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actualité

Rêver de la ville désirable de demain

Se projeter dans un futur désirable où la transition a réussi en partant d'initiatives pionnières qui existent tout autour de nous...C'est l'exercice auquel se sont livrés les acteurs régionaux de l'aménagement du territoire. Retour sur une journée immersive.

Publié le vendredi 8 juillet 2022
  • #Foncier
  • #Collectivité territoriale

Le club Observation et stratégie foncière réunit deux fois par an des acteurs régionaux du foncier (techniciens, élus, représentants de collectivités, SCoT, etc.) pour une journée de conférences et ateliers. Ils échangent autour des grands enjeux de l’aménagement.

A l’occasion de la 15e édition, le 29 novembre 2021, Laurence Rouède et Sandrine Hernandez ont convié les participants à l’Hôtel de Région pour rêver de la ville désirable de demain, une ville qui aura fait la transition vers la sobriété foncière, par le biais d’une mise en récit positif de la transition.
Christine Leconte, urbaniste était la grande témoin, chargée d’introduire la thématique et de la conceptualiser. Cinq exemples inspirants de sobriété foncière en Nouvelle-Aquitaine ont ensuite été présentés sous forme de conte suivi d’un temps de questions-réponses avec les porteurs et porteuses de projet.

Laurence Druon, conteuse, a proposé une expérience immersive dans laquelle le public, projeté en 2050, s’est remémoré des initiatives pionnières ayant eu lieu dans les années 20 (comprenez 2020).

La mise en récit est un levier majeur de conduite du changement. La sobriété foncière et la transition écologique sont l’objet d’une image de restriction, de déclin économique et démographique. Il est donc important de contrebalancer cet imaginaire par la construction de récit collectif qui laisse la part belle aux éléments positifs et qui donne la voix de manière concrète à un futur désirable et enthousiasmant.

Le club était directement inspiré de l’ouvrage de Rob Hopkins, « Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? ». Le conte permet de proposer une image alternative de la transition qui est celle de la sobriété heureuse.

L’intérêt de réinventer la ville

La journée a débuté par une intervention de la présidente de l’Ordre national des architectes sur l’importance de repenser la ville dans un contexte d’inégalité d’accès au foncier et d’adaptation au changement climatique. Une présentation riche et inspirante qui a permis à toutes et tous d’avoir les clés de compréhension de la sobriété foncière.

Revoir les temps forts de la journée

Conter la sobriété heureuse

La Réole

La matinée s’est poursuivie avec Laurence Druon et sa machine à remonter le temps. Le conte a duré le temps des 5 exemples, avec un moment de questions-réponses avec Jean-François Deshoulières, directeur du développement chez Noalis, Claire Meunier, présidente de l’association Liken et Emmanuel Prieur, paysagiste-aménageur chez Atelier Arcadie. Ainsi, La Réole (33), Limoges (87), Guéret (23), Pau (64) et Damazan (47) ont été mis à l’honneur pour avoir accueilli des projets phares de réhabilitation, de recyclage ou de réutilisation du foncier.

Le récit a commencé par La Réole, un balcon sur la Garonne à 33 minutes en train de Bordeaux, en déprise jusqu’à ce que deux équipes municipales successives ne décident de redynamiser le centre-bourg.

Stratégie foncière La Réole

Laurence Druon s’est ensuite attachée à décrire la maison bi-générationnelle AIMER de Limoges, où son personnage fictif, Laura a emménagé pour ses études. Là-bas, elle raconte avoir partagé des moments de vie avec des personnes âgées heureuse de maintenir du lien social et d’habiter dans le centre-ville.

Après quoi, Jean-François Deshoulières, directeur développement chez Noalis a répondu aux interrogations des participants concernant ce projet.

Stratégie foncière - Maison bigénérationnelle

D’un espace partagé par plusieurs générations, le conte a cheminé vers la Quincaillerie, tiers-lieu d’assemblage local de Guéret accueillant un public très divers. Ce projet illustre une des nombreuses possibilités de rendre la ville plus inclusive tout en réutilisant le bâti : le concept a d’abord existé dans un local radio, puis dans une ancienne quincaillerie avant de s’installer durablement dans une friche commerciale.

Stratégie foncière - Quincaillerie Guéret

Le personnage fictif des années 50 (comprenez 2050) s’est remémoré les initiatives qui ramenaient la nature en ville et végétalisait les bourgs à une période où la biodiversité avait presque complètement disparue entre l’asphalte et les pavés. Elle décrit alors le projet Arboretoom de l’association liken à Pau, présidée par Claire Meunier : créer des micro-forêts dans des interstices urbains.

Stratégie foncière - Micro forêts urbaines

Afin de clore le récit, Laurence Druon a emmené le public à Damazan, une bastide minérale médiévale confrontée, jusqu’en 2020, à de fortes chaleurs. Pour faire baisser la température du centre-bourg et offrir aux habitants des espaces de rencontres et de détente, un duo créatif composé du maire et d’Emmanuel Prieur, aménageur-paysagiste, désartificialise le coeur de la bastide et crée un "îlot de fraîcheur". 

Stratégie foncière - bastide ilot fraicheur

Les opportunités de la sobriété

Après une matinée d’échanges, le public s’est réparti dans 5 groupes thématiques : la ville circulaire (recyclage du foncier et des ressources), des espaces publics et privés inclusifs et multi usages, la ville équitable et abordable, la ville innovante, créative et citoyenne et la ville nourricière, verte et rafraichissante.

Guidés par Olivia Segura et Betty Dufour, toutes deux facilitatrices, les participants ont co-construits des Unes d'un magazine fictif "Consommer moins, mais mieux !" en fonction du sujet qu’ils avaient choisi. Ils ont ensuite présentés les résultats de leurs réflexions sous le format d’une interview radio.

En se projetant en 2040 dans la perspective du Zéro artificialisation nette (ZAN), ils ont imaginé comment cet objectif aurait été atteint. Il est sans nul doute que la diminution du rythme d’artificialisation est sujette à débat et qu’il est l’opportunité de changer notre rapport à l’aménagement des territoires afin de répondre aux enjeux écologiques et climatiques actuels.

Des défis restent à relever mais le ZAN est un moteur de réflexion et d’innovation. Au cours des restitutions, les participants ont présenté la densification urbaine à la fois comme un moyen clair de renforcer le lien social et le vivre-ensemble grâce à la multi utilisation du bâti, de protéger les espaces naturels et de retrouver la nature en ville, une pour le bonheur des riverains. En passant par la réhabilitation intensive de friches industrielles ou commerciales, la création d’îlots de fraîcheur végétalisés, la transhumance de tiny houses (micro-maisons) ou encore la densification de l’offre de service pour tendre vers la ville "du quart d’heure", les présentations ont illustré des manières de faire mieux avec moins.