A La Rochelle, le marais de Tasdon, va être « renaturé ». Cette zone humide de 124 hectares, longtemps coupée de l'océan, aurait pu disparaître. Sauvé, ce sanctuaire doit contribuer à capter les gaz à effet de serre et sert de refuge à des milliers d'espèces d'oiseaux, d'insectes, de reptiles et de mammifères. Il est aussi accessible aux promeneurs.
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© Cécile Collot - La-Rochelle Tourisme
« L'objectif est de restaurer les fonctions écologiques du marais », assure Gérard Blanchard, vice-président de l'Agglomération de La Rochelle en charge du développement durable. Véritable pépite environnementale située sur les communes de La Rochelle, Aytré et Périgny, le marais de Tasdon constitue un projet inédit de renaturation en milieu urbain.
Connecté à nouveau à l'océan
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Près de 5,3 millions d'euros ont été investis par les collectivités publiques – dont la Région Nouvelle-Aquitaine – pour sauver cette zone humide de 124 hectares et la connecter de nouveau à l'océan. Ces anciennes prairies et marais salants exploités depuis le Moyen Âge auraient pu disparaître définitivement. Coupés de la mer, ils ont été remblayés partiellement dans les années 70 lors de la construction du quartier voisin de Villeneuve-les-Salines. Mais la Ville de La Rochelle et son Agglomération en ont décidé autrement afin de préserver ce réservoir de biodiversité. Plus de 330 espèces végétales et 150 espèces d'oiseaux y ont été comptabilisées ! « La bécassine, l'échasse, l'avocette élégante », énumère Chantal Vetter, adjointe au maire de La Rochelle chargée entre autres de la biodiversité. Selon cette élue, renards et loutres ont d'ores et déjà réinvestis les lieux moins d'un an après la fin des travaux.
Reconquête végétale
Engagé en 2019, ce chantier aura nécessité plus de 2 ans d'efforts. « Des centaines de milliers de m3 de remblais ont été enlevés et déplacés », détaille Chantal Vetter. Une partie a servi à réaménager les berges du marais, une autre à la construction de digues sur l'île de Ré. Puis, la connexion naturelle entre le marais de Tasdon et l'océan a été rétablie via la Moulinette, un cours d'eau qui a retrouvé sa physionomie et son rôle de ruisseau. « Nous avons également lutté contre les espèces invasives comme le baccharis, un arbuste. Puis, nous avons planté plus de 1 200 arbres et 63 000 plantes aquatiques, un point de départ pour la reconquête végétale spontanée », assure l'élue rochelaise.
Puits de carbone
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Le marais de Tasdon est également appelé à devenir l'un des principaux puits de carbone du territoire. « À l'échelle de l'Agglomération de La Rochelle, nous émettons actuellement 1,9 million de tonnes de CO2 par an, toutes activités et énergies confondues. Notre objectif est d'abaisser ces émissions à 500 000 tonnes de CO2 en 2040. Or, toutes les zones humides de l'Agglomération sont capables d’absorber 160 000 tonnes de CO2 par an », explique Gérard Blanchard qui pilote aussi le projet « La Rochelle Territoire Zéro Carbone ». Rendu à la nature, le site fait désormais l'objet d'un suivi scientifique étroit en partenariat avec l'Université de La Rochelle. L'idée ? Mesurer précisément la capacité d'absorption des gaz à effet de serre. « Les organismes végétaux comme les algues microscopiques fixent le carbone lors de leur croissance, via la photosynthèse. Une partie de cette biomasse finit par se sédimenter », résume Gérard Blanchard. Selon l'élu, la capacité d'une zone humide à fixer durablement le CO2 serait « supérieure à ce que réalise une forêt ».
Sensibilisation environnementale
Les travaux universitaires visent ainsi à mieux comprendre le phénomène de séquestration du CO2 et à améliorer ce « piège à carbone » rochelais. La renaturation du marais de Tasdon n'a pas pour autant été conçue en vase clos. Les publics peuvent s'y promener librement à condition d'y respecter quelques règles élémentaires. « Le contour du marais est accessible à tous, avec l'obligation d'y tenir les chiens en laisse. Le cœur du marais n'est, lui, accessible qu'aux seuls piétons. Nous avons besoin d'un milieu paisible, que la faune soit tranquille pour s'y installer durablement », souligne Chantal Vetter. Plusieurs animateurs ont été recrutés et sillonnent les chemins pour rappeler les consignes. « Donner accès aux espaces naturels est une responsabilité politique, mais elle doit s'accorder avec l'objectif de préservation du marais et de la biodiversité », insiste-t-elle.
Ce projet de renaturation en zone urbaine suscite désormais l'intérêt de nombreuses collectivités françaises. Plusieurs délégations ont déjà fait le déplacement, assure Chantal Vetter. L'office de tourisme de La Rochelle vient, lui, de créer une visite guidée au cœur du marais de Tasdon. « L'objectif principal, c'est la sensibilisation environnementale. Trois guides se sont notamment formés auprès de biologistes, en plus de leurs travaux habituels dans les archives. Notre territoire s'est construit autour des marais. Beaucoup de choses peuvent être racontées ici », avance Nicolas Martin, le directeur de La Rochelle Tourisme. Une itinérance de 2 heures a ainsi été conçue pour découvrir ce site naturel où serpentent plus de 15 kilomètres de sentiers. De l'éco-pâturage pourrait aussi y être testé dans les années à venir, assure Chantal Vetter.