîte et proposent un total de 15 couchages. « Une partie a été conçue comme un gîte d'étape avec deux dortoirs pour trois et six personnes, une cuisine et deux salles d'eau. Une autre partie est, elle, aménagée comme un studio entièrement accessible aux personnes handicapées », détaillent le maire, sa deuxième adjointe et deux conseillers municipaux réunis pour évoquer ce gîte de La Roche. Car c'est bien une aventure collective que La Vallée a mené autour de ce projet. « Nous avions la volonté de conserver ce patrimoine, mais il fallait trouver une idée », confirment ces élus.
 

A fleur de véloroutes

Le développement de deux pistes cyclables leur a finalement offert une fenêtre de tir. La commune, bordée au nord par le fleuve Charente, se trouve au carrefour de la Vélodyssée et la Flow Vélo. La première part de Bretagne et longe le littoral Atlantique jusqu'au Pays basque. La seconde démarre en Périgord et conduit jusqu'à l'île d'Aix. La commune qui ne dispose d'aucun commerce – une épicerie ouvrira bientôt ses portes – a ainsi imaginé ce gîte à destination des cyclotouristes tout en se donnant l'opportunité d'accueillir d'autres visiteurs de passage. Plus de 350 000 euros ont été investis dans la réhabilitation de cette demeure grâce au soutien financier de l’État, de l'Europe ou encore de la Région Nouvelle-Aquitaine (à hauteur de 50 000 euros). Le contexte international s'est pourtant invité jusqu'aux confins de la Charente-Maritime et ont bouleversé les plans de La Vallée.

Un gîte flambant neuf

Entamée fin février, la guerre en Ukraine a précité des milliers de réfugiés sur les routes européennes. Dans un élan de solidarité partagée par la France entière, la commune a proposé son aide et ouvert les portes... de son gîte flambant neuf. « Dès les premiers jours du conflit, nous avons organisé une réunion. Le gîte était là, autant en profiter », raconte François Cristou, l'un des conseillers municipaux. La municipalité s'est alors rapprochée de l'association Sourires d’Ukraine basée en Charente-Maritime. Celle-là s'occupait de la logistique et leur a rapidement adressé un couple d'Ukrainiens, Levishko et Ivan, et huit enfants orphelins âgés de 5 à 17, dont ils ont la charge dans le cadre d'un orphelinat familial, l'équivalent tricolore des familles d'accueil. « Ils sont arrivés le 22 mars, nous avons fini de monter les lits la veille », sourit Sylvie You, la deuxième adjointe.

Trouver la formule idéale

Un autre couple avec un enfant en bas âge a depuis posé ses valises dans la seconde partie du gîte de La Roche après avoir été hébergé plusieurs mois par des retraités vallois. « C'est un très bel endroit, très agréable. Les voisins sont très sympas, on se visite mutuellement. Tout le monde ici nous aide à nous intégrer », assure Valeriy, un quadragénaire. Informaticien, lui souhaiterait rester en France, loin du conflit : « Mais je ne sais pas si c'est possible, et je ne connais pas le futur... » Levishko et Ivan préféreraient repartir dès que possible. « Nous avons une maison en Ukraine », explique la jeune femme qui travaille quelques heures chaque jour pour le compte d'une chèvrerie voisine. « Pour nous, c'est une satisfaction de rendre service », lâche simplement le maire Jean-Paul Gaillot. La commune prend à sa charge les frais du gîte – eau, électricité, Internet – et s'appuie désormais sur l'association Tremplin 17 pour encadrer l'accueil des demandeurs d'asile ukrainiens.
Cette hospitalité a ainsi retardé l'ouverture officielle du gîte de La Roche aux touristes de passage. Un temps que La Vallée compte mettre à profit pour trouver la formule idéale. Car la gestion communale d'un tel gîte n'est pas si courante. Opter pour une conciergerie privée coûte cher, notent les élus qui ne peuvent pas non plus assurer à eux-seuls et de façon bénévole l'entretien des lieux. « Le projet est génial pour La Vallée. Mais nous devons résoudre beaucoup de questions et trouver un bon compromis pour assurer la rentabilité de ce gîte », résume François Cristou.