Pour répondre aux enjeux identifiés, le territoire a établi une stratégie autour des quatre axes suivants.
Mobiliser le territoire dans les transitions écologiques, les solutions de mobilité et la performance énergétique
Le territoire du Périgord Noir est un territoire dont le paysage, la biodiversité, les espaces naturels sont relativement bien préservés. Toutefois, les pressions qui s’exercent sur les ressources naturelles, la qualité de ces dernières l’augmentation des surfaces artificialisées, les consommations énergétiques importantes (habitat, dépendance à la voiture individuelle dans les déplacements), la gestion de la prévention des risques, la gestion des déchets sont porteuses d’enjeux qui sont intégrés depuis plusieurs années dans les démarches des communautés de communes.
Préserver la biodiversité et le patrimoine environnemental
Préserver la biodiversité du territoire implique un engagement pour limiter la fragmentation des milieux naturels, agricoles et forestiers. La ressource forestière constitue un enjeu majeur dont les acteurs du territoire s’emparent progressivement. Par ailleurs, les problématiques d’artificialisation des sols sont particulièrement prégnantes sur notre territoire, notamment au regard des dynamiques démographiques (le taux de croissance annuel moyen des surfaces urbanisées des six EPCI est compris entre 0,64% et 1,01% entre 2009 et 2015).
Diversifier l’offre de mobilité pour favoriser l’accès à la mobilité et lutter contre les émissions de CO2
La mobilité est un sujet prégnant sur nos territoires ruraux dont les infrastructures de transports alternatifs à la voiture individuelle sont faibles voire nulles. Des expériences ont été initiées sur les communautés de communes (transport à la demande, mobilités douces, …) et par la Région (lignes d’autocar estivales). Une assistance à maîtrise d’ouvrage a été mobilisée par les communautés de communes en 2020 pour appréhender la prise de compétence communautaire mobilités. Dans le cadre du contrat Territoire d’industrie, le Pays s’est positionné pour mener une étude socio- économique des pratiques et des besoins de mobilité. Les objectifs poursuivis sont relatifs à la lutte contre les émissions de CO2 mais également à faciliter les déplacements des habitants et lever les freins inhérents.
Soutenir les investissements en faveur de la performance énergétique
En Périgord Noir, les deux secteurs générant les plus importants besoins énergétiques sont le résidentiel suivi par le transport, à l’exception du Terrassonnais dans lequel une industrie génère de fortes consommations. L’évolution annuelle moyenne de la consommation d’énergie finale (MWh/ habitant) entre 2015 et 2018 marque une progression uniquement dans le secteur des transports (+1,18%). Des économies de consommation d’énergie sont possibles par la rénovation énergétique des bâtiments. L’engagement des communautés de communes dans des OPAH doit permettre un premier levier d’action auquel s’ajoute le déploiement d’une plateforme de rénovation énergétique à l’échelle des six EPCI depuis le 1er janvier 2022 (maîtrise d’ouvrage de la CC Vallée de l’Homme pour le compte des six EPCI).
Diversifier le tissu économique local pour stimuler le développement des entreprises
La partie sud du Périgord Noir est caractérisée par une économie à dominante présentielle alors que la partie nord du territoire dispose d’une économie plus diversifiée, mais sans spécialisation remarquable.
Dans l’analyse menée début 2019 par le cabinet OP Conseil, a été mis en avant un modèle de développement de type « touristique » pour le territoire du Périgord Noir. Ce modèle de développement - très spécialisé et donc dépendant d’un secteur de l’économie - est le résultat de profondes mutations : affaiblissement continu depuis 40 ans des forces productives concurrentielles (industrie et agriculture) et montée en puissance du levier touristique dans le processus de captation de richesses. Cette spécialisation est porteuse de risque en cas de retournement de l’activité touristique (cf crise covid 19) mais aussi de difficultés sociales (emplois peu qualifiés et saisonniers).
La diversification de l’économie sur l’ensemble du territoire constitue un enjeu essentiel pour le dynamisme de notre territoire, son attractivité et l’amélioration de la situation sociale de ses habitants. L’économie productive, bien que non dominante, est bien présente sur le territoire, mais elle est peu identifiée et peu coordonnée à l’échelle du Périgord Noir, avec 760 établissements regroupant 3 800 emplois (étude Metropolis 2021). Cette atomisation du tissu économique est problématique, dans la mesure où elle contribue à une capacité modérée voire faible d’absorber les mutations et les chocs économiques.
Structurer l’écosystème économique local et promouvoir le territoire en tant que destination économique
Les secteurs qui pèsent le plus dans l’emploi du territoire sont le commerce, la construction, l’action sociale, l’administration publique et l’agriculture/ sylviculture / pêche (49% des effectifs du territoire en 2019). Les secteurs spécifiques du territoire sont le travail du bois/ industries du papier et imprimerie, l’agriculture/ sylviculture / pêche, la fabrication de denrées alimentaires, l’hébergement et la restauration et la construction (12% des effectifs en 2019).
Consolider les filières de production existantes et favoriser le potentiel de développement de nouvelles filières
Les filières existantes qui regroupent le plus grand nombre d’établissements (agro- alimentaire, bois, papeteries, fabrication de produits non métalliques) doivent bénéficier d’une meilleure structuration afin d’être consolidées et développer leurs capacités d’innovation (ambition d’élaborer un Projet Alimentaire Territorial). En parallèle, les entreprises « locomotives », reconnues pour leurs savoirs- faires sont susceptibles de soutenir le développement de filières émergentes ou encore peu représentées sur le territoire par des logiques de collaboration et de coopération économiques.
La taille des entreprises industrielles du territoire révèle de faibles effectifs, ce qui se traduit par une certaine fragmentation du tissu économique. Pour être efficace, le territoire doit gagner en structuration de son écosystème économique local, avec la mise en réseaux des entreprises, la coordination des acteurs, la recherche de l’innovation. Cette structuration devra intégrer les dimensions relatives à l’emploi, à savoir les besoins en compétences des entreprises et les formations des actifs. L’emploi en Périgord Noir concentre en effet de nombreux enjeux et l’analyse structurelle- résiduelle de l’emploi privé depuis 2009 montre un effet local largement négatif de l’évolution de l’emploi sur le territoire de contractualisation (- 7,44% sur la période 2009- 2019 contre +8,25% pour la Région Nouvelle Aquitaine).
Renforcer l’attractivité résidentielle en Périgord Noir et la cohésion du territoire
Le Périgord Noir affiche un modèle de développement «résidentiel» avec une forte spécialisation « tourisme ». Si ce modèle de développement induit globalement une bonne captation de richesses qui stimule l’économie présentielle (tournée vers la satisfaction des populations résidentes et des touristes), la propension de la population à consommer localement est plutôt médiocre. Ce constat suggère que les centralités du territoire assument difficilement leur fonction de pôle de consommation et ont du mal à rivaliser avec les polarités commerciales externes.
L’attractivité résidentielle du Périgord Noir - en baisse - interroge la capacité actuelle des bourgs à demeurer structurants dans l’aménagement du territoire et dans l’offre de service à la population. En zone rurale, le territoire est polarisé par des bourgs relais qui viennent compléter les zones d’attraction urbaines plus importantes.
La population du territoire, après une croissance continue entre 1968 et 2010, connaît une baisse depuis 2010 : l’attractivité résidentielle ne l’emporte plus sur le déficit naturel croissant (vieillissement accentué de la population).Le soutien au développement de l’offre de services sur le territoire constitue une approche nécessaire à l’ambition portée par le territoire de maintien et d’amélioration de la qualité de vie, en lien avec le sens de l’action territoriale en direction d’une cohésion sociale plus forte, plus solide et plus affirmée. Cette ambition nourrit directement le besoin de distinguer le territoire, avec pour objectif de maintenir les populations sur le territoire et de rendre le territoire attractif auprès des actifs des autres territoires (notamment au regard des mobilités résidentielles en faveur des territoires ruraux).
Renforcer les ressorts de l’économie résidentielle
En quelques années, l’économie résidentielle s’est imposée comme l’une des problématiques qui compte en matière de développement territorial. Basé sur le développement non productif des territoires, ce type d’économie représente aujourd’hui l’un des premiers moteurs du développement local (Talandier M., 2012, L’économie résidentielle à l’horizon 2040). Il s’agit donc ici de consolider l’offre et la demande services relatifs à l’économie résidentielle, c’est-à-dire l’éventail de services disponibles (commerces, activités tertiaires, loisirs, culture éducation équipements, ...) sur le territoire et l’orientation des revenus des ménages vers ces dépenses (consommation locale). L’accessibilité et l’attractivité constituent des corollaires à la qualification de l’offre de l’économie résidentielle. L’analyse des moteurs de développement du territoire de contractualisation montre que 40% des revenus captés sur le territoire sont des dépenses touristiques et 26,4% des pensions de retraite.
Développer les services aux résidents et soutenir la revitalisation des centres bourgs
Le renforcement et la qualification de l’économie résidentielle s’appuie sur l’attractivité des centres- villes et centres- bourgs. L’enjeu de revitalisation peut s’appuyer sur plusieurs pistes d’action : rénovation des logements de centres- bourgs, lutte contre la vacance commerciale, création d’animations commerciales et/ou de loisirs. Dans le cadre des contrats avec l’Etat « Petites Villes de Demain », cinq villes et trois communautés de communes du Périgord Noir sont engagées dans une démarche volontariste de revitalisation des centres- villes et centres- bourgs. Des points de convergence sont à rechercher entre ces dispositifs et les intentions stratégiques de maillage de proximité retenues par la Région.
Fédérer les démarches relatives au tourisme en faveur de la cohésion du territoire
La juxtaposition d’offres touristiques en été participe à une image saturée du territoire. Parmi les enjeux identifiés en 2019 par les acteurs du territoire, avaient été mises en avant la nécessité de développer une offre touristique, culturelle et de loisirs en dehors de la saison estivale, de travailler l’offre touristique au regard de la protection des ressources naturelles et de créer des leviers pour la professionnalisation des salariés du tourisme.
La stratégie du Pays du Périgord Noir marque la volonté de s’engager dans le soutien aux actions qui répondent aux critères de durabilité sociale et environnementale, mais aussi d’équilibre territorial et d’équilibre temporel dans la fréquentation touristique. Les enjeux de diversification de l’offre et de développement de structures bénéficiant également à la population locale sont également concernés par cet axe de travail.
Qualifier l’offre touristique sur l’ensemble du territoire et diversifier l'offre de loisirs hors saison
Le Pays du Périgord Noir présente un taux quatre fois plus important en ce qui concerne les places d’hébergement touristique par milliers d’habitants que la Région Nouvelle Aquitaine (198,7 contre 44,9).
L’objectif de cet axe de travail est d’accompagner le développement d’actions touristiques qui prennent en compte les impacts générés par la fréquentation touristique sur le territoire. En effet, l’objectif pour le territoire du Périgord Noir n’est pas tant d’augmenter la fréquentation touristique, mais de trouver un équilibre, entre une activité incontournable de notre territoire et la préservation d’un territoire et de ses habitants dans un espace vivant. La diversification des activités doit en effet profiter à la population locale et intégrer les questions d’emplois et de compétences. La qualification et la diversification constituent donc les orientations majeures de cet axe.
Politiques sectorielles
Le présent contrat constitue le cadre de mise en cohérence sur le territoire de projet, des politiques sectorielles de la Région. A ce titre, il tient compte des actions contractualisées dans le cadre des politiques sectorielles, ainsi que des actions conduites par la Région dans ses domaines de compétences comme l’éducation, la mobilité, la formation professionnelle, sur le territoire du Pays Périgord vert et qui ont un impact direct sur son développement.
Par ailleurs, parmi les projets présentés par le territoire dans le cadre du contrat de cohésion et de dynamisation, des financements européens pourraient être mobilisés via les Investissements Territoriaux Intégrés (ITI). En effet, les deux fonds européens structurels et d’investissements (FESI), que sont les Fonds européens de développement régional (Programme Opérationnel FEDER 2014-2020 Aquitaine) et le Fonds européen agricole pour le développement rural (Programme de Développement Rural d’Aquitaine 2014-2020) pourraient intervenir sur des opérations répondant à la stratégie présentée ci-dessus.
Le Pays Périgord Noir et le territoire voisin Corrézien de la Communauté d’agglomération du Bassin de Brive et de Tulle Agglomération sont lauréats du dispositif « Territoires d’industrie » sur un bassin interdépartemental nommé Bassin de Brive-Périgord.
Le Pays Périgord Noir bénéficie également d’un programme LEADER 2014-2020.