À Tulle, la Cité de l’accordéon et des patrimoines donne le ton

Avec ses façades en pierre de taille, l’ancienne Banque de France s’impose au cœur du quartier de la préfecture. En s’y installant, la Ville de Tulle a saisi l’occasion de transformer ce secteur, jusque-là peu associé aux loisirs, pour en faire un nouveau lieu de vie. Du cloître à la préfecture, les aménagements urbains ont été repensés pour recréer un parcours agréable et redonner au quartier toute sa place dans la dynamique du centre-ville.
L’agence d’architectes Terreneuve, déjà à l’œuvre sur la Cité de la tapisserie d’Aubusson, a mené la réhabilitation d’un bâtiment chargé d’histoire pour en faire un équipement muséal moderne. Les 1 300 m² de la Cité accueillent aujourd’hui un auditorium, une salle d’exposition temporaire, des espaces pédagogiques et un parcours permanent jalonné de dispositifs audio et numériques. Les défis techniques étaient nombreux : repenser la circulation, assurer l’accessibilité, préserver l’acoustique et intégrer des systèmes climatiques ou de sécurité dans un bâtiment ancien. Le résultat est à la hauteur : un musée vivant, où l’on voit, écoute et manipule. « On voulait un lieu où il se passe quelque chose, un lieu d’expérience », résume Karine Lhomme.

Symbole fort de la ville, l’accordéon est ici raconté dans toute sa richesse. De son invention à Vienne en 1829 jusqu’à ses déclinaisons numériques contemporaines, le parcours retrace son évolution et son enracinement à Tulle grâce à la manufacture Maugein, née en 1921. « L’accordéon, c’est un instrument populaire et universel. À Tulle, il a façonné une identité ouvrière, artistique et sonore unique », souligne la directrice.
Le musée, conçu en complémentarité avec l’usine encore en activité, propose une approche à la fois technique et sensible : audioguide interactif, vitrines sonores, manipulations d’instruments. Les visiteurs, familles, musiciens ou simples curieux, explorent à leur rythme et deviennent partie prenante de la visite. 
Au-delà de l’accordéon, la Cité invite à explorer deux autres univers emblématiques : la manufacture d’armes et la dentelle. Le premier parcours met en lumière trois siècles d’histoire industrielle, en donnant la parole aux ouvriers, à leurs métiers et à leur esprit de solidarité. Le second rend hommage à la délicatesse du point de Tulle, savoir-faire artisanal transmis de génération en génération.
 

Conçue comme un espace intergénérationnel, la Cité s’adresse à tous. Les enfants suivent le personnage de Rosette grâce à un audioguide ludique ; les familles bénéficient d’un tarif dédié ; les moins de 26 ans découvrent gratuitement le musée. Et les anciens ouvriers viennent volontiers raconter leurs souvenirs aux plus jeunes.
Tout au long de l’année, la Cité bat au rythme d’une programmation dense : ateliers, concerts, conférences et expositions temporaires – près de 70 événements en 2025. Le lieu s’inscrit ainsi dans le paysage culturel de la ville, aux côtés du théâtre de l’Empreinte et du conservatoire.
Pour Karine Lhomme, l’objectif est clair : « Que les visiteurs repartent surpris, émus. Qu’ils se disent : je ne pensais pas aimer l’accordéon ou m’intéresser aux armes, et pourtant… c’était magique. »