La radio du plateau de Millevaches se lance dans la création de balises sonores sur les chemins de randonnée. Elle travaille avec des artistes locaux et prévoit les premiers itinéraires en 2024, pour fêter ses 40 ans. Retour sur un parcours qui a marqué l'identité sonore du plateau.
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L’escalier qui mène aux studios de la radio est aussi ancien que la mairie. Depuis sa création, en 1984, il y a près de 40 ans, Radio Vassivière est hébergée par la mairie de Royère-de-Vassivière. Au fil des années, Didier est devenu la mémoire vivante de Radio Vassivière. Il en a connu le tout début. « J’étais apprenti boulanger à l’époque. La radio s’est créée pour assurer la promotion touristique du lac. Je suis tout de suite devenu bénévole ». Le syndicat mixte du lac crée la radio pour la période estivale. Dans la droite ligne des radios libres, elle se fait le relais de toutes les animations sur Vassivière, en pleine expansion touristique. Radio Vassivière émet alors du 1er juillet au 31 août, animée par des bénévoles enthousiastes.
Emettre en continu
Mais en 1986, la loi change. Pour garder la fréquence, il faut émettre en continu, toute l’année. « Il nous a fallu un an pour nous retourner », se rappelle Didier. Et en 1987, Radio Vassivière retrouve les ondes, 24 h sur 24, toute l’année. Didier, se forme à l’INA, quitte la boulange et devient technicien. Un poste qu’il occupe encore, à 5 ans de la retraite. « Le seul matériel de l’époque qui nous reste, ce sont les platines vinyles. Tout le reste a changé ». La première antenne sur le toit de la mairie est devenue un émetteur puissant à quelques centaines de mètres du studio. La radio émet maintenant à partir de quatre pylônes, celui de Royère. Se sont ajoutés ceux d’Ussel, Meymac et Aubusson qui font de Radio Vassivière La radio du plateau de Millevaches. Hormis les fréquences de Radio-France, on ne capte qu’elle dans cette zone de petite montagne. « C’est aussi ce qui a permis son appropriation par le public », explique Fabien, animateur salarié depuis 2019.
Un esprit "radio libre"
Le modèle associatif de la radio n’y est pas pour rien. Radio Vassivière compte des bénévoles très impliqués et une organisation non-hiérarchique. L’association est organisée en collégiale, sans président. « Le dernier président de l’association a été condamné pour défaut de gestion et avait failli couler la radio. Ce sont les bénévoles qui ont repris le contrôle et assaini la gestion avec nous, les salariés », se félicite Fabien. "Cela aussi, c’est une différence de Radio Vassivière qui correspond bien à l’esprit du plateau où on dit qu’il y a une association par mètre carré." Cette appropriation de l’outil, les salariés y travaillent. « On fait tout pour que les gens puissent faire leur émission. On peut venir à n’importe quelle heure pour enregistrer dans un esprit proche de celui des radios libres de 1980. »
© Guillaume Fontaine - Région Nouvelle-Aquitaine
3 studios, 9 salariés
Au fil des années, la radio a poursuivi sa professionnalisation et son petit bonhomme de chemin. Le premier studio est devenu un lieu pour entreposer les archives. Un projet vise à le transformer en lieu hybride d’accueil du public autour d’une phonothèque, des bénévoles et d’artistes en résidence pour tout projet sonore. Et au nouveau studio, refait à neuf il y a quelques années, se sont adjoints 2 autres studios, à Felletin et Meymac. C’est qu’au fil des ans, l’équipe s’est étoffée. Radio Vassivière compte désormais 9 salariés, ce qui fait d’elle un acteur de poids sur le plateau où les structures sont rarement importantes. La radio fonctionne principalement avec des subventions, le fonds de soutien d’expression radiophonique pour près de 50 % de son budget, le syndicat du lac de Vassivière et la Région.
La création sonore
Forte de cette équipe, la possibilité de répondre à des besoins locaux avec l’envie de se porter sur la création sonore s’est peu à peu imposée. « La radio, c’est un flux continu auquel on doit toujours donner à manger 24h/24, 7j/7, toute l’année », explique Fabien. « Ce monstre a faim tout le temps », renchérit Nini également animatrice sur Royère. « On a besoin de spots, de capsules, de reportages tous les jours. Alors, il faut être efficace, correct écoutable, mais impossible de polir nos sons, car tout doit être à l’antenne le lendemain de la production. Il y a un côté frustrant. » De cette frustration partagée, est née l’envie de « monter le standing de création sonore avec des sons plus réfléchis, plus travaillés au mixage, au montage et au mastering. » Un appel à projets culture, tourisme et numérique de la Région permet à la radio de se positionner sur ce champ. « Nous avons répondu à l’appel avec l’idée de création de balises sonores sur des itinéraires de randonnée », explique Nini. « Au cours d’une « coloradio » (une colonie pour les salariés de la radio, ndlr), nous avons été voir Euphonia, une association jumelle de Radio Grenouille de Marseille qui fait de la création sonore depuis des années. Ils ont produit une quarantaine de créations depuis des années que l’on peut écouter dans les rues de Marseille. Nous voulions voir comment ils accompagnent les artistes pour faire de la création et nous en inspirer », poursuit Fabien qui était du voyage.
© Guillaume Fontaine - Région Nouvelle-Aquitaine
Des balises artistiques
« Le syndicat du lac nous demandait des contenus podcastables. » C’est comme ça que le projet des balises sonores a vu le jour. Les 3 équipes de la radio le réfléchissent pour leurs 3 territoires. 10 circuits ont été identifiés, dont 5 autour de Vassivière. Les autres se répartissent sur les chemins de randonnée. Chaque circuit fera entre 5 et 10 km et comportera 8 étapes où on pourra s’arrêter pour écouter ces balises sonores, des créations faites pour le lieu. Chaque balise contiendra elle-même 3 contenus, soit au total 240 contenus créés par des artistes et produits par la radio. « Tous les circuits devront être accessibles à tous, » insiste Nini. « Ils auront une narration propre sur des sujets historiques, naturalistes, sur la biodiversité, l’eau… On imagine un habillage sonore harmonieux et distinctif. On vise un public familial. » L’accueil du projet a suscité « un vrai enthousiasme de tous les partenaires. »
Le lancement est prévu en 2024, juste avant l’été…et les 40 ans de la radio. Une belle façon de se renouveler pour marquer l’anniversaire.