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Légumes d'hiver - Rawpixel
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actualité

Coopérative du Born : pour une alimentation durable

Mettre en place une économie circulaire basée sur le circuit court et le manger sain des habitants, tel est l’objectif de la Coopérative du Born (40). Pour se développer, la structure construit un nouveau bâtiment qui permettra de traiter 250 tonnes de légumes.

Publié le mardi 18 octobre 2022
  • #Économie territoriale
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  • #Économie circulaire

Une fois la saison estivale terminée, le village de Saint-Julien-en Born retrouve son calme. A deux pas de l’église et de la mairie, un lieu garde sa vitalité, tout au long de l’année. Dans La Grange, les esprits audacieux et forces vives du territoire se retrouvent pour dessiner des projets divers et variés. C’est dans ce tiers-lieu, animé par l’association La Smalah, que la Coopérative du Born a établi ses bureaux. Au premier étage du café associatif, Lucie Ouvrard, la salariée de la coopérative nous reçoit pour raconter le projet mené par sa structure. 
« Tout a commencé par un diagnostic territorial établi par trois communautés de communes (Mimizan, Grands Lacs, et Côte Landes Nature) sur les circuits courts et l’agriculture, rappelle la jeune femme. Une des préconisations de ce rapport était de mettre en place un laboratoire de transformation alimentaire pour faire le lien entre les producteurs et les cuisines centrales. » 
Pour que cette recommandation devienne concrète, un collectif se monte. Composée d’associations, d’élus, de citoyens et d’agriculteurs, la structure associative se transforme en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) et Lucie rejoint le projet en avril 2021 pour fédérer et mobiliser le collectif. « C’est d’ailleurs grâce à une subvention de la Région Nouvelle-Aquitaine que mon poste a été financé au départ », se souvient-elle. 
 

Un modèle économique viable

Aujourd’hui, ils sont 57 sociétaires dans la Coopérative du Born. Leur objectif : faire sortir de terre une conserverie légumerie sur le territoire. Le but d’un tel projet est double, tant du point de vue des producteurs que des habitants. « Pour les agriculteurs, notre projet leur permet de bénéficier d’un revenu décent régulier, puisqu’on va leur acheter leur production toute l’année, en grande quantité, au juste prix. Quant à la population, elle a ainsi accès à une alimentation saine, durable, locale et à des prix convenables », ajoute la coordinatrice du collectif. 
Cette action permet de limiter le gaspillage alimentaire en récupérant les surproductions souvent jetées ou déclassées. Les légumes transformés se retrouvent en bocaux sous forme de coulis de tomate, de ratatouille ou autre caviar d’aubergine. Car même si la future conserverie n’est pas encore sortie de terre, l'activité a déjà démarré. Un des  sociétaires, la boucherie Maison Patou, a mis son laboratoire à disposition. « Cela nous permet déjà de travailler, de réaliser du chiffres d’affaires et de démontrer que l’on peut avoir un modèle économique viable et créateur d’emplois. »
Outre la mise en bocaux, l’activité principale de la coopérative est la légumerie. Le légume brut est nettoyé, épluché, découpé, conditionné puis livré sur site prêt à cuisiner. Le fruit de leur travail se retrouve alors dans les assiettes des écoliers (comme à Mézos ou Bias par exemple), des collégiens (comme à Jean Rostand à Tartas) ou encore des personnes âgées de Mimizan (par le biais de la cuisine centrale de la ville).
 

Une cercle vertueux créateur d’emplois

Sur l’intégralité de la chaîne, Lucie Ouvrard est sur tous les fronts. A la recherche de financements, en livraison ou à la découpe, la cheffe d’orchestre est aussi la cheville ouvrière de la structure. Mais pour les aspects stratégiques, les décisions sont collégiales et la direction prise par le comité de pilotage. Et pour certains volets, la SCIC se fait  épauler par d’autres intervenants. Notamment sur le plan de la pédagogie dans les cantines scolaires. « On s’appuie sur le collectif Les Pieds dans les Plats dont le rôle est d'accompagner les gestionnaires de ces restaurants vers la transition alimentaire. » 
Déjà active, la Coopérative du Born va donc structurer son action au travers de la construction de son propre bâtiment. Sur un terrain situé dans la Zone Artisanale de la Gravière à Saint-Julien-en-Born, le permis de construire vient d’être accepté et les travaux débutent dans les prochaines semaines. A l’issue du chantier, une unité semi-industrielle verra le jour, dans un bâtiment de 400m² dont 350m² sont dédiés à la production. Une opération financée par le Département des Landes pour la partie construction, et par la  Région Nouvelle-Aquitaine pour l'équipement en machines, afin de constituer l’outil de travail. 
La conserverie légumerie flambant neuve devrait être opérationnelle pour septembre 2023. Pour son fonctionnement, six salariés sont prévus dès le début car « malgré la présence de machines, beaucoup d’étapes nécessitent l’intervention humaine », précise Lucie Ouvrard. 
Ainsi, ces emplois durables sont créés sur un territoire où beaucoup d’activités sont saisonnières. L’objectif de cette équipe sera de traiter 250 tonnes de légumes brut par an. 
Mais au-delà des chiffres, l’idée est avant tout de démontrer « qu’un tel projet peut être viable et pérenne ».  Et de continuer à nourrir les 55 000 habitants du territoire avec du local, sain et durable.