Sur l'île d'Oléron, situé à Dolus et Saint-Pierre-d'Oléron, le Marais aux oiseaux abrite un centre de sauvegarde de la faune sauvage depuis 1982. Près de 2550 oiseaux, écureuils et hérissons y ont été recueillis et bichonnés l'an dernier.
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« Le Marais aux oiseaux est l'une des portes d'entrée du bois d'Anga, Michelot et des Chênes, une niche écologique de près de 700 hectares », détaille Sophie Cariou, la directrice de ce sanctuaire à cheval sur les communes de Dolus et de Saint-Pierre, sur l'île d'Oléron. Propriété du Département de la Charente-Maritime depuis 2007, le Marais aux oiseaux attire chaque année près de 40 000 visiteurs et permet d'observer 130 espèces de vertébrés recensés sur le site et aux alentours tout au long d'un sentier aménagé de 1,5 kilomètre. Hérons, spatules blanches, cigognes ou faucons : plus d'une soixantaine d'espèces d'oiseaux migrateurs, de rapaces et de passereaux s'y croisent, y nichent et s'y reposent tout au long de l'année depuis la fondation de cette « arche de Noé » en 1983 – le site boisé de 10 hectares bordé par d'anciens marais salants était autrefois géré par une association.
© Jérôme Chevereau
ENS : Espace naturel sensible
Classé « espace naturel sensible », le Marais aux oiseaux abrite aussi un centre de sauvegarde fondé en 1982. Cette structure est dédiée aux oiseaux blessés ou malnutris ainsi qu'aux petits mammifères comme les écureuils et hérissons. « En 2023, nous avons recueilli près de 2550 animaux de 118 espèces différentes, dont plus de 440 hérissons, un record », assure Catherine Lemarchand, sa responsable qui « soigne et relâche » ses hôtes dans leur milieu naturel. « Jusqu'au printemps, nous avons beaucoup d'oiseaux maigres ou blessés. Puis, avec l'été, des jeunes non-volants ou en émancipation de leurs parents », détaille la soigneuse qui constate de plus en plus d'accidents liés aux piscines : « Un piège pour les oiseaux qui n'ont pas de contact habituel avec l'eau ». Parmi les principales causes figurent aussi les accidents de la route et... les baies vitrées fatales aux oiseaux.
Le centre de sauvegarde du Marais aux oiseaux s'appuie sur sept points-relais – dont quatre cliniques vétérinaires – répartis en Charente-Maritime pour récupérer les animaux en souffrance. « L'été, je peux parcourir jusqu'à 400 kilomètres par jour, aller jusqu'à Jonzac, Montendre ou Matha. J'organise ma tournée la veille en fonction des demandes », avance Catherine Pascaud qui officie en tant que transporteur animalier et épaule Catherine Lemarchand au centre de sauvegarde.
© Marais aux oiseaux
Requinqués à coup d’asticots
La moitié des animaux recueillis est finalement sauvée. « Une bonne moyenne », estime la soigneuse qui se démène pour bichonner ses pensionnaires tout en limitant les contacts au maximum. « Une fois imprégnés, ils cherchent le contact avec les humains, ça devient compliqué pour eux comme pour nous », résume Catherine Lemarchand. Au mois de juillet, deux petits-ducs – des juvéniles – lui ont été confiés. Requinqués à coup d'asticots, ces rapaces nocturnes et migrateurs ont pu rejoindre leurs congénères après quelques semaines de repos. « Je les relâcherai là où niche habituellement cette espèce. Ils ne seront pas rejetés car ils volent et pourront encore être éduqués par leurs parents avant d'entamer leur première migration », soulignait alors Catherine Lemarchand qui ne compte pas son temps ni les soins vétérinaires pour préserver ces animaux. « La seule question qui importe, c'est de savoir si l'animal pourra être sauvé », sourit la responsable du centre.
© Christian Bavoux
En faveur de la biodiversité
Le centre de sauvegarde du Marais aux oiseaux bénéficie d'une aide annuelle de 23 000 euros versée par la Région Nouvelle-Aquitaine. Ce coup de pouce également accordé aux centres de sauvegarde de Tonneins (Lot-et-Garonne), d'Audenge (Gironde) et de Torsac (Charente) vise à pérenniser les emplois autant qu'à conforter leurs actions en faveur de la biodiversité. « Nous fonctionnons comme un hôpital. L'argent généré par le site ouvert au public permet de financer les soins du centre de sauvegarde », abonde Sophie Cariou qui dirige six salariés épaulés l'été par des renforts saisonniers.
Multiplier les repas
Pour nourrir ses hôtes, le centre de sauvegarde doit multiplier les repas servis à demeure. « Poissons, viandes, insectes, céréales ou croquettes : nous sommes obligés de varier l'alimentation », confirme Catherine Lemarchand. Parmi les espèces les plus soignées au centre figurent le petit-duc, la tourterelle turque ou encore la huppe fasciée qui migre en hiver jusqu'en Afrique tropicale. À la suite des fortes tempêtes qui ont ravagé l'Atlantique l'hiver dernier, un fulmar boréal a même été pris en charge par la soigneuse, un événement rare. Le Marais aux oiseaux a, lui, comptabilisé trois nids de spatules blanches au printemps. « Le premier nid a été construit sur le site en 2021 », se réjouit Sophie Cariou depuis la tour d'observation permettant d'embrasser les lieux. « L'île d'Oléron compte sept héronnières où vivent différentes colonies d'oiseaux. La nôtre n'est pas la plus grande, mais elle concentre le plus grand nombre d'espèces différentes », assure-t-elle.
En cas de découverte d'un animal blessé ou en détresse, le centre de sauvegarde du Marais aux oiseaux peut être contacté directement au 05 46 75 37 54.
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