La métropole de Limoges entre dans la seconde génération de son plan alimentaire territorial avec pour ambition de développer les circuits-courts en facilitant l’implantation de maraichers bio. L’espace test de maraichage aux portes de la métropole a constitué une première étape. La collectivité vise aujourd’hui à étendre son action à tout le département de la Haute-Vienne.
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Mise à jour du 01/12/2021 à découvrir en fin d'article.
« L’objectif de la première version du plan alimentaire territorial que la métropole a élaboré est de professionnaliser les porteurs de projet en maraîchage, de faciliter leur installation et de structurer la demande des cantines scolaires » résume Elodie Blanchard, chargée de mission développement agricole à la direction du développement économique de Limoges Métropole.
Un espace test agricole
La mise en place du premier volet - la professionnalisation des maraichers - a pris la forme d’un espace test agricole qui a trouvé à se loger à deux pas du lycée agricole des Vaseix, à Verneuil-sur-Vienne. Le lieu servait de base au Département de la Haute-Vienne lors de la construction du contournement de Limoges. La métropole a investi le grand champ pour y construire trois grandes serres. A chacune est accolé un containeur et une petite avancée en bois. De grandes cuves de récupération d’eau, seront prochainement opérationnelles. Chaque maraicher dispose d’un hectare et d’une serre de 500 mètres carrés. Mais aussi d’engins mutualisés pour préparer les sols, deux grandes chambres froides et d’une petite cabane pour s’abriter, se réunir ou faire à manger. « Le pôle fait 15 hectares, mais nous ne pouvons pas tout exploiter pour l’instant » explique Elodie Blanchard. « Cela a été une des surprises du projet. Malgré des tentatives de captage, le site n’a pas de source d’eau pour l’irrigation. Pour les maraichers, la solution est un mixte entre eau potable et eau de pluie récupérée. » Seuls 4 hectares sont donc utilisés pour l'espace test. Un hectare est concédé pour 9 ans à l’association Terre de cabanes qui a créé un jardin coopératif pour des familles de quartiers prioritaires de Limoges.
Tout bio
Tout l’espace est labellisé bio depuis février 2021. « Ce qui correspond à une demande forte des candidats à l’installation » précise la chargée de mission. En 2019, un premier couple de maraichers, Carlos et Barbara, s’est installé pour tester son activité. A l’automne, il devrait commencer son installation définitive sur une ferme à Rilhac-Rancon. « Ils ont pu aller voir les banques avec leur bilan, ce qui crédibilise leur demande. Ce qui est évidemment plus simple que d’arriver avec une simple prévisionnel. » Olivier est arrivé en 2020 pour occuper la seconde serre. Puis, Rémi a suivi en 2021. Et Marine remplacera Carlos et Barbara à la fin de l’année. « Nous avons un certain nombre de demandes et, pour le moment, peu de places » explique Elodie Blanchard.
Découvrir toutes les facettes du métier
© Region NA
Dans la serre de Rémi, le géotextile au sol limite les mauvaises herbes, un goutte à goutte optimise l’arrosage et les cultures s’alignent sur de grands linéaires. « Chacun d’entre nous a son style » commente Olivier. « Moi, j’ai fait quelque chose qui me ressemble, avec un mélange des cultures et des essais d’associations de légumes et de fleurs pour attirer les bons insectes. Même si j’ai l’impression que ça attire aussi les mauvais ! » Les choix de commercialisation sont également tous différents. « C’est un tout autre métier, pas la partie où on est le plus à l’aise confesse Rémi. Olivier tient à ses deux marchés hebdomadaires pour le contact avec les clients. Rémi, lui, est passé par le bouche à oreille, à partir de son carnet d’adresse. Il compose à la demande les paniers de ses clients, une « activité chronophage » qui lui prend deux jours par semaine. Chacun distribue dans quelques magasins ou restaurants. Les choix de culture sont également déterminants. « La betterave, par exemple, se vend à certaines saisons, mais pas à d’autres. Les tomates, il vaut mieux les avoir le plus tôt possible. » Et « quoi faire des courgettes quand tout le monde en a des tonnes ? ». Il faut aussi « faire le choix de se concentrer sur quelques légumes et ne pas se perdre dans la diversité. C’est plus dur à produire et à écouler auprès des clients » finit d’expliquer Olivier.
Pour leur permettre de se concentrer sur leur production, tous les maraichers de l'espace test intègrent la couveuse d'entreprise portée par BGE Limousin et soutenue par Limoges Métropole et la Région Nouvelle-Aquitaine. Ils bénéficient alors d'un accompagnement complet : un véritable hébergement juridique, administratif et comptable. Les 3 ans de la durée du test ne sont pas de trop pour voir les multiples aspects d’une activité dont le revenu est loin d’être assuré entre les aléas climatiques et ceux de la commercialisation.
Nouveau programme, nouveaux outils
"Le nouveau programme 2021-2023 prévoit d’autres outils d’accompagnement et de maîtrise » explique Elodie Blanchard. Une SCIC de type ceinture verte, société coopérative d’intérêt collectif, est en cours de constitution, mêlant organismes publics et privés. Elle permettra d’être plus réactif qu’une collectivité pour acheter des terrains et monter des fermes pour les louer à des producteurs. L’objectif est de tout fournir aux candidats exceptés le matériel et l’habitation. « Et la SCIC permettra de s’affranchir des limites de la Métropole pour se porter sur tout le département » se félicite la chargée de mission. C’est ce point qui doit également être déterminant pour faire décoller les installations. Il y a peu de foncier permettant le maraichage sur le territoire de la métropole, principalement à cause d’un accès à l’eau difficile. En étendant la zone de prospection, les sites seront plus nombreux. Un fonds de concours auprès des communes permettra en complément de la SCIC, le cofinancement du coût de création d’une ferme. Le nouveau PAT compte aussi dans ses chantiers des innovations sur l’eau, l’énergie, la création de sites d‘expérimentation en agrivoltaisme, ou encore une carte de l’ensemble des producteurs du territoire qui fait aujourd’hui défaut.
En savoir plus
La SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) Ceinture verte terroir de Limoges a été créée le 30 septembre 2021. Elle est le 3e projet de l'association Ceinture verte groupe, après Pau et Valence. Elodie Blanchard en est la directrice et Bernard Thalamy, vice-président de la communauté urbaine la préside.
La SCIC est ouverte aux souscripteurs particuliers, entreprises ou associations. Elle se donne pour objectif d'installer une dizaine de maraîchers par an.
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