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Vue de la cour d'un lycée
Temps de lecture 6 minutes
actualité

Gérard Duzan, proviseur engagé

territoire

Vallée du Lot et Bastides

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Gérard Duzan est proviseur d'un jeune lycée issu d'une fusion entre 2 établissements. En 7 ans, avec ses équipes, il a su donner une direction à l'établissement, l'ouvrir sur l'extérieur, le rendre attractif et apaiser les tensions. Interview d'un professionnel engagé.

Publié le mercredi 26 juin 2024
  • #Formation professionnelle
  • #Éducation et formation
  • #Lycées

Gérard Duzan est arrivé à la tête du lycée Lot-et-Bastides à la rentrée 2018. L’établissement ne portait pas encore ce nom - la fusion des lycées Couffignal et Georges Leygues venait tout juste d’être actée. C’est donc lui qui a été à la manœuvre pour trouver une identité au nouvel établissement et aussi pour qu'il trouve sa place dans le paysage local. Dans un territoire où les difficultés économiques sont importantes, le travail d'ouverture aux partenaires socio-économiques, culturels et sportifs a été déterminant. Le nouveau proviseur, auparavant principal d'un collège de Villeneuve, était déjà connu localement. Il détaille un projet qui fait la part belle à l'environnement de travail des élèves et à la coopération locale.

"Nos jeunes doivent se sentir bien là où ils sont"
Un homme debout en chemise et cravate devant un tableau composé de photos d'identité
Gérard Duzan Proviseur du lycée Lot-et-Bastides
Depuis que vous avez repris les rênes de ce lycée, vous avez essayé de l’ouvrir vers l'extérieur, dans le domaine des sports, de la culture ou des entreprises. Cette ouverture, cela vous semble essentiel à la vie d'un lycée ?

Gérard Duzan : Pour le lycée général, l’ouverture se fait surtout vers les partenaires sportifs et culturels. C'est une volonté de notre part, car nous accueillons des élèves qui viennent « chez nous » pour concilier travail scolaire et plaisir. Ça, c’est pour nous une réussite. Pour la partie professionnelle, où nous avons environ 560 à 580 élèves, nous avons besoin des entreprises. Le bac pro ou le CAP s'obtiennent avec des semaines de stage en entreprise, appelées périodes de formation en milieu professionnel. Il est donc crucial d’avoir des relations solides entre le lycée et les entreprises. La volonté de l'établissement a été de redonner une certaine image de marque. Nous ne sommes plus fuis, comme c'était le cas par le passé, et sommes même sollicités. C'est une réussite d'avoir des élèves qui choisissent nos formations. Tout ceci est le fruit d'un travail de longue haleine, avec des présentations dans les collèges notamment pour expliquer nos offres de formation.

On peut dire qu’il y a une compétition entre les lycées pour attirer les jeunes ?

Gérard Duzan : Oui, il y a de la compétition, surtout pour certaines formations spécifiques comme la STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués) qui est unique dans notre département. Il est crucial de nous faire connaître. Toutefois, sur le terrain, il n’y a pas de concurrence directe entre nous, car nous nous partageons le territoire. En revanche, il peut y avoir une concurrence avec des établissements privés ou agricoles qui ciblent les mêmes élèves que nous.

En quoi ces leviers d'ouverture, qu'ils soient culturels, professionnels ou sportifs, contribuent-ils à améliorer le vivre ensemble dans le lycée ?

Gérard Duzan : Nos jeunes doivent se sentir bien là où ils sont. Offrir un internat avec la possibilité de suivre son entraînement sportif en soirée pour les élèves qui font partie d'un club, et pouvoir le concilier avec leur travail la journée, est l’idéal. Il faut essayer d'ajuster tout cela ensemble, tout simplement.

« C'est une réussite d'avoir des élèves qui choisissent nos formations. »
En observant ce lycée, deux mots viennent en tête : discipline et bienveillance. Cela vous convient-il comme mot d'ordre ?

Gérard Duzan : Tout-à-fait. Je suis très attaché à ce que tous les élèves du lycée, qui d'ailleurs me connaissent tous, soient reconnus, qu’ils soient en CAP, en seconde générale, en terminale… C’est très important pour moi qu’ils aient leur place. À partir du moment où ils sont reconnus dans leur positionnement de lycéens, dans leur identité, il n’y a pas de problème. Les bêtises, on va gérer, car des bêtises tout le monde en fait à leur âge. Par contre, il faut être clair et les prendre au sérieux. La seule chose que je ne peux tolérer sur un lycée, c'est la violence. Donc, les élèves sont avertis en début d'année que s’il y avait effectivement des cas de violence ou de harcèlement, ils prendraient la porte. Et c'est vrai que nous avons limité énormément les petites bagarres ou les petites disputes qu’il pouvait y avoir dans l'établissement avec, je dirais, cette autorité ferme, cette discipline, en imposant un ensemble de règles, qui sont comprises par tous.

Votre travail, c’est une passion ?

Gérard Duzan : C'est vrai, je fais un travail qui me plaît depuis plusieurs années. Je le dis toujours : seul, je ne suis rien. J'ai eu la chance de travailler avec des équipes dévouées et prêtes à collaborer. Depuis que je suis ici, mes adjoints sont devenus chefs d’établissement. Mes actuels adjoints, en place depuis deux ans, comprennent parfaitement notre fonctionnement. Avec une directrice des formations que j'ai choisie pour sa disponibilité et son engagement, nous formons une équipe soudée. Quand on encadre des gens et qu’on leur fait confiance, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas.