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Open space, bureaux, canapés et postes de travail
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actualité

La WAB : l’apprentissage vertueux du digital

territoire

Grand Bergeracois

Pour dynamiser en local la création d’emplois et d’entreprises dans le secteur de Bergerac en Dordogne, une école supérieure du numérique fait tomber les freins d’accès à la formation.

Publié le vendredi 16 février 2024
  • #Économie territoriale
  • #Création d'entreprise
  • #Numérique

Combien de visiteurs de la Fnac de Bergerac ont déjà remarqué l’escalier menant au second étage ? Au-dessus du magasin en plein centre-ville est installé un vaste espace de coworking de 450m². Dans une déco moderne de style industriel, les locataires s’affairent devant leur écran d’ordinateur, casque sur les oreilles. L’ambiance est studieuse mais décontractée, avec un petit côté cocooning façon startup entretenu par la présence d’un comptoir à café, de canapés et de plantes vertes. Une peinture murale fait sourire : on y voit Bergerac fréquentée par des personnages symboliques de la culture pop comme Godzilla et Donkey Kong.

25 petites entreprises ont élu domicile ici. Sans compter les utilisateurs de passage, 4 à 5 par jour. Celles et ceux qu’Alban Brettes appellent « les nomades ».

Groupe de personnes posant devant une photo géante montrant le visage d'un homme exposant ses mains
Des élèves de la WAB.

Digital coopératif

Alban est président directeur général de la WAB (acronyme de « Web Association Bergerac »). Cette structure gère l’espace de coworking mais aussi une école supérieure du digital quelques centaines de mètres plus loin. « L’école constitue la colonne vertébrale de la WAB », précise Alban. Après avoir travaillé 3 ans au Maroc dans le conseil en stratégie, il est revenu s’installer en 2015 à Bergerac, sa ville natale. Il avait alors 26 ans et une forte envie de porter un projet structurant pour son territoire : former sur place aux métiers du numérique les jeunes qui, trop souvent, partaient étudier sur Bordeaux ou Toulouse et privaient ainsi la région bergeracoise de leurs compétences. « Nous avons voulu une école ouverte à tout le monde, prise en charge à 100% et accessible au mérite par test d’entrée. Elle est ancrée dans l’un des 3 quartiers prioritaires, le centre-ville, pour rester au plus près de la population ». Un concept solidaire que l’on retrouve jusque dans la direction de la WAB. « Chaque collaborateur a pris des parts dans la société coopérative d’intérêt collectif que nous avons montée. De cette façon, une direction collégiale prend en compte les sensibilités différentes des uns et des autres. Ce mode de gouvernance démocratique a été souhaité dès le départ ».

Salle de cours, écrans et élèves
Une des salles de cours de la Wab.

Le développement des profils en reconversion

L’école prépare à 3 métiers du numérique : designer UI/UX, community manager et assistant commercial digital. Les titres vont du niveau 4 (équivalent Bac) au niveau 6 (équivalent Bac+3). La pédagogie s’articule, depuis janvier 2023, autour d’un mélange affiné d’e-learning et de présentiel, chapeauté par un encadrement rigoureux.

Les élèves en alternance entre 18 et 26 ans représentent 2 tiers des effectifs. « Le taux d’insertion à 6 mois des apprentis est de 60% en moyenne. Ils sont bien souvent recrutés au bout du compte par les entreprises qui les ont formés. Elles jouent le jeu en général. Ceux qui souhaitent monter leur propre boîte ont la possibilité de rejoindre l’espace de coworking ».

Le tiers restant est constitué de profils professionnels en reconversion. Cette part tend à se développer, d’après Alban. « Les demandes augmentent. C’est pourquoi nous avons mis en place un enseignement spécifique en distanciel flexible, adapté à un public souhaitant se former sans se déraciner ». Il est dorénavant possible pour ces profils de se former de n'importe où en France, en 100% distanciel. Les demandes affluent à la fois de la région Nouvelle-Aquitaine mais aussi de grandes villes partout en France.

3 personnes travaillent sur des écrans d'ordinateur
La Wab défend son modèle solidaire.

Intégrer l'IA pour garder un temps d’avance

Avec un chiffre d’affaires proche de la barre symbolique d’1 million d’euros par an, la WAB se donne les moyens de ses ambitions. L’investissement constant sur le e-learning en est témoin. Tout comme l’ouverture d’une antenne à Périgueux, destinée à assurer un meilleur maillage territorial. « Le secteur du digital nous impose une mise à jour permanente », résume Alban. « Prenez le développement spectaculaire de l’intelligence artificielle. Il ne peut pas être ignoré étant donné que l’IA est en train de transformer tous nos métiers au niveau de la production de contenus. Si nous ne nous adaptons pas, les personnes que nous allons former seront déjà obsolètes à leur arrivée sur le marché du travail ». Intégration de l’IA dans les cursus existants, passage de 6 à 8 certifications d’ici 2 ans, apprentissage étendu jusqu’au niveau Master 2 (Bac+5) à la rentrée 2025… La WAB ne cesse de prendre de l’ampleur et, avec elle, le modèle solidaire qu’elle défend.