Au lycée des métiers du bâtiment de Felletin (Creuse), une association oeuvre à la reconnaissance et à la promotion du poêle maçonné. Ce mode de chauffage économique et écologique est promis à un bel avenir.
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« Le poêle de masse, c’est un poêle de radin parce que tu ne mets pratiquement pas de bois. C’est un poêle de feignant, parce que tu ne mets du bois qu’une seule fois et pas plusieurs fois. En fait, c’est un poêle intelligent », résumait Nicolas Lesecq, un poêlier aux rencontres nationales de l’AFPMA, l’association française du poêle maçonné artisanal basée à Felletin au lycée des métiers du bâtiment.
Le poêle le plus performant
Le poêle de masse ou poêle maçonné, c’est un principe simple : un foyer et un circuit de chauffe en brique qui permet de lui donner toutes les formes possibles. Avec une seule flambée, d’une heure et demie, le bois chauffe le circuit en brique, qui chauffe à son tour la maison par rayonnement et produit une chaleur douce pendant 12h à 24h. Pour l’Adème, l’agence de la transition écologique, le poêle de masse est « le plus performant à l’usage » de tous les poêles. Il offre le même rendement qu’un poêle à granulés tout en étant beaucoup plus économique, puisqu’il utilise le bois bûche, sans la dépendance à l’électricité et avec un meilleur confort. Côté écologie, il se classe également en tête des chauffages bois avec un taux d’émission de particules fines minimum. Bref, ce mode de chauffage, qui n’est pas un chauffage d’appoint ne souffre que d’un inconvénient : il est presque inconnu sous nos latitudes. En Allemagne, on compte 1500 artisans poêliers pour 19 000 installations annuelles. En France, grâce aux efforts de l’AFPMA, on atteint aujourd’hui 1 000 installations. Et le nombre de poêliers s’approche doucement de la barre de la centaine.
© AFPMA
Une reconnaissance par Bercy
L’AFPMA, qui regroupe toute la profession, a fêté ses 10 ans avec ses rencontres annuelles à Felletin en juin dernier. Chaque année, la manifestation rassemble les poêliers et des corps de métiers qui gravitent autour de la construction des poêles : maçons, céramistes, briquetiers, constructeurs de fours à pain, fumistes…Elle témoigne des avancées de la reconnaissance du poêle de masse…qui part de loin. Il y a 10 ans, ils étaient une poignée et tout était à faire. En 2020, l’association a obtenu une reconnaissance par le code des impôts donnant droit, au même titre que les autres modes de poêle, aux aides de Ma prime rénov. Avec l’Adème, l’association prépare la seconde étape : faire reconnaitre le poêle de masse comme mode de chauffage principal et non chauffage d’appoint, pour ouvrir les mêmes aides que les chaudières, entre 6000 et 8000 euros. « Les chaudières bois font de l’hydro-accumulation de chaleur », explique Aurélien Germain-Thomas, coordinateur de l’association, « le poêle de masse fait de l’accumulation avec la brique. Il n’y a pas de différence sensible d’efficacité. »
Sortir une "étiquette produit"
Et au premier trimestre 2022, l’association a installé son laboratoire de mesure à Montendre (17). Une installation nécessaire pour faire progresser les études techniques. L’association s’est engagée à développer un logiciel libre utilisable aussi bien par les poêliers que par les autoconstructeurs pour dessiner différentes architectures de poêles de masse. Car aujourd’hui, le logiciel autrichien utilisé, seul du genre, bride les poêliers. Assez cher d’utilisation, il ne permet de réaliser des études que sur les poêles de type…autrichien. Or, on compte aussi tous les types de poêle nordiques, russe ou américain. Le logiciel devra permettre de répondre à toutes les situations rencontrées, de réaliser toutes les formes possibles de poêles en garantissant les performances et la conformité aux normes applicables. « Et en permettant de sortir une « étiquette produit » sur chaque poêle avec toutes ses performances », complète Aurélien. Une reconnaissance importante pour le crédit d’impôt. C’est principalement au laboratoire de Montendre que s’effectue le travail technique pour le développement du logiciel avec 2 salariés qui se partagent un temps plein pour cette recherche qui devrait voir le jour fin 2024.
© AFPMA
Le PNR Millevaches comme territoire pilote
Le plateau de Millevaches doit servir de territoire pilote au développement de la filière. « Le plateau est un territoire en précarité énergétique avec beaucoup de chauffage fuel. Mais le bois y est abondant et il constitue un mode de chauffage répandu. L’idée, sur le territoire du parc naturel régional et l’Adème, est d’équiper dans un premier temps une trentaine de foyers, de voir les retours, puis d’essaimer dans les autres parcs naturels régionaux.
En attendant, le lycée des métiers des bâtiments de Felletin permet l’organisation de formations régulières sur le dimensionnement des poêles avec le logiciel autrichien. Prochaine session du 13 au 17 novembre 2023. D’autres formations devraient voir le jour début 2024 pour accompagner le développement de la filière. Et une formation complète de poêlier est prévue, « si tout va bien », pour la rentrée de septembre 2024. Avis aux amateurs.
Crédit photo du bandeau de Une : Marie Milesi
Prochaine formation sur le "dimensionnement aéraulique des poêles de masse" du 13 au 17 novembre 2023 au lycée des métiers du bâtiment de Felletin. 36 heures de cours et travaux pratiques pour :
- Comprendre les principes fondamentaux du tirage ;
- Estimer la puissance requise et la taille du foyer ;
- Saisir les données dans l’outil de calcul ;
- Interpréter les résultats et affiner le dimensionnement.