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Bergerac - J Peyrou -
Temps de lecture 11 minutes
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Présentation du Grand Bergeracois

Le territoire du Grand Bergeracois est un territoire rural, autour du pôle urbain de Bergerac qui concentre 32% de la population.
C’est un territoire vieillissant, en dépit d’un solde migratoire positif, avec une économie principalement tournée autour de l’agriculture et du présentiel. Le potentiel touristique reste à valoriser, ainsi que les flux territoriaux qui contribuent à la richesse du territoire.
Il bénéficie d’une dynamique d’emploi relativement faible, mais bénéficie d’un impact modéré de la crise, en raison d’effets structurels et d’effets locaux positifs.

Publié le vendredi 20 mars 2020
  • #Politique contractuelle

Un territoire de projet

Anciennement organisé en Pays, le Grand Bergeracois est dorénavant structuré en service mutualisé depuis le 1er juillet 2018. Ce dernier, dénommé « Délégation Générale du Grand Bergeracois » est issu d’une convention d’organisation mutualisée signée entre les quatre intercommunalités.

Un territoire qui s’organise autour du pôle de Bergerac et de deux pôles secondaires et qui demeure relativement bien desservi

Le Grand Bergeracois est organisé autour de trois pôles structurants : celui de Bergerac (21 860 emplois), et les pôles secondaires de Lalinde (1 820 emplois) et Eymet (près de 1 000 emplois) qui concentrent 61 % de la population du territoire et 72 % des emplois. Il est desservi par un réseau routier dense (N21 et 5 départementales) et deux lignes TER qui le relient à Périgueux, Sarlat, Libourne et Bordeaux. Pour les liaisons à plus longue distance, s’il est à l’écart des grands axes ferroviaires, il est bordé au nord par l’A88 Bordeaux-Lyon et bénéficie d’un aéroport offrant des liaisons vers la Grande-Bretagne, la Belgique et les Pays-Bas.

Une dépendance accrue et problématique aux mécanismes de socialisation

Le Grand Bergeracois dispose d’un modèle de développement de type « public-social-retraite », mis en évidence par une surreprésentation des revenus publics, des transferts sociaux et des pensions de retraite dans son processus de captation de revenus en provenance de l’extérieur. Il traduit une dépendance du territoire de plus en plus aiguë aux mécanismes de socialisation (au sens large) et un profond déséquilibre fonctionnel, qui inscrivent le territoire dans une trajectoire défavorable. Trois tendances sont en effet à l’œuvre :

  1. un mouvement continu et de long terme d’affaiblissement des forces productives concurrentielles,
  2. lui-même générateur de difficultés sociales et de la montée en puissance des transferts sociaux.
  3. S’y ajoute une accélération du vieillissement de la population qui renforce le poids des pensions de retraite.

En creux, ce modèle interpelle sur le déficit de captation de revenus privés, via la sphère productive exportatrice, via les dépenses limitées des touristes qui visitent le territoire, révélant un déficit d’attractivité touristique, et via la masse salariale « importée » par les actifs du territoire qui travaillent en dehors de son périmètre.

Ce modèle de développement est non seulement déséquilibré mais induit globalement une captation de richesse par habitant sensiblement inférieure à la moyenne des territoires de même catégorie. Ce déficit semble cependant compensé par une propension à consommer localement plutôt bonne qui montre que les centralités du territoire, et particulièrement la communauté d’agglomération Bergeracoise, assument une réelle fonction de pôle de consommation. Cette configuration stimule l’économie présentielle, au service de la population résidente et des touristes, suffisamment pour que la densité d’emplois présentiels atteigne le niveau que l’on observe dans les territoires de la région de même catégorie.

Une économie marquée par de profondes mutations

Le tissu économique a subi de profondes mutations au cours des 40 dernières années. Doté d’une forte orientation productive concurrentielle dans le courant des années 70, ce dernier affiche désormais un profil présentiel, même si sa spécialisation reste forte dans diverses activités productives : l’agriculture (notamment la viticulture), l’industrie chimique, la fabrication de produits caoutchouc-plastique, l’industrie du bois-papier-imprimerie et les industries agroalimentaires, aux côtés des activités présentielles de santé et d’hébergement médico-social-action sociale. Ce changement prononcé d’orientation économique est le produit d’un double mouvement :

  1. l’effondrement des activités productives concurrentielles d’un côté, accentué ici par des restructurations industrielles (la dernière en date étant celle de la SNPE),
  2. et la progression rapide mais inférieure aux tendances régionale et nationale de la sphère présentielle de l’autre. Le dynamisme de l’économie présentielle a ainsi permis de compenser les très lourdes pertes enregistrées dans la sphère productive exportatrice, sans pour autant engendrer une réelle vitalité économique.

Sur la période récente, la « Grande récession » entamée en 2008 a été brutalement ressentie localement. Le tissu économique a été très lourdement impacté par le premier choc récessif de 2008-2009 impulsé par la crise financière internationale et plus modérément lors du second cycle récessif engendré par la crise des dettes souveraines entre 2011 et 2014. Il n’a pas réussi à véritablement redresser la barre entre 2008 et 2017 malgré une bonne capacité de rebond durant les deux cycles de reprise qui se sont succédés entre 2009-2011 et 2014-2017. Entre 2008 et 2017, le Grand Bergeracois a perdu 450 emplois salariés. Les motifs de ces piètres performances de court terme ne sont pas à rechercher du côté de son orientation économique mais s’expliquent plutôt par un effet local négatif. Ce dernier a été impacté par les restructurations industrielles, les effets de la carte militaire(fermeture de l’ESCAT) et marque les difficultés du territoire à mobiliser ses capacités propres, ses ressources spécifiques, pour provoquer un rebond de sa dynamique économique.

L’état des performances économiques du territoire tant sur le long terme que sur le court terme sont bien la preuve d’une véritable érosion de ses forces productives concurrentielles, et plus largement d’une certaine atonie économique générale. Ce que corroborent l’état et la dynamique du tissu d’entreprises. Ce dernier se caractérise non seulement par sa forte fragmentation, mais aussi par une faible capacité de renouvellement, illustrée par la faiblesse du taux de création d’établissements et l’ancienneté du tissu d’entreprises.

D’importantes fragilités sociales

Le fonctionnement socio-économique général du territoire, synthétisé par son modèle de développement, et sa dynamique économique sont aujourd’hui vecteurs d’un niveau de cohésion sociale largement défavorable. Tant le niveau de précarité des conditions d’emploi (temps partiel et contrats courts sont répandus), que l’intensité du chômage demeurent élevés. De surcroît, la distribution du revenu des ménages apparaît elle aussi nettement défavorable. Toutes les catégories de ménage, des plus pauvres aux plus aisées, affichent un niveau de revenu bas, inférieur aux moyennes de comparaison, dessinant une structure sociale plutôt homogène c’est-à-dire peu inégalitaire. Enfin, les ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté sont nombreux (17,2 % des ménages en 2015) et de surcroît, sont plus pauvres que dans les territoires de même catégorie et qu’en région.

La faiblesse généralisée des revenus des ménages comprime leur capacité de consommer et limite le développement de l’économie présentielle. Un autre facteur frein de développement économique réside dans le niveau de qualification de la population. La population ne disposant pas d’un diplôme qualifiant reste importante (35 % de la population de 15 ans ou plus non scolarisée est dans ce cas), y compris chez les jeunes qui sont par ailleurs moins souvent titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme de l’enseignement supérieur que dans les territoires de même catégorie et qu’en région.E

Une attractivité résidentielle modérée, un vieillissement accentué de la population

La dynamique démographique du territoire semble plus que mitigée. Bien qu’en augmentation constante depuis la fin des années 70, la population croît à un rythme relativement faible, pénalisée par un solde naturel largement négatif (qui fait écho au vieillissement prononcé de la population) et une attractivité résidentielle plus modérée que dans les territoires de comparaison. La dynamisation de l’attractivité du Grand Bergeracois est vitale car le vieillissement de la population pourrait compromettre le renouvellement de la main d’œuvre dans les années à venir.

L’état du parc de logement ne facilite pas l’attractivité du territoire. Son ancienneté et le niveau élevé de la vacance révèlent probablement une qualité déclinante du parc, inadaptée à la demande contemporaine. Mis en lien avec le niveau de revenu des ménages, l’ancienneté du parc laisse aussi entrevoir des risques de précarité énergétique. Autre facteur influant sur l’attractivité, le niveau d’équipements apparaît quantitativement plutôt satisfaisant pour la plupart des équipements les plus courants. Il apparaît cependant défaillant pour les équipements et services de santé, notamment de proximité (médecins généralistes, masseurs-kinésithérapeutes) alors que l’activité de santé spécialise le tissu économique et qu’une filière silver économie1 est en émergence.

La situation de vulnérabilité du territoire

La nouvelle politique contractuelle de la Région apporte un soutien différencié en fonction du degré de vulnérabilité du territoire. Quatre domaines de vulnérabilité ont été définis au regard des compétences principales et ambitions régionales pour caractériser la situation relative des territoires :

  • le revenu des ménages,
  • l’emploi et le marché du travail,
  • le niveau de formation de la population,
  • la démographie et l’accessibilité aux services de la vie courante.

Trois niveaux de vulnérabilité ont été retenus : moins vulnérable, intermédiaire, plus vulnérable. Un indicateur synthétique calculé en fonction du nombre de domaines pour lesquels l’EPCI (établissement public de coopération intercommunale) présente une vulnérabilité a classé les intercommunalités du périmètre de contractualisation de la façon suivante :

  • Communauté d’agglomération Bergeracoise, communautés de communes des Bastides Dordogne-Périgord : situation les plus vulnérables ;
  • Communautés de communes Montaigne Montravel et Gurson, de Portes Sud Périgord : situation de vulnérabilité intermédiaire.

Une spécificité : le dispositif « Mutations économiques »

Le territoire du Grand Bergeracois bénéficie du dispositif Mutations économiques.

Sur ce territoire, confronté à la perte d’emplois industriels directs, la Région a décidé de mettre au service du développement économique du Grand Bergeracois, des compétences spécifiques. Un ingénieur, recruté par la Région, exerce ses missions sur les 4 EPCI concernés.

Un plan d’actions cohérent et coordonné est mis en œuvre dans les domaines du développement économique, de l’emploi et de la formation.

Le dispositif « Mutations économiques » s’inscrit dans le volet économique du contrat du territoire du Grand Bergeracois.