Situé à l'extrême nord du département de la Gironde, sur la rive droite de l’estuaire, entre la métropole bordelaise, le Grand-Libournais et la Charente-Maritime, le territoire de contractualisation de Haute Gironde se compose de 4 EPCI (les communautés de communes de Blaye, de l’Estuaire, du Grand Cubzaguais et Latitude Nord Gironde). Ce territoire, d'une superficie de 782,41 km², comprend 62 communes et compte 90 945 habitants.
- #Politique contractuelle
Des atouts productifs mais...une situation sociale défavorable
Les capacités productives exportatrices historiquement ancrées sur ce territoire de production viticole et énergétique sont un atout essentiel qui contribue à son dynamisme économique. La production et distribution d’énergie représente 9,8% de l’emploi salarié et l’agriculture concentre près de 10,7% des emplois du territoire en 2015 (contre 5,2 % en Nouvelle-Aquitaine). L’agriculture locale est cependant confrontée à une diminution de ses emplois deux fois plus marquée que dans la région entre 2010 et 2015 (-15,7%) et à un vieillissement avancé des agriculteurs exploitants qui interpelle sur la question de la transmission des exploitations. On observe malgré cela une bonne capacité de résilience des forces productives du territoire en comparaison des territoires comparables de Nouvelle Aquitaine.
Malgré ce dynamisme des forces productives, on observe que les transferts sociaux sont importants sur ce territoire du fait d’une situation sociale défavorable.La Haute Gironde est insuffisamment pourvoyeuse d’emplois et la situation sociale est préoccupante à divers titres. Le chômage est très élevé et affecte particulièrement les femmes.Le niveau de vie des ménages est sensiblement inférieur à celui qui est observé dans les territoires de comparaison et cela quelle que soit la catégorie de ménages.Les situations de pauvreté sont répandues: elles touchent 14,4% des ménages en 2015.Le niveau de qualification de la population est bas, avec une forte surreprésentation de population ne disposant pas d’un diplôme qualifiant et une nette sous-représentation des diplômés du supérieur.
Un territoire victime de son attractivité
La Haute Gironde a connu une croissance continue de sa population particulièrement accélérée depuis les années 2000, et compte aujourd’hui une population très jeune. Cette attractivité doit beaucoup à l’influence de la métropole bordelaise puisque 68% de la population de la Haute Gironde réside dans la couronne périurbaine de Bordeaux. Mais l’afflux de nouveaux résidents se traduit par une importante consommation d’espace et un niveau d’équipement quia du mal à suivre, en particulier en matière de commerces et d’équipements de santé. D’autre part, l’importance des déplacements domicile-travail pose la question de la durabilité de ce modèle, en raison de l’impact environnemental et du coût toujours plus élevé de ces déplacements.
Une économie présentielleet touristique freinée par la faiblesse des revenus et un manque d’équipements
En dépit de la place importante des revenus productifs exportateurs et des revenus pendulaires dans son processus de captation de revenus extérieurs, la Haute Gironde enregistre un potentiel de captation de revenus très inférieur à la moyenne des territoires périurbains entourant la métropole bordelaise. Ce déficit pèse sur la consommation locale et le dynamisme de l’emploi présentiel. La densité en emplois présentiels reste en effet très faible. La Haute-Gironde fait partie des deux territoires périurbains entourant la métropole bordelaise pour lequel la propension à consommer localement est la plus faible, ce qui laisse supposer un phénomène relativement important d’évasion commerciale, dû en partie à l’importance des flux pendulaires et la faiblesse des revenus.
Par ailleurs, les revenus touristiques sont largement sous-représentés en haute Gironde malgré de véritables atouts touristiques (patrimoine naturel riche, position de choix qu’offre l’estuaire et la résonance possible avec le Médoc, patrimoine historique et architectural -citadelle de Blaye, châteaux -possibilités de développement de l’œnotourisme). Le territoire affiche une faible concentration d’hébergements touristiques marchands ou non marchands.
Un territoire en profonde mutation qui nécessite une démarche supracommunautaire proactive
Il convient de maîtriser, pour ce territoire sous influence métropolitaine, les effets environnementaux et sociaux négatifs induits par son attractivité. La durée des temps de transport, leur coût et leur impact environnementaux sont autant de contraintes qui pèsent sur le quotidien des résidents qui travaillent en dehors du territoire. Cet enjeu appelle à développer de nouvelles mobilités, moins coûteuses, plus efficientes et respectueuses de l’environnement. Les possibilités que peuvent offrir les dessertes fluviales sont à étudier. Il s’agit aussi de limiter la consommation foncière et l’artificialisation des sols, et de réduire les émissions de gaz à effet de serre et les risques de précarité énergétique due notamment aux déplacements quotidiens.
La Haute-Gironde se doit de consolider et diversifier son levier productif. La question du devenir de la centrale nucléaire, le plus gros employeur du territoire, doit être posée. Par ailleurs, ce territoire agricole doit faire face au défi de la transmission des exploitations et de la transition agro-écologique. La proximité de l’important bassin de consommation métropolitain appelle également la mise en place d’un projet alimentaire territorial. Le tissu de TPE doit quant à lui être accompagné dans sa croissance.
Des marges importantes de développement de l’économie présentielle existent dans ce territoire très dynamique démographiquement. C’est ce que traduit la faible densité d’emplois présentiels et le déficit d’équipements et de services qui occasionnent aujourd’hui une forte évasion commerciale et une faible consommation locale. D’autre part, la Haute-Gironde dispose d’aménités touristiques importantes, propices à transformer une partie du tourisme d’excursion en tourisme de séjour et à stimuler ainsi la consommation locale. Le développement des équipements et services est à coordonner avec un renforcement des centres-bourgs.
Les problématiques d’emploi sur ce territoire appellent à accompagner l’adaptation des compétences, la montée en qualification de la population et son insertion. Il s’agit de fluidifier le marché du travail local avec une attention particulière accordée aux questions d’inclusion et d’insertion. Bénéficiant d’une offre de formation diversifiée ainsi que de politiques volontaristes (Centre de formation multi-métiers), la Haute-Gironde dispose d’atouts à faire valoir. La mobilisation des acteurs de l’ESS, actuellement sous-développée sur le territoire, constitue une piste intéressante.
La situation de vulnérabilité du territoire
La nouvelle politique contractuelle de la Région apporte un soutien différencié en fonction du degré de vulnérabilité du territoire. Quatre domaines de vulnérabilité ont été définis au regard des compétences principales et ambitions régionales pour caractériser la situation relative des territoires :
- le revenu des ménages,
- l’emploi et le marché du travail,
- le niveau de formation de la population,
- la démographie et l’accessibilité aux services de la vie courante.
Trois niveaux de vulnérabilité ont été retenus : moins vulnérable, intermédiaire, plus vulnérable. Un indicateur synthétique calculé en fonction du nombre de domaines pour lesquels l’EPCI (établissement public de coopération intercommunale) présente une vulnérabilité a classé les intercommunalités du périmètre de contractualisation de la façon suivante :
- Les CC de l’Estuaire et de Blaye en vulnérabilité intermédiaires
- Les CC du Grand Cubzaguais et Latitude Nord Gironde parmi les EPCI moins vulnérables.
Une spécificité : le dispositif « Mutations économiques »
Le territoire de la Haute Gironde bénéficie du dispositif Mutations économiques.
Sur ce territoire, confronté à une sur spécialisation de son tissu économique local et à ses vulnérabilités, la Région a décidé de mettre au service du développement économique de la Haute Gironde, des compétences spécifiques. Un ingénieur, recruté par la Région, exerce ses missions sur les 4EPCI concernés. Un plan d’actions cohérent et coordonné est mis en œuvre dans les domaines du développement économique, de l’emploi et de la formation. Le dispositif « Mutations économiques » s’inscrit dans le volet économique du contrat du territoire de la Haute Gironde.