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abeille sauvage sur une fleur violette
Temps de lecture 6 minutes
actualité

Protéger les abeilles sauvages : le projet Wild Bees

Les abeilles sauvages, bien que discrètes, jouent un rôle essentiel dans la pollinisation de nos écosystèmes. Malheureusement, elles sont confrontées à de multiples menaces. Le projet Wild Bees s'est donné une mission claire : protéger ces pollinisateurs indispensables et améliorer les connaissances du public sur ces insectes.

Publié le mardi 11 février 2025
  • #Biodiversité

On ne compte pas moins de 1 000 espèces d'abeilles sauvages en France héxagonale. Pourtant, ces insectes pollinisateurs ont été peu étudiés jusqu’à maintenant, malgré leur rôle essentiel sur notre écosystème. C’est pourquoi l’initiative Wild Bees (Abeilles Sauvages) a vu le jour. S’appuyant sur le Plan national "Pollinisateurs" (2021-2026) piloté par l’Office pour les Insectes et leur Environnement (Opie), et sur le Plan régional pollinisateurs, les cinq Parcs naturels régionaux (PNR) de Nouvelle-Aquitaine ont conçu un plan d’actions. Objectifs : étudier les différentes espèces d'abeilles sauvages, recréer leurs habitats et sensibiliser le public à leur importance. Ce projet, soutenu par le projet Life de la Commission européenne et par la région Nouvelle-Aquitaine, est piloté par le PNR Périgord Limousin et se décline en plusieurs missions.

Préparation d'une haie pour les abeilles sauvages

Des actions concrètes

« Des inventaires de terrain sont réalisés sur des sites sélectionnés pour leur potentiel écologique, avec des coupelles utilisées pour capturer les individus. », explique Anne-Charlotte Monteiro, coordinatrice du projet Life Wild Bees. Ces spécimens sont ensuite analysés par l'Office pour les Insectes et leur Environnement , puis les données chiffrées sont interprétées le laboratoire BIOGECO de l’INRAE (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Ce travail demande une expertise pointue, car certaines caractéristiques des abeilles sauvages sont extrêmement subtiles. Dune grise, lande humide, tourbière, ce suivi a lieu sur des habitats représentatifs des différents parcs régionaux, avant et après les travaux de réhabilitation des habitats pour étudier l’impact des actions sur les populations d’abeilles sauvages.

Le projet Wild Bees met également en œuvre des actions concrètes pour recréer et protéger les habitats naturels des abeilles sauvages grâce à  la réouverture ou le maintien de milieux fleuris. Cela passe notamment par l’aménagement de prairies fleuries permanentes, offrant une ressource alimentaire diversifiée ; la plantation de haies composées d’essences locales adaptées aux besoins des pollinisateurs ; la reconversion de terres arables ; la création de bandes enherbées, … Les agriculteurs, collectivités et citoyens sont accompagnés pour adopter des pratiques durables, comme la tonte différenciée ou la fauche tardive. Des formations spécialisées leur sont proposées, afin d'expliquer les besoins des abeilles sauvages et de mettre en œuvre des actions adaptées. Ces sessions incluent des ateliers pratiques pour recréer des habitats favorables. « Nous avons mis en place le projet de « Jardin bourdonnant ». Par exemple, nous allons accompagner une commune pour aménager avec elle un espace à fort potentiel pour les abeilles. Ces lieux font ensuite l’objet d’espace de sensibilisation pour les habitants. Ils sont souvent propices aux échanges. C’est très enrichissant. », souligne Anne-Charlotte Monteiro. Des corridors écologiques sont également développés pour relier les habitats fragmentés, permettant une meilleure circulation des abeilles et un brassage génétique. 
Wild Bees met aussi l’accent sur la sensibilisation et l’éducation avec des événements publics, comme les « Rendez-vous de la biodiversité » organisé avec l’Agence Régionale de la Biodiversité de la Nouvelle-Aquitaine. Des formations et animations dans les écoles permettent de sensibiliser les jeunes.

Ateliers de prévention
Présentation d'une illustration d'une abeille sauvage

L’urgence d’agir

Les abeilles sauvages jouent un rôle fondamental dans le maintien de la biodiversité. En assurant la pollinisation de près de 90 % des plantes sauvages et de 70  % des cultures agricoles, elles participent directement à la reproduction des végétaux et au renouvellement des écosystèmes. Leur travail améliore non seulement la quantité mais aussi la qualité des récoltes, comme en témoigne l’augmentation du rendement de fruits tels que les pommes ou les tomates lorsqu’ils sont pollinisés par des abeilles sauvages. En favorisant le brassage génétique des plantes, elles contribuent également à leur résilience face aux changements climatiques et aux maladies. Les abeilles sauvages sont donc indispensables à la diversité alimentaire et à l’équilibre écologique, rendant leur préservation cruciale.
Selon les études, Anne-Charlotte Monteiro constate que la situation des abeilles sauvages est critique. Près de 40 % des espèces de pollinisateurs invertébrés, comme les abeilles et les papillons, sont en voie de disparition. En Allemagne, par exemple, 76 % de la biomasse des insectes volants a disparu en moins de 30 ans. En France, bien que les chiffres manquent, le déclin est également palpable. 
 

Préparation d'une haie pour les abeilles sauvages
Un programme soutenu par des acteurs engagés

Le projet LIFE Wild Bees bénéficie d’un budget total de 6 494 031 d'euros sur une période de cinq ans (2021-2026). Ce financement est assuré à 60 % par des fonds européens. La Région Nouvelle-Aquitaine est le deuxième financeur du projet et apporte une contribution significative de 2 597 613 euros. 

Comment agir au quotidien ?
  • Privilégier les plantes locales dans son jardin, car les abeilles sauvages consomment localement et développent des adaptations spécifiques aux végétaux indigènes. 
  • Réduire l’usage de pesticides et favoriser des pratiques respectueuses de l’environnement, comme laisser des zones de pelouse non tondues ou aménager des prairies fleuries.
  • Aménager des espaces naturels propices, en empilant des tas de feuilles, de branches ou de tiges pour offrir des refuges adaptés aux abeilles solitaires.

En choisissant des plantations variées et adaptées aux différentes saisons, comme le lierre ou les ronces, qui fournissent du nectar jusqu’à l’automne, chacun peut contribuer à maintenir une ressource alimentaire continue pour les abeilles. Ces initiatives individuelles, cumulées aux efforts collectifs, sont essentielles pour renforcer la résilience des écosystèmes.


Le projet Wild Bees montre qu’une mobilisation collective, qu’elle soit scientifique, institutionnelle ou citoyenne, est essentielle pour protéger ces pollinisateurs indispensables à notre environnement.