Réimplanter en centre-bourg des espaces publics, des logements et de l’activité commerciale : Cocumont (Lot-et-Garonne) s’est lancée dans un ambitieux projet pour retrouver son attractivité.
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Une bouteille de vin géante posée à l’entrée de la commune. Des rues portant des noms de cépages. Des étendues de vignes à perte de vue courants sur les coteaux tout autour ; ces mêmes vignes cultivées déjà au XIe siècle par les moines, dont la vieille église romane se dresse toujours debout à côté du siège de la cave coopérative « Les Marmandais ! » : tout un symbole… Bienvenue, donc, sur une terre viticole. Une terre gasconne aussi, fièrement revendiquée (la langue occitane est enseignée à l’école).
© © Nicolas Michel
La question de l’attractivité
Cocumont porte haut et fort cette identité rurale du Sud-Ouest qui respecte ses valeurs, tout en cherchant à évoluer avec son temps. C’est pourquoi la municipalité planche depuis quelques années déjà sur la question de l’attractivité du centre-bourg. La commune est située entre la plaine de Marmande (la fameuse cité de la tomate) et les landes sud-girondines. Traversée par plusieurs routes départementales, elle occupe une position de centralité avec un niveau de commerces et de services suffisant pour être identifiée comme pôle relais d’intérêt supra-communal dans le ScoT (schéma de cohérence territoriale) de la communauté d’agglomération du Val de Garonne.
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Cocumont coeur de bourg 2030
Pour autant, Cocumont doit faire face comme de nombreux autres villages partout en France aux défis de la crise de la ruralité. Le maire Jean-Luc Armand et son équipe ont ainsi développé un projet de revitalisation baptisé Cocumont coeur de bourg 2030. « Nous étions conscients, quand nous avons lancé cette opération ambitieuse pour une commune de 1 150 habitants, qu’elle ne pourrait pas être financée sur une seule mandature ». D’où le 2030 ! Quant à sa genèse, elle remonte au tout début des années 2010. Une première étude sur un possible aménagement du bourg a été commandée à l’époque. « Cette étude a permis de nourrir notre réflexion pour aboutir au projet tel qu’il existe aujourd’hui. Elle a mis en lumière des points importants comme la nécessité de développer la végétalisation du bourg jusque-là quasiment absente mais aussi les liaisons douces. Elle a surtout fait ressortir le fait que l’espace public y était trop restreint ».
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Halle couverte, coworking et locaux commerciaux
Un périmètre de quatre propriétés a alors été défini en vue d’être racheté. Il n’était pas question d’investir de nouveaux terrains mais de réutiliser intelligemment le bâti existant pour faire preuve de sobriété foncière. La vente a été négociée auprès des propriétaires par l’établissement public foncier de Nouvelle-Aquitaine pour le compte de la municipalité. Ces quatre bâtiments se situent dans le prolongement de la mairie sur la place centrale du village. Les 7 500 m² qu’ils représentent en tout connaîtront plusieurs finalités. Une boulangerie fermée en 2017 sera transformée en halle couverte, de même qu’un bar associatif sera démoli pour devenir une allée vers de nouvelles places de parking. Un ancien atelier de couture servira à relocaliser l’agence postale complétée par des espaces de coworking. L’édifice le plus imposant, un hôtel-restaurant à l’abandon, se transformera en 2 locaux commerciaux au rez-de-chaussée (une supérette et un snack-bar en prévision) et 6 logements sociaux dans les étages. « Le bailleur social du département, Habitalys, a accepté de prendre en charge cette partie importante du projet de réhabilitation », précise Jean-Luc Armand. La part financée par Habitalys représente à elle seule près d’un million d’euros.
S'inscrire dans l’opération de revitalisation de territoire
Habitalys n’est pas le seul acteur à avoir rejoint l’opération. Cocumont a bénéficié du soutien de la communauté d’agglomération afin de s’inscrire dans l’opération de revitalisation de territoire (ORT) de Val de Garonne Agglomération, un dispositif créé par la loi ELAN (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) de 2018, avec à la clef des avantages juridiques et fiscaux. De nombreux autres partenaires institutionnels ont également rejoint le projet. Pour le premier édile, le constat est clair : « Les formidables partenariats que nous avons tissés représentent la clef du succès du projet ».
Rendez-vous est pris en 2030 pour admirer le résultat.