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Bâtiment ancien rénové portant l'inscription "laiterie coopérative de Saint-Jean-de-Liversay
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actualité

La Nouvelle Laiterie, pôle d'action solidaire

territoire

La Rochelle - Ré - Aunis

En Charente-Maritime, à Saint-Jean-de-Liversay, la communauté de communes Aunis-Atlantique a transformé une ancienne laiterie pour y héberger toutes les structures dédiées à l'aide alimentaire et à l'économie sociale et solidaire. Objectifs : créer des liens et faciliter les échanges autant que l'accueil des bénéficiaires.

Publié le lundi 9 septembre 2024
  • #Solidarité
  • #ESS

Peut-on trouver plus adaptée qu'une ancienne coopérative laitière pour développer un pôle dévoué à l'aide alimentaire et à l'économie sociale et solidaire ? Fermée en 2006, cette ancienne usine et cœur battant du village de Saint-Jean-de-Liversay (Charente-Maritime) a été réhabilitée et entièrement réaménagée pour donner vie à un nouveau projet de territoire. Son nom ? « La Nouvelle Laiterie », clin d’œil à l'histoire des lieux autant qu'aux hommes et aux femmes qui ont longtemps travaillé ici.

carte postale ancienne laiterie, bâtiment et cheminée en brique
Carte postale ancienne, vue de la laiterie et sa cheminée en brique depuis la route
Interieur de l'ancienne laiterie, ouvriers qui posent près des cuves
quai de déchargement et camion de lait

Rassembler les services et les structures de l'action sociale

« Nous ne souhaitions par dénaturer l'esprit des lieux. Et les gens auraient continué à l'appeler ainsi », sourit Juliette Grignard, la directrice de cabinet et de la communication de la communauté de communes (CDC) Aunis-Atlantique. Située aux portes de La Rochelle et composée de 20 communes, cette collectivité cherchait à l'origine des locaux pour installer une épicerie sociale et solidaire. Après le rachat de l'ex-coopérative en 2017 et la création d'un centre intercommunal d'action sociale (CIAS) la même année, les élus ont étoffé leur réflexion et décelé une opportunité : celle de rassembler au même endroit les services et structures locales dévoués à l'action solidaire.

« Plutôt que d'y héberger une seule activité, il était pertinent d'en faire un lieu mutualisé avec l'ensemble des structures déjà implantées sur le territoire », résume Juliette Grignard. La Nouvelle Laiterie accueille ainsi les bureaux du CIAS et ses équipes ainsi que l'épicerie sociale et solidaire mais aussi un point d'accès numérique et les distributions alimentaires animées par les Restos du cœur et l'association Solidarité Courçon. Une recyclerie ouvrira ses portes l'an prochain pour compléter ce pôle agrémenté de bureaux partagés et d'espaces communs favorisant les rencontres.

Hangar avec des cageots de légumes
L'antenne locale des Restos du coeur est hébergée dans le bâtiment.

Comme un tiers-lieu

« La Nouvelle Laiterie fonctionne comme un tiers-lieu et vise à mettre en contact les différentes structures et personnes. C'était notre fil rouge », confirme Juliette Grignard. Pour parvenir à ce résultat, l'ancienne coopérative a été agrandie et repensée sur près de 1 500 m2 pour coller aux activités et aux besoins des associations et du CIAS. Une vaste salle reliée à des réserves et des chambres froides a été aménagée pour faciliter les distributions alimentaires des Restos du cœur et de Solidarité Courçon. Une cuisine pédagogique a même été installée avec des équipements « comme à la maison » pour y proposer des ateliers culinaires à destination des bénéficiaires.

La communauté de communes Aunis-Atlantique a bénéficié du soutien de l’État, du Département de la Charente-Maritime et de la CAF pour un chantier estimé à plus de 3,2 millions d'euros. La Région Nouvelle-Aquitaine a financé ce projet à hauteur de 490 000 euros dans le cadre du contrat de dynamisation et de cohésion La Rochelle-Ré-Aunis. La Fondation du patrimoine a également apporté sa pierre à l'édifice en menant avec les habitants du territoire et les anciens salariés de la coopérative laitière un important travail de mémoire. Des photos de l'usine et de ses ex-employés jalonnent désormais l'édifice où un étage reste à aménager pour répondre à de nouveaux besoins.

Entre des rayons d'épicerie, 3 personnes tenant des produits alimentaires sourient à l'objectif.
Les bénévoles garnissent les rayons de l'épicerie solidaire.

La solidarité au coeur du lieu

« Nous sommes bien contents de ces nouveaux locaux. Nous partagions autrefois une ancienne école et un préau avec les Restos du cœur. La Nouvelle Laiterie nous permet d'intervenir en lien avec le CIAS et les autres structures. On se sent moins seul et plus soutenu et nous partageons plus de choses », avance Brigitte Krol, la présidente de Solidarité Courçon. Partenaire de la Banque alimentaire et forte de 12 bénévoles, cette association accompagne une quarantaine de familles. Les Restos du cœur épaulent, eux, une centaine de bénéficiaires. « Nous sommes 15 bénévoles. Nos anciens locaux étaient vétustes. Ici, nous pouvons accueillir davantage de familles, leur proposer plus d'activités dans de meilleures conditions. Les bureaux partagés offrent aussi plus de discrétion pour les recevoir », détaille Brigitte Talleux, l'animatrice de cette antenne des Restos du cœur.

Gestionnaire des lieux, le CIAS emploie de son côté deux conseillers pour faciliter l'inclusion numérique et s'occupe aussi de plusieurs logements d'urgence et de transition réservés aux victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales – une assistante sociale est notamment chargée de cette mission à demeure. L'épicerie sociale et solidaire vise, elle, les personnes ne répondant pas aux critères des distributions alimentaires. « Il s'agit d'une aide complémentaire. Nous faisons appel aux dons des grandes enseignes et des particuliers qui peuvent aussi nous offrir leurs fruits et légumes. Et nous bénéficions d'une aide de l'intercommunalité », précise Anne-Laure Denieul, la directrice du CIAS et des Affaires sociales de la CDC. Vingt-six familles bénéficient actuellement de cette épicerie ouverte les lundis et mardis après-midi. « Deux agents et dix bénévoles assurent le transport des denrées et l'accueil. Les prix sont inférieurs de 30% à ceux du marché. Et nous proposons des fruits et des légumes de nos producteurs locaux », complète Anne-Laure Denieul.

Grande salle remplie de vêtements sur des tables et des portants
En 2025, la recyclerie "Chic, on recycle" devrait ouvrir ses portes...avec une bonne part de l'activité dédiée aux vêtements.

Une recyclerie associative

En 2025, La Nouvelle Laiterie sera complétée par une recyclerie associative baptisée « Chic ! On recycle ». Les locaux de 600 m2 et dotés d'une entrée indépendante sont déjà prêts. « Il y a une énorme attentes des habitants. Certains viennent déjà nous voir avec des coffres pleins », abondent Juliette Grignard et Anne-Laure Denieul devant l'entrée monumentale qui servira bientôt de quai de chargement des marchandises. Cette recyclerie permettra de sensibiliser les habitants du territoire au tri et au réemploi tout en ouvrant les portes voisines de La Nouvelle Laiterie à un public plus large.