À Castillon d'Arthez, petite bourgade béarnaise de 340 âmes, les habitants ont été piqués par un virus contagieux : l'enthousiasme. Ensemble, ils redonnent vie à leur village. À la clé, la création d'un café, d'une épicerie et bien plus encore.
Situé sur les crêtes, le village de Castillon d'Arthez bénéficie d'une vue exceptionnelle sur la nature environnante. Mais cet emplacement géographique privilégié comporte un inconvénient : l'isolement. Pendant longtemps, pour trouver le moindre commerce, les Castillonnais devaient prendre la voiture et rouler au moins six kilomètres. Mais cela appartient désormais au passé. Car maintenant le village revit, après avoir retrouvé son café et créé une épicerie.
Initiée par le maire Gilles Mardelle, cette renaissance est issue d'une mobilisation générale. « Je ne suis pas tout seul et ce projet n'est pas l'utopie d'un homme mais le fruit d'un élan collectif ». Dès son élection, le sexagenaire consulte les administrés. « Très vite, il en est ressorti qu'il n'y avait rien pour les jeunes », se souvient l'élu. La commune entreprend alors d'installer un city stade au centre bourg. Ainsi s'écrit la première page d'un nouveau chapitre pour Castillon d'Arthez.
© Ville de Castillon
Les habitants embarqués dans le projet
Terrain de pétanque, stade multisports et aire de jeu pour les plus petits, l'espace se voit vite adopté par toutes les générations. Bien plus qu'un endroit où les enfants se défoulent c'est aussi le lieu où jeunes et moins jeunes se rencontrent. Alors pour poursuivre l'écriture du chapitre, la municipalité envisage d'aller plus loin. « Nous avons fait le city stade pour les enfants, on a enchainé avec le café pour les parents », se réjouit l'édile. En lieu et place de l'ancien presbytère, l'ancien café Peyroulet a servi des verres et des tasses aux anciens Castillonais. Mais depuis 34 ans, l'établissement était en sommeil. Il a repris vie en septembre dernier et a déjà trouvé son public. Ouvert du vendredi au dimanche, le café communal emploie deux personnes à temps partiel. « Pour l'instant, nous sommes à l'équilibre mais pour assurer la pérennité du projet, il faut y faire des soirées ». Autant de moments de convivialité comme au mois de mai où le groupe Nadau est venu animer les lieux.
Dans le même temps, un projet d'épicerie participative a vu le jour. « Pour élaborer tout ça, nous avons envoyé divers questionnaires aux citoyens afin de recueillir leurs besoins et leurs attentes », explique le maire. Les habitants sont ainsi embarqués dans cette démarche de co-construction et l'émulation jaillit de l'énergie collective. À ce jour, soixante familles ont déjà adhéré à l'association. Le principe est simple. Contre une adhésion modique (10€ ou 15€/an) et le don de trois heures de leur temps chaque mois, les membres de l'association peuvent bénéficier des produits de l'épicerie à prix coûtant. « Avec tout ça, ce que l'on veut c'est créer la dynamique et rendre le village attractif », résume Gilles Mardelle. Et le pari semble réussi.
La dynamique est lancée
Bien sûr, il aura fallu des financements pour réaliser l'opération. Au total, la rénovation des bâtiments abritant le café et l'épicerie s'élève à plus 340 000 euros hors taxes. Sur cette somme, la commune a bénéficié de multiples subventions dont une aide de la Nouvelle-Aquitaine pour un montant de 51 000 euros. Mais le résultat observé sur place va bien au-delà des sommes investies. C'est toute une vie qui s'est de nouveau formée, ensemble. Car autour de ce projet, les habitants se sont réinvestis dans la vie de la commune. « Il n'y avait plus une seule association, plus de commerces, il fallait recréer du lien social ». L'élan se traduit par la relance de deux associations : le comité des fêtes (avec 25 jeunes du village) et le club des anciens. Il se poursuit avec la création d'un jardin communal. Cultivé par des retraités, il fournit même des légumes pour la nouvelle épicerie.
Maintenant que la dynamique est lancée, pas question de s'arrêter en si bon chemin. Pour la prochaine étape, les choses sont déjà claires dans l'esprit de monsieur le maire. Située sur le chemin de Compostelle, Castillon d'Arthez est traversée chaque année par 15 000 pèlerins. Autant de clients potentiels pour le café communal et l'épicerie participative. D'autant plus que le village se trouve sur une longue étape de 34 kilomètres reliant Arzacq à Arthez-de-Béarn. Raison de plus pour y faire une halte, pour une pause ravitaillement ou détente voire même pour une nuit. Car la prochaine phase du projet de revitalisation du centre-bourg consiste à créer un gîte communal avec 14 lits, juste au-dessus de l'épicerie. « Pour ceux qui préfèrent dormir sous leur tente, il y aura aussi une aire de bivouac sécurisée », précise le maire.
Avec toutes ces initiatives, c'est tout un village qui revit. « Mais tout ça n'est pas arrivé comme ça, il a fallu beaucoup de pédagogie en amont ». À coup de réunions publiques et de questionnaires, les habitants se sont investis dans le projet, devenant ainsi acteurs de cette renaissance.
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Dans le cadre du Contrat de Développement et de Transitions Lacq-Orthez - Béarn des Gaves 2023-2025, la commune rurale de Castillon d'Arthez a porté un projet de revitalisation pour recréer un centre-bourg dynamique, vivant et convivial. Pour cela, la Région Nouvelle-Aquitaine a subventionné 15% du coût de la création de l'épicerie et café associatif, soit 51 226,35 €.