À Paleyrac, au cœur du Périgord noir, une ferme pas comme les autres sensibilise petits et grands à l’urgence de prendre soin du vivant. Dans cette association Happy Cultors, on jardine, on partage, on expérimente, et surtout, on crée du lien.
« Notre mission, c’est d’éveiller, par l’action et le partage à toute la complexité du vivant », résume Margaux Bounine-Cabalé, à l’origine du projet. Juriste de formation, elle a mené un tour de France des pionniers de l’agriculture durable avant de poser ses valises en Dordogne. « On voulait incarner, localement, les solutions qu’on a vues émerger ailleurs », explique-t-elle. D’abord installée sur une micro-ferme à Belvès, l’équipe s’est vite recentrée sur un lieu capable d’accueillir du public et de porter un projet de ferme pédagogique.
Des outils agricoles devenus supports d’éveil
Sur place, les potagers ne servent pas seulement à produire des légumes. Ce sont aussi des supports d’apprentissage. Le jardin de semences paysannes, la pépinière participative ou encore le potager des enfants ont été pensés pour transmettre une culture de l’écologie accessible et concrète. « Les enfants développent leurs sens, découvrent l’origine des aliments et prennent conscience de leur impact », souligne Margaux.
Happy Cultors organise toute l’année des ateliers pédagogiques, à destination des écoles, des foyers de vie, des retraités, mais aussi du grand public. Alimentation durable, compostage, lutte contre le gaspillage, bricolage en matériaux récupérés : tout est prétexte à transmettre des bonnes pratiques. Une ingénieure paysagiste, Vénitia Teida, développe aussi une balade à la découverte du paysage agricole sur la commune de Paleyrac et sur la ferme. Le collectif souhaiterait construire à terme un sentier d’interprétation autour de l’agro-écologie.
© Claire Macnamara
Créer des ponts entre nature et culture
Mais Happy Cultors ne se résume pas à une suite d’ateliers. L’association revendique aussi une forte dimension culturelle et collective. À travers des événements comme la Fête de la pomme, qui mêle débats, ateliers et banquets populaires, le collectif crée des moments de partage, de réflexion et de convivialité. « On veut fédérer autour d’une écologie accessible et joyeuse, où l’on ne culpabilise pas mais où l’on agit ensemble », insiste Margaux.
La ferme devient alors un lieu mutualisé, où se croisent bénévoles, vacanciers, artistes, curieux ou simples voisins. Un espace de co-working accueille également des adhérents pour permettre de travailler au calme. À terme, Happy Cultors rêve de voir émerger un espace de vie sociale, en lien avec la CAF, pour renforcer son ancrage local. Un espace-test agricole est également à l’étude, pour permettre à de jeunes porteurs de projets de se lancer en bénéficiant de l’écosystème associatif déjà en place.
Un modèle coopératif et en évolution
L’une des originalités du projet repose sur sa gouvernance partagée. Le collectif prend les décisions en intelligence collective, dans une logique horizontale. « On veut sortir des logiques descendantes pour construire ensemble un projet où chacun a sa place », explique la fondatrice.
Côté financement, l’association est en recherche active de mécénat, pour renforcer ses capacités d’accueil, structurer ses outils pédagogiques et pérenniser ses activités. Une partie des récoltes est transformée ou cuisinée lors de banquets solidaires, pour allier production locale et alimentation partagée.
Sur cette ferme vivante, le végétal pousse autant que les idées. Avec une conviction forte : la transition écologique se construira sur le terrain, en agissant, en transmettant, et en fédérant.
© Claire Macnamara
Dans le cadre des aides versées en faveur des actions pour la biodiversité, les Happy Cultors ont reçu plusieurs subventions de la part de la Région Nouvelle-Aquitaine, dont :
- 20 000 € pour accompagner la professionnalisation et l'amorçage de la nouvelle activité de l'association, via le dispositif AMPLI (Appui aux Micro-Projets Locaux Innovants)
- 7 000 € pour la création de potagers pédagogiques.