Première commune de Gironde à expérimenter le dispositif « territoire zéro chômeur longue durée », Castillon-la-Bataille se donne pour premier objectif de créer 206 CDI.
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Cité historique de l’est girondin, à la frontière avec la Dordogne, Castillon-la-Bataille est une jolie commune connue pour sa « Bataille de Castillon » qui célèbre la victoire française face aux Anglais en 1453. Mais aujourd’hui c’est aussi un lieu de « déprise économique » comme le dit sans ambages, Jacques Breillat son maire : « les indicateurs sociaux de la commune sont des indicateurs de fortes fragilités sociales. On est ici dans ce qu'on appelle la diagonale de pauvreté de la Gironde. Nous avons un taux de chômage assez élevé puisqu'il est de 27%, et 25% de bénéficiaires du RSA. »
S'engager dans la démarche territoire à zéro chômeurs
© Mairie de Castillon-la-Bataille
Et sur les 3200 habitants, il n’y a pas moins de 412 femmes et hommes considérés comme des chômeurs de longue durée. Face à ce constat, la ville a décidé de s’inscrire dans la démarche « Territoires zéro chômeurs de longue durée » dès sa mise en place par le ministère du travail en févier 2016. « C'est la ministre du travail qui décidait des territoires expérimentateurs. La première fois, nous sommes arrivés 12e sur 10. Nous étions tout proches du but sans être labellisés. Ce n'était pas une bonne place pour cette première loi d'expérimentation. »
Mais à Castillon-la-Bataille, on n’arrête pas la bataille aussi facilement. La ville a fait preuve d’une certaine forme de ténacité et a fédéré les partenaires. « Nous avions quand même un tissu partenarial et une gouvernance extrêmement solide. Depuis 2016, la gouvernance aurait pu se déliter mais elle s'est renforcée car nous avons vraiment fait un projet de territoire avec l'ensemble des partenaires. »
Aussitôt passé l’échec à la première sélection, la ville de Castillon, très attachée à cette démarche, a recruté une chef de projet « Territoire zéro chômeur de longue durée » avec l’aide du conseil régional et du conseil départemental de la Gironde. L’objectif était de continuer à avancer sur le projet, d’analyser les besoins territoriaux et d’entretenir la mobilisation des partenaires pour la fabrique du consensus.
206 personnes trouveront un CDI
Un travail qui a donc payé puisque Castillon-la-Bataille a été retenue dans le cadre de la deuxième labellisation pour devenir « territoire zéro chômeur de longue durée ». Sur les 412 chômeurs éligibles à l’expérimentation, il y a aujourd’hui 206 personnes qui se sont manifestées comme étant volontaires pour entrer dans la démarche.
C’est ainsi la toute première commune de Gironde à expérimenter le dispositif. Une fierté pour son maire qui explique : « C’est un principe d'exhaustivité. Cela doit concerner notre capacité à créer des emplois pour toute personne volontaire et souhaitant revenir vers l'emploi. Cela veut dire que l'exhaustivité pour nous ne sera remplie que lorsque l’on aura réussi à créer 206 CDI pour des personnes durablement privées d'emploi. »
Un défi qui pourra être relevé grâce à la création d’une entreprise à but d’emploi, dès la convention signée le 13 juillet prochain entre la ville, l’Etat, la Région, le Département et Pôle emploi. L’entreprise à but d’emploi est une structure associative où chaque emploi est financé par le fonds national d'expérimentation à hauteur de 22 000 euros. L’objectif est de créer de nouveaux emplois dans des activités nouvelles pour ne pas faire de concurrence à l’activité préexistante sur le territoire dans le secteur privé.
Conciergerie de ville conserverie ou ameublement
Dès la semaine de la signature de la convention du 13 juillet, l’entreprise à but d’emploi comptera 12 salariés anciennement privés durablement d'emploi, puis 22 salariés à la fin de l’année. Avant de monter à 65 emplois en 2023. L’objectif est que 144 personnes deviennent salariées de l’entreprise à but d’emploi (EBE) et 62 autres en dehors de l’EBE.
La ville qui a déjà créé un poste de conciergerie de ville pour réaliser des services type livraison ou petits dépannages a identifié des activités nouvelles qui prendront place dans l’entreprise à but d’emploi.
Jacques Breillat précise : « il y a notamment le souhait d'un certain nombre de personnes privées durablement d'emploi, de monter une conserverie qui pourrait fonctionner à partir des légumes ou des fruits qui sont dans les jardins privés que les gens ne ramassent pas. Ou encore des surplus des producteurs de la vallée de la Dordogne. Cela permettra de lutter contre le gaspillage et donc d’en faire une activité de conserverie. » Et d’ajouter : « on a aussi deux personnes qui sont toquées de cuisine et feront des cupcake, un produit que l’on ne trouve pas localement et se vend bien. Ou encore une activité d’ameublement en recyclant des palettes en bois et remettant en valeur des vieux meubles. »