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Vue générale du nouveau bâtiment de la communauté de communes
Temps de lecture 6 minutes
actualité

Un bâtiment du futur émerge en Charente-Maritime

territoire

La Rochelle - Ré - Aunis

La communauté de communes Aunis-Atlantique vient d'inaugurer son siège bâti en bois et en paille. Concentré technologique, ce pôle de services publics a été conçu pour limiter son impact environnemental et la facture énergétique.

Publié le jeudi 1 juin 2023
  • #Politique contractuelle
  • #Économies d'énergie
  • #Collectivité territoriale
bardage bois recouvrant les bâtiments et coursives bois

« Ici, il n'y avait rien, tout était à inventer », assure Jean-Pierre Servant , le président de la communauté de communes (CdC) Aunis-Atlantique. Située à proximité de La Rochelle, en Charente-Maritime, cette intercommunalité vient d'inaugurer son nouveau siège construit près du village de Ferrières. Sa particularité ? Ce bâtiment de 2 225 m², paré de bois et bientôt de végétation, répond à un très haut niveau d'exigence en matière environnementale et énergétique.

Compenser l’empreinte carbone

« Nous avons 30 ans d'avance par rapport à la réglementation thermique actuelle », résume Juliette Grinard, la directrice de cabinet et de la communication. « Il y avait une véritable ambition. Cette intercommunalité a su la concrétiser. Cela demande une certaine audace et l'envie d'innover », confirme Mélanie Faugouin. Architecte au sein du cabinet rochelais Alterlab, cette quadragénaire a dessiné les plans de ce « bâtiment du futur » lauréat d'un appel à projets initié par la Région Nouvelle-Aquitaine. Ossature en bois, isolation paille, enduit en terre naturelle : des matériaux biosourcés et moins polluants y ont été systématiquement privilégiés pour aboutir à une construction novatrice et résiliente. « Ce bâtiment devait être représentatif du territoire situé à l'entrée du Marais poitevin. Mais sa conception devait aussi permettre de compenser l'empreinte carbone de sa construction », détaille Mélanie Faugouin.

2300 bottes de pailles

Pour réaliser des économies d'énergie tout en offrant un confort optimum aux agents et usagers de la CdC, cette architecte a ainsi opté pour une conception bioclimatique. Près de 260 m3 de bois venus de la Creuse ont été utilisés pour bâtir la structure du bâtiment. Quelques rares murs en béton ont été isolés avec du chanvre et couverts de bardages en bois. Mais l'essentiel de l'isolation a surtout été réalisé grâce à... 2300 bottes de paille. Intégrée à l'ossature en bois et recouverte par endroit d'un enduit à base de sable et d'argile, cette paille explique en partie le faible impact du bâtiment en matière de CO2. Encore sous-utilisé, ce matériau présente pourtant de véritables avantages. « La paille possède une très forte capacité à réguler l'hygrothermie – la température et le taux d'humidité de l'air. L'enduit en terre possède aussi les mêmes propriétés », abonde Mélanie Faugouin.

Escalier en bois intérieur

Une gestion automatisée

Ce bâtiment, orienté est-ouest, s'appuie sur les vents pour optimiser la température intérieure. Les vitres ont été équipées de stores automatiquement contrôlés pour réguler l’ensoleillement. Cette gestion automatisée et centralisée s'étend à bien d'autres fonctionnalités comme à un immense brasseur d'air installé dans le patio bioclimatique. Son rôle : faciliter les échanges d'air en s'appuyant aussi – et si besoin – sur des brumisateurs et des aérations extérieures. Les innovations technologiques se retrouvent, elles, dans chaque recoin de la structure. « Chaque pièce est équipée d'un capteur de CO2 et de température. Les salles ne sont chauffées automatiquement que si elles sont réservées et utilisées. Des détecteurs de présence gèrent aussi la lumière », explique Juliette Grinard. Des panneaux solaires permettront, eux, de couvrir 78% de la consommation du bâtiment. Un soin très important a enfin été apporté à la gestion de l'eau. Une succession de canaux, de noues et de bassins paysagers permet l'infiltration des eaux de pluie aux abords de la parcelle. Une cuve de 30 m3 permet en outre de stocker l'eau pluviale pour couvrir les usages sanitaires et arroser toutes les plantations. Pistes cyclables, arrêt de bus, bornes électriques, stationnements dédiés aux vélos ou au covoiturage : le siège de l'intercommunalité a aussi été conçu pour faciliter les mobilités douces.

Un démonstrateur pour de futurs constructions

Esquissé dès 2015, ce projet à visée environnementale a longuement mûri au sein de la CdC Aunis-Atlantique. Composée de 20 communes, cette « petite collectivité » ne possède aucune centralité forte. Elle a ainsi opté pour « la meilleure implantation géographique possible », aux abords de la RN11 reliant Niort à La Rochelle. Et plutôt que de garder ce joyau pour elle-seule, la CdC Aunis-Atlantique a décidé de l'ouvrir à d'autres services publics. Le Trésor public, l'office de tourisme local et des antennes du parc naturel régional du Marais poitevin et de la chambre d’agriculture de Charente-Maritime s'y sont installés. Ce « bâtiment exemplaire et démonstrateur » offre au total une centaine de postes de travail. Son coût, hors taxes : 5,5 millions d'euros – la Région Nouvelle-Aquitaine y a contribué à hauteur de 345 000 euros. « Soit un peu moins de 10% plus cher qu'une construction traditionnelle », calcule l'architecte Mélanie Faugouin. « Des arbitrages ont permis d'abaisser les coûts sans rien sacrifier au confort », précise-t-elle. « La performance énergétique de ce bâtiment permettra de limiter ses coûts de fonctionnement », note par ailleurs Jean-Pierre Servant. La communauté de communes Aunis-Atlantique a multiplié les visites du chantier à destination des élus et des professionnels pour leur présenter les matériaux et techniques employés. Elle espère désormais « favoriser la structuration de ces nouvelles filières durables et innovantes sur [son] territoire ».