En Charente, le village de Condéon a transformé un corps de ferme en multiple-rural mêlant services et lieu culturel. Une bibliothèque et une agence postale y côtoient une épicerie et un restaurant. Objectif : dynamiser la commune pour attirer de nouveaux habitants.
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© Mairie de Condéon
« Cet endroit nous correspond tellement, on ne pouvait pas imaginer mieux », assurent Élisa Arsicaud et Raphaël Rousseau. À 27 et 29 ans, ils ont ouvert en janvier leur premier restaurant. Baptisée « Les drôles ». L'adresse enchaîne depuis les services complets.
Favoriser l’accueil
Ce couple a côtoyé durant près d'une décennie les grands noms de la gastronomie bordelaise et rêvait de s'installer à son compte. Par hasard et pour leur plus grand bonheur, ils sont tombés l'an dernier sur une annonce de Condéon, commune de 620 habitants située près de Barbezieux-Saint-Hilaire, en Charente. Niché sur un axe reliant la Dordogne à l'océan, ce paisible village achevait alors un ambitieux projet de dynamisation et de cohésion rurale avec une idée en tête : favoriser l'accueil de nouveaux habitants.
© Les drôles Condéon
Restaurant, bar, agence postale, bibliothèque, lieu d’exposition…
À l'origine, Condéon cherchait simplement un atelier technique pour entreposer ses matériels, explique la mairesse Véronique Fouassier. « Mais la vente d'un corps de ferme situé au centre-bourg s'est présentée à nous. Nous avons alors imaginé un tout autre projet », sourit l'élue. Depuis la fermeture de la boulangerie en 2018, le village ne disposait plus d'aucun commerce. « Le dernier bar-restaurant a fermé dans les années 90. Pourtant, nous sommes un lieu de passage et nous avons de nombreux atouts », assure Véronique Fouassier. L'équipe municipale s'est donc retroussé les manches pour ébaucher un projet aux multiples facettes : une épicerie d'abord, suivie d'un restaurant et d'un bar, d'une agence postale, d'une bibliothèque et d'un lieu d'exposition. Ce mélange des genres mêlant services à la population et lieu culturel a vite séduit les partenaires publics de Condéon. L'Union européenne, l’État, le Département de la Charente et la Région ont aidé la commune à hauteur de 800 000 euros pour un budget total de près de 1,39 million d'euros.
Un lieu adapté aux besoins du village
Ce coup de pouce a permis à Condéon d'imaginer un multiple-rural adapté à ses besoins et à ses ambitions. Du corps de ferme, la commune n'a conservé que les quatre murs pour mieux adapter les lieux à ses besoins. Des fondations ont été ajoutées à cette belle bâtisse en pierre agrémentée d'une nouvelle charpente. Un vaste couloir transformé en salle d'exposition sépare désormais l'espace culturel du restaurant tenu par Élisa Arsicaud et Raphaël Rousseau. L'emprunter permet d'accéder à l'agence postale tenue par Corinne Villeneuve. Salariée par la commune, elle propose ici tous les services de La Poste. « J'ouvre tous les après-midis de la semaine. Les gens déposent leurs colis ou achètent des timbres et des lettres. L'agence permet aussi de retirer de l'argent », précise Corinne Villeneuve. À deux pas officie Nathalie Chaput. Cette bénévole passionnée de lecture tient la toute nouvelle bibliothèque de Condéon. « Les livres ont été offerts par les habitants. Je les conseille quand ils ne savent pas quoi emprunter. Et j'accueille les enfants de l'école », explique-t-elle. Bientôt équipée, une salle attenante à cette bibliothèque et à l'agence postale accueillera enfin un point d'accès numérique ouvert à tous ainsi que des ateliers créatifs et des réunions associatives.
© Mairie de Condéon
Soigner la clientèle
Élisa Arsicaud et Raphaël Rousseau officient, eux, dans une salle chaleureuse et décorée avec soin. Barman, lui se concentre sur le service quand sa compagne s'active en cuisine. « Nous avons une demande pour 50 couverts mais nous nous limitons volontairement à 30 pour le moment », explique ce couple qui entend d'abord prendre ses marques et soigner sa clientèle. Pour les satisfaire, Élisa Arsicaud a imaginé une carte resserrée et bâtie sur des produits locaux. Ces mêmes produits sont proposés dans l'épicerie que ces deux vingtenaires tiennent aussi. Gérer de front un restaurant et ce point de vente s'apparente à un défi. Mais Élisa Arsicaud et Raphaël Rousseau ne manquent pas d'idées ni d'envies. « Nous aimerions beaucoup embaucher deux apprentis, un en salle et un en cuisine pour transmettre nos métiers », soulignent les gérants qui ne comptent pas leurs heures.
© Les drôles Condéon
Un projet positif à tous points de vue
« Ils sont victimes de leur succès. Nous avons eu de la chance de tomber sur ces jeunes », souffle en aparté la mairesse de Condéon. Après cinq années d'efforts, cet élue se montre extrêmement enthousiaste quant au devenir de ce multiple-rural. « C'est positif à tous points de vue, avance Véronique Fouassier. Il existait un réel besoin à Condéon. Et tout à coup, nous rencontrons à nouveau des gens que l'on ne voyait plus. Nous découvrons aussi de nouveaux visages. »