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Vue du chateau médiéval restauré avec vignes au premier plan
Temps de lecture 6 minutes
actualité

Le château de Bouteville, site majeur du cognaçais

territoire

Ouest Charente

Place-forte charentaise méconnue, le château de Bouteville achève sa métamorphose. Sauvé de l'oubli, l'édifice classé entend devenir l'un des sites majeurs du cognaçais.

Publié le jeudi 7 décembre 2023
  • #Équipements culturels
  • #Tourisme

Le roi François 1er en posséda la propriété. Le célèbre Jean sans Terre, roi d'Angleterre, y séjourna plusieurs fois. Après la Révolution, en 1793 et 1794, les lieux servirent même de prison à plus de 300 prisonniers de guerre essentiellement espagnols. Détruit, reconstruit, aménagé, démantelé : le château de Bouteville a marqué l'histoire de la Charente et constitué durant plusieurs siècles l'une des plus puissantes châtellenies de la région.

plan large du chateau

Une pépite à faire vivre

Classé au titre des Monuments historiques depuis 1984 sous l'impulsion du président et Jarnacais François Mitterrand, cet édifice a pourtant laissé place des décennies durant à des ruines. Ces dernières années, le château de Bouteville a heureusement connu d'importants travaux de sauvegarde et de rénovation sous l'impulsion de l'Agglomération Grand Cognac avec le soutien de financeurs publics. Objectif ? Préserver ce patrimoine historique tout en l'ancrant dans la modernité, explique Jérôme Sourisseau, le président de Grand Cognac : « Le château de Bouteville est une vraie pépite. Nous souhaitions absolument le faire vivre, le rendre apte à tous les usages, et pas seulement sous la forme d'un musée patrimonial. Seul ce fil conducteur pouvait justifier les investissements réalisés et a permis de séduire les élus et les partenaires de ce projet ».

Les financeurs du projet
Le projet a été soutenu par l’Union européenne dans le cadre du programme Leader, le Département de la Charente, l’État, la Mission Bern, la Fondation du patrimoine et la Région Nouvelle-Aquitaine.
détail de sculptures de figures sur pierre

Chantiers et aménagements

Appelé à devenir « l'un des sites majeurs de l'agglomération », le château de Bouteville accueillera bientôt des événements culturels, sportifs et touristiques tout en s'ouvrant aux prestations privées, mariages ou séminaires. Pour en arriver là, les collectivités publiques et leurs partenaires ont injecté plus de 5,5 millions d'euros pour mener à bien d'innombrables chantiers. Plusieurs ailes du château – l'édifice en compte quatre – ont d'abord été consolidées avant que les couvertures traditionnelles et dallages en terre cuite ou en pierre ne soient réhabilités çà et là. L'aile sud a, elle, retrouvé son petit logis, des documents d'époque ayant permis de le reconstituer à l'identique. Une grande salle de réception a aussi été aménagée dans l'aile est. En 2024, l'une des cheminées monumentales du château de Bouteville y retrouvera son emplacement originelle. Ou plutôt sa copie conforme, la véritable cheminée ayant été démontée à la fin du 19e siècle et déménagée non loin de là au château de Bourg-Charente. Au printemps 2023, le groupe de spiritueux Campari – propriétaire des liqueurs Grand Marnier et de ce second château – a accepté de financer la reproduction fidèle de cette œuvre incroyable, haute de trois mètres et agrémentée d'une cariatide, d'un atlante et d'une multitude d'angelots. Installée à la Renaissance, cette cheminée d'inspiration italienne a longtemps été le joyau du château de Bouteville. « Des cheminées comme celle-là, il y en avait cinq. Mais toutes les autres ont disparu », abonde Jean-Paul Gaillard, l'un des fins connaisseurs du monument boutevillois.

Une tour du chateau avec des échafaudages

Un édifice « trop bien construit »

Voilà des décennies que ce Charentais arpente le château et décortique les archives. La première mention de cette place-forte apparaît ainsi au détour d'un texte datant de 866. « Il relate un combat entre le comte d'Angoulême et celui de Saintes pour la possession du château. Le premier a gagné », détaille Jean-Paul Gaillard. Selon lui, le château de Bouteville et bien d'autres dans le secteur auraient été construits pour répondre aux incursions normandes au 9e siècle. L'histoire, dès lors, ne cessera de bousculer cette forteresse autrefois dotée de ponts levis, d'échauguettes et de meurtrières. Possédé tour à tour par les Anglais et les Français durant la guerre de Cent Ans, le château sera détruit au 15e siècle. Au siècle suivant, cette place-forte sera de nouveau mise à terre pour avoir servi de refuge aux protestants lors des guerres de religion. « Nous possédons encore un arrêt du roi de France ordonnant sa démolition ainsi que les arrêts fixant la mise aux enchères des travaux de démolition et de la vente des pierres », explique Jean-Paul Gaillard. Rebâti au 16e siècle en empruntant au style renaissance, le château de Bouteville sera finalement vendu à un marchand de pierres à la Révolution. Impossible à démanteler car « trop bien construit », l'édifice sera plusieurs fois revendu et finalement racheté par la commune de Bouteville en 1994 pour un franc symbolique.

Panneau de chantier

Encore 10 ans de travaux

Des fouilles archéologiques préventives réalisées par l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) dans le cadre de projet de restauration ont, elles, révélé d'importants vestiges médiévaux. « Les traces d'un donjon ont été découvertes à un emplacement inconnu jusque-là tout comme de l'habitat, des silos à grain et des vestiges défensifs qui pourraient faire de ce château l'une des places-fortes les plus importantes de la région », décrypte Mathieu Erard, chargé de projet à Grand Cognac. Ces découvertes majeures conduiront dans les années à venir à de nouvelles fouilles qui permettront aux archéologues d'affiner leurs connaissances. La nouvelle livrée du château de Bouteville sera, elle, inaugurée au printemps 2024, explique le président de Grand Cognac qui lancera la commercialisation de cet espace événementiel d'ici la fin de l'année. « Cette première étape en appellera d'autres. Nous en avons encore pour 10 ans de travaux au moins. Une tour et les remparts devront notamment être restaurés », précise Jérôme Sourisseau.