Pour améliorer le quotidien des habitants du quartier de Saragosse à Pau, un travail entrepris depuis 2014 porte aujourd’hui ses fruits. Une réhabilitation en profondeur dont le vaisseau amiral est le Pôle Laherrère, véritable place de village et point de liaison au cœur du quartier.
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“Avant il y avait des champs et des vaches ici”, se souvient Josy Poueyto, députée (depuis 2017), autrefois maire-adjoint en charge de la politique de la ville (2014-2017). Mais ça, c’était avant les années 1960 et son lot de constructions massives. A cette époque, il fallait bâtir vite et beaucoup pour satisfaire une demande croissante de logements. C’est ainsi que, comme dans beaucoup de villes de France, est né le quartier Saragosse, perçu à l’époque comme le prolongement du centre-ville de Pau.
Comme ailleurs dans l’hexagone, le quartier n’a pas fait exception. Les décennies se sont succédé et les problèmes sociologiques et économiques se sont développés, véhiculant une image négative auprès des personnes extérieures. Pour mettre fin à cette spirale, la municipalité de Pau s’est saisie du dispositif ANRU (agence nationale de rénovation urbaine) pour donner un nouveau souffle aux 14 000 habitants de ces bâtiments.
La première brique a été constituée par la démolition reconstruction en 2017 de la MJC des Fleurs, véritable pilier social local. Ont suivi très rapidement la rénovation du stade de football des Bleuets (2019) ainsi que celle de l’école des Fleurs (2021). “Ces trois équipements ont ouvert la métamorphose du quartier”, se souvient la députée.
Le coeur d’un quartier en renaissance
Une transformation en profondeur visible avec la création de points de nature et de lieux de sociabilisation. “L’espace est arboré et les équipements ont été conçus pour toutes les tranches de la population, de tous âges et de toutes classes sociales confondues”, précise l’élue. Des jardins, une prairie fleurie, des espaces de jeux pour enfants, des bancs et des tables, un city stade… “Nous avons de nouveau un quartier apaisé, où il fait bon vivre”.
Les logements ont aussi été rénovés (à l’intérieur comme à l’extérieur) par le bailleur social Pau Béarn Habitat, également à la manœuvre pour la construction du Pôle Laherrère, véritable cœur battant d’un quartier en renaissance.
“Nous avons de nouveau un quartier apaisé, où il fait bon vivre”
Inaugurée en mars dernier, cette place de village se compose de deux bâtiments en L, ayant poussés sur les terres d’une ancienne friche occupée par un hôpital du 19e siècle, abandonné depuis les années 1970. Après la démolition de cet hospice, ont émergé les immeubles de bois, de béton et de verre, dessinés par des arcades pour accentuer encore plus l’effet cœur de village.
S’ils représentent ensemble 11 000 m² de surface, chaque bâtiment a sa propre mission. L’un est dédié au logement des jeunes (étudiants et travailleurs), alors que l’autre est voué à la formation et à l’emploi. “Dès le départ, nous l’avons envisagé comme un point de liaison et d’ouverture sur le quartier”, explique Elise Besnard, chef de projet rénovation urbaine à la communauté d’agglomération de Pau. Les fonctions multiples abritées par ces bâtiments entraînent “une porosité entre les publics, on peut y croiser des mamans du quartier comme des créateurs d’entreprises ou des gens en formation”.
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Un pôle multi activités et transversal
Si le premier îlot est constitué dans ces étages de logements pour le jeune public, il abrite aussi un commissariat de police, une boulangerie, une salle de convivialité et Cuisine Mode d’Emploi, un centre de formation aux métiers de la restauration créé par le célèbre chef Thierry Marx.
Sur le second îlot, on retrouve des locaux pour artisans, des bureaux ainsi qu’une conciergerie qui symbolise à elle seule parfaitement la vocation de ce nouveau Pôle. “Elle est gérée par l’ADAPEI (association pour l'intégration du handicap mental) et fait le pont entre les besoins des gens du pôle et des habitants du quartier avec les ESAT, cela peut être pour le nettoyage d’une couette comme pour des services de reprographie pour une entreprise”, détaille Cécile Bechon, responsable du service emploi de la communauté d’agglomération de Pau.
Avec des centres de formation, des structures accompagnant pour l’intégration, d’autres œuvrant dans le soutien pour la création d’entreprise, le Pôle Laherrère devient une fabrique à compétences et à entreprendre. “Des gens y viennent travailler et se former, ce qui en fait un outil important bien au-delà de la seule agglomération paloise”, selon Elise Besnard.
Pour concrétiser ce projet à plus de 23 M€, une dizaine de financeurs (ville, agglomération, État, département, Europe…) a contribué à l’opération parmi lesquels la Région à hauteur de 4,6 M€. Un budget permettant de créer une véritable ruche essaimant de multiples projets sur et hors le quartier. Car, pour transformer en profondeur, il faut envisager l’ensemble des aspects d’une problématique. Avec cette approche transversale des enjeux, le Pôle Laherrère est en passe de réussir son pari. Celui d’améliorer la vie de ses habitants et de s’ouvrir sur la ville et au-delà.