A Rochefort, ce nouveau « lieu-ressources » entend lutter contre les stéréotypes et discriminations. C'est la première fois qu'une collectivité publique porte directement un projet de maison de l'égalité femmes-hommes.
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© ©Region NA_Francoise Roch
« Les premiers retours sont extrêmement positifs, il y avait une réelle attente et beaucoup de curiosité », assure Chloé Delacroix, coordinatrice de la mission égalité femmes-hommes. Le 1er juin dernier, Rochefort (Charente-Maritime) et son centre communal d’action sociale (CCAS) inauguraient la Maison de l’égalité femmes-hommes en présence de sa marraine, l'actrice et réalisatrice Julie Gayet investie depuis de nombreuses années dans un combat en faveur des droits des femmes. Situé rue Chanzy et ouvert à toutes et tous, ce lieu « neutre et bienveillant » entend promouvoir l'égalité entre les sexes et lutter contre les discriminations et stéréotypes. Depuis, cette initiative a suscité un véritable intérêt auprès des particuliers, des associations comme des structures publiques et privées, souligne Chloé Delacroix qui les accueille et les conseille chaque semaine.
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Un besoin d'avancer ensemble
Cette Maison de l'égalité, pensée pour s'adresser aux jeunes, aux femmes et aux hommes, est la première du genre à ouvrir en Nouvelle-Aquitaine. « Elle est aussi la seule portée directement par une collectivité », précise Isabelle Gireaud, la maire-adjointe notamment chargée de l’action sociale et vice-présidente du CCAS. Cette élue a planché durant près de 3 ans sur ce projet évalué à près de 100 000 euros. « Nous étions partis sur la création d'une maison des femmes. Mais nous avons besoin d'avancer ensemble, et non pas séparément. C'est pourquoi nous avons créé cette Maison de l'égalité femmes-hommes. Il en existe très peu en France », explique-t-elle avec enthousiasme.
Dans ce local communal restauré par la municipalité, des agents volontaires du CCAS tiennent désormais des permanences régulières les mardis, mercredis et jeudis après-midi. Des jeunes en service civique pourraient aussi être recrutés pour densifier l'activité. Ce « lieu-ressources » de 80 m2 offre notamment des espaces d'échanges et peut accueillir des expositions ou des conférences. La Maison de l’égalité femmes-hommes propose d'ores et déjà un atelier de lecture animé par une professeure de théâtre et un atelier d'écriture dirigé par un écrivain public. L'idée ? Libérer la parole des participants tout en leur donnant la possibilité de s'exprimer autrement, avance Isabelle Gireaud.
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Une égalithèque
Une salle plus confidentielle est, elle, réservée aux associations ou à des groupes de parole pour y tenir des points d’accueil. À l'étage a aussi été créée une « égalithèque » rassemblant des ouvrages, jeux et documentaires utiles à la promotion de l'égalité femmes-hommes. « Beaucoup de personnes attendaient ce type de documentation. Nous en avons déjà rassemblé près de 300 avec l'aide d'une librairie partenaire. Cette collection s'adresse autant aux adultes qu'aux adolescents. Elle comporte des ouvrages scientifiques, des essais et romans comme ceux de Simone de Beauvoir ou encore des livres sur la parentalité », énumère Chloé Delacroix. La Région Nouvelle-Aquitaine a notamment contribué à hauteur de 11 500 euros à l'achat de ces ressources pédagogiques. Celles-ci se destinent aussi aux entreprises et établissements scolaires, abonde la maire-adjointe Isabelle Gireaud qui souhaiteraient ancrer durablement cette dynamique sur le territoire autant que dans les esprits. « L'objectif consiste aussi à nous tourner vers l'extérieur avec un travail hors les murs. Nous aimerions nous déplacer sur l'ensemble de l'Agglomération de Rochefort et dans les quartiers prioritaires de la ville », explique l'élue qui travaille également en lien avec Pôle emploi dans le cadre d'un accompagnement dédiée aux femmes éloignées de l'emploi et victimes de violences.
Orienter les victimes
Point d'écoute et de conseils, la maison de l'égalité femmes-hommes n'entend pas pour autant se substituer aux dispositifs existants, qu'ils soient associatifs ou judiciaires. « Les victimes de violences intrafamiliales et conjugales seront orientées vers les services les plus appropriés », rappelle Isabelle Gireaud. Pour l'heure, la structure rochefortaise draine essentiellement un public féminin. Mais Chloé Delacroix y voit justement un challenge aussi intéressant que primordial à relever : « Tout l'enjeu sera de construire des actions en direction des hommes, et avec eux ! »