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Enfant avec un casque sur les oreilles devant un écra apprenant le Basque
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actualité

L’institut culturel basque : catalyseur de culture

Promouvoir, diffuser et structurer la culture basque sur le territoire, telle est la mission de l’Institut culturel basque (ICB). Véritable point de confluences entre le monde associatif et institutionnel, la structure accompagne une centaine de projets par an.

Publié le vendredi 3 mars 2023
  • #Langues et cultures régionales

C’est à Ustaritz, ancienne capitale du Labourd (une des sept provinces basques) que l’Institut culturel basque a élu domicile. Depuis sa création en 1990, ses bureaux sont à l’intérieur du château Lota, imposante demeure bourgeoise qui trône à l’entrée du village, désormais devenu ville. A l’image du Pays basque, la démographie de cette commune a explosé ces dernières années. Dans ce contexte d’installation massive de nouveaux arrivants sur le territoire, le rôle de la structure trentenaire est, plus que jamais, primordial.

Vue du chateau Lota qui abrite l'Institut culturel basque

Pour une culture basque inclusive

A travers ses multiples actions, l’Institut culturel basque travaille à la sauvegarde, à la transmission et à la diffusion de la culture basque. Mais avant d’organiser ou d’encourager tel ou tel projet, encore faut-il s’entendre sur ce que signifie le terme « culture basque ». Pour cela, trois éléments sont déterminants nous explique Johañe Etchebest, directeur de l’ICB. « Tout d’abord, il faut que ce soit en euskara car pour nous c’est clair, il n’y a pas de culture sans langue et inversement la culture donne accès à la langue ».
Ensuite, le projet
« doit avoir du sens, une histoire, renforcer un imaginaire. Nous ne voulons pas de folklore ou de clichés, car nous ne sommes pas là pour vendre des t-shirts ou des aliments ». Enfin, le dernier critère examiné est l’inscription dans la dynamique des droits culturels inclusifs. Pour ce dernier critère, un juste équilibre est à trouver entre l’inclusivité pour les nouveaux arrivants par exemple sans pour autant perdre la substance. Dans cette dimension, « c’est l’aspect participatif qui nous intéresse aussi, il faut que ça parte des gens », précise le directeur.

Personnes âgées avec un casque écoutant un travail de collecte de la mémoire orale
Une restitution du travail de collecte de la mémoire orale auprès des anciens

Un pont entre société civile et monde institutionnel

Pour défendre cette vision de la culture basque, la structure compte sur sa gouvernance originale et mixte. D’un côté, il y a un collège culturel composé de 170 associations issues de tout le territoire et de tous les domaines d'expression artistique et culturelle. D’un autre côté, un collège institutionnel regroupe les représentants de l’Etat français (sous-préfet), du gouvernement de la province espagnole d’Euskadi, de l’agglomération Pays basque, du département Pyrénées-Atlantiques et de la Région Nouvelle-Aquitaine. « Notre structuration permet de faire le pont entre la société civile et le monde institutionnel. Cela permet de nous positionner comme des médiateurs, au centre d’un dialogue permanent. »

Les onze salariés de l’institut œuvrent avec un budget total d'environ un million d’euros, auquel chacune des collectivités locales participent, notamment la Région au travers d’une subvention de 196 000 euros. Leurs actions s’articulent autour de trois axes : rechercher, transmettre et accompagner. Le volet recherche a pour objectif de monter un projet scientifique autour de la culture basque entre les années 1950 et 2020. « Il s’agit d’analyser l’évolution de notre société durant cette période. Pour cela, nous avons une ethnologue qui organise une collecte en partenariat avec les archives départementales ». Un travail de longue haleine orchestré avec d’autres spécialistes issus de différentes disciplines : historien, linguiste, anthropologue, géographe…

Un berger-témoin de la collecte en Soule

Transmission, diffusion et accompagnement

Le volet transmission s’adresse plus particulièrement aux nouvelles générations et aux nouveaux arrivants. « Comment faire en sorte que la culture soit vécue par tous et que chacun se l’approprie ? » Voilà la question à laquelle répondent les équipes de Johañe Etchebest. Les actions peuvent s’adresser aux enfants (en milieu scolaire), mais aussi aux adultes via les entreprises ou les administrations. « Par exemple, on fait venir dans les classes un musicien professionnel qui explique son instrument et effectue un mini concert avec les élèves », détaille le directeur.

La dernière partie de l’action concerne la diffusion et l’accompagnement des diverses structures membres de l’ICB. « Nous regroupons 170 associations qui ne se connaissent pas, qui ne coopèrent pas. A cause de ça, on perd beaucoup d’énergie », déplore Johañe Etchebest. Pour plus d'efficacité, l’institut encourage ses membres à se former, se structurer, se professionnaliser. Pour cela, des ateliers et des espaces de concertation sont mis en place. De même les associations locales sont encouragées à aller voir ailleurs. Avec l’aide des bourses Erasmus, les frais de mobilité sont pris en charge et ainsi les esprits s’ouvrent pour une montée en compétence.

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Concert au Pays Basque

Des actions diffuses

Projections de films en euskara dans des cinémas, organisation de la pastorale d’Ordiarp, soutien à une compagnie de théâtre pour la création d’une nouvelle pièce, accompagnement d’un artiste sur sa tournée en Pays basque espagnol, aide aux festivals Euskal Herria Zuzenean et Errobiko Festibala ou encore le Biltzar des écrivains à Sare… L’action est multiforme et s’immisce dans tous les types d’expression culturelle et auprès de tous publics.

Toutes ces actions sont diffuses, car c’est le nombre qui est privilégié. Une centaine de projets sont soutenus chaque année pour un montant de 2 000 euros en moyenne. Mais si la somme n’est pas extraordinaire, l’effet produit peut, lui, rester gravé dans les mémoires. « On essaie de penser des projets qui marquent. La satisfaction, c’est que des années plus tard, des jeunes qui ont vu les spectacles lorsqu’ils étaient enfants, en parlent encore », résume Johañe Etchebest.
Un effet de levier diffuseur et catalyseur de la culture basque. Car, que l’on soit né ici ou ailleurs, l’art ou la musique est bien souvent un langage universel.

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