Dans le Béarn, une ancienne culture abandonnée a été relancée. Avec ses produits alimentaires, Lin des Pyrénées attire un public séduit par les bienfaits naturels du lin mais aussi par ses qualités gustatives.
- #Agroalimentaire
- #Transmission et mutation d'activité
Omniprésente sur toute la chaîne pyrénéenne durant plusieurs siècles, la culture du lin a totalement disparu au début du 20ème. Auparavant, la plante est beaucoup utilisée pour son fil mais se voit abandonnée avec l’arrivée du coton dans l'industrie textile. Il faudra attendre une centaine d’années pour qu’elle revive à nouveau sur les côteaux béarnais. “ En 2009, un fabricant d’aliments pour animaux a demandé à quelques agriculteurs d’en faire ” se souvient Régis Cassaroumé.
Installé à Mesplède, l’homme élève des canards et cultive jusqu’alors du maïs et du blé. “ J’étais intéressé car je cherchais une alternative pour remplacer le blé et le lin ne nécessite pas d’irrigation ”. Durant plus d’une décennie, son lin est transformé en nourriture pour les bœufs de Chalosse. “ Car il est bénéfique pour la circulation sanguine et sa richesse en oméga 3 et 6 aide à produire le bon gras ”.
La rencontre avec ses deux futurs associés place cette culture dans une autre dimension. En 2021, Régis Cassaroumé, Jean-Marc Pécassou et Christelle Bonnemason-Carrère fondent Lin des Pyrénées avec l’objectif de créer toute une filière ainsi que des produits d’excellence pour la consommation humaine. Riche en vitamines, en oméga, en fibres et en protéines, les graines possèdent de multiples bienfaits et le trio compte bien les faire savoir.
© Lin des Pyrénées
La quintessence de la graine de lin
A ce jour, une vingtaine d’agriculteurs produisent du lin pour la société basée à Mesplède. De petites parcelles, toutes situées le long du Gave de Pau, “ à qui on fournit les semences, on les aide à mettre en culture puis on leur achète la production ” détaille M. Cassaroumé. Sans consommation d’eau ni produits chimiques, la plante est semée en mars, puis récoltée en été. Par un premier tri en sortie de champs, les graines sont séparées des tiges et des feuilles. Elles passent ensuite sous les faisceaux de la trieuse optique pour ne garder que les meilleures d’entre elles.
Certaines graines achèvent alors leur voyage dans un sachet pour ceux qui souhaitent les consommer entières dans leurs plats et préparations. Une autre partie de la production entame sa transformation pour devenir de l’huile. Au bout d’un an et demi de recherche et développement, la petite équipe a mis au point sa presse. “ Cette machine nous permet d’extraire la quintessence de la graine de lin ” se réjouit Christelle Bonnemason-Carrère. Un procédé unique et breveté permettant “ de produire une huile qui n’existe nulle part ailleurs ”.
Reconnue pour ses propriétés bénéfiques pour la santé, l’huile de Lin des Pyrénées commence aussi à se faire un nom pour ses qualités gustatives. En 2023, elle décroche même la médaille d’or lors du concours des Épicures de l’épicerie fine. Une reconnaissance et une consécration qui vient mettre du baume au cœur du trio fondateur. Adoubée par les professionnels de la cuisine, la jeune maison béarnaise se voit adoptée par des chefs locaux comme Stéphane Carrade. Bien connu à Pau (Chez Ruffet, Villa Navarre…) et sur le bassin d’Arcachon (Skiff Club), le multi étoilé pyrénéen a notamment élaboré une assiette intitulée “ le lin entre terre et mer ”.
Bon pour la santé, bon pour le palais, la graine n’en finit pas de trouver des débouchés. Désormais, on peut aussi l’apprécier en biscuit. Un partenariat avec l’Atelier de l’Ours à Monein (64) permet de proposer des saveurs salées et sucrées. “ Le lin possède un indice glycémique très bas, c’est vraiment un plus notamment pour les diabétiques ”.
Une plante extraordinaire pour l’innovation
Accompagnée dès ses débuts par la région Nouvelle-Aquitaine, l’aventure Lin des Pyrénées a remis en place une filière qui ne cesse de grandir. Avec sa production d’exception, le pari d’une marque premium et responsable prend tout son sens. Des graines, éclats, farine, huile et biscuits, dont on peut retrouver les saveurs sur une table étoilée mais aussi dans des magasins de producteurs, AMAP, épiceries fines ou encore chez des cavistes.
Mais ne croyez pas que l’inventivité du trio s’arrête là. Après l’alimentaire, une autre voie pourrait être prochainement empruntée. “ A terme, nous souhaitons faire du textile, nous avons déjà effectué des essais avec un lacet pour la marque de chaussures Le Soulor ” se projette Christelle Bonnemason-Carrère. “ C’est une plante extraordinaire pour l'innovation, on la retrouve aussi dans la cosmétique, l’industrie ou l’aéronautique ”. Autant de perspectives à même de nourrir la créativité des fondateurs de Lin des Pyrénées. Et qui assure à n’en pas douter, un grand avenir à la filière.
© Lin des Pyrénées