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Présentation du territoire de la Vallée du Lot et Bastides

L’ensemble des EPCI de la Vallée du Lot et des Bastides sont classés en vulnérabilité forte au regard du revenu médian par unité de consommation (-1 900 euros par an en comparaison à la médiane régionale sans disparité marquée entre les EPCI). Le territoire est quasi-exclusivement rural. Seules cinq communes sont classées urbaines.

Publié le jeudi 19 mars 2020
  • #Politique contractuelle

Un territoire de projet

Le Pays est bordé à l’Ouest par le Pays Val de Garonne Gascogne (avec le pôle urbain de Marmande) et à l’Est par les départements du Lot et du Tarn et Garonne. Au Nord, les bastides Haut-Agenais Périgord (Castillonnes, Villeréal...) jouxtent la Dordogne et le Pays Bergeracois. Au Sud, la Vallée du Lot s’ouvre sur les pays de l’Agenais et du Cœur d’Albret.

Le territoire occupe une position centrale sur les grands axes régionaux, entre d’un côté, la dynamique atlantique autour de la métropole bordelaise et de l’autre, l’Occitanie avec la métropole toulousaine. Cette position géographique n’en fait pas pour autant un territoire de captation de nouvelles activités économiques ou industrielles ni même un territoire de liaison entre les grands axes régionaux. En cause : a) un territoire vieillissant marqué par la précarité et l’isolement sociale dans l’hyper-ruralité, b) une dynamique démographique défavorable au maintien des actifs qualifiés, c) une fragilité structurelle de l’armature économique et sociale du Grand Villeneuvois.

Ces trois données se sont dégradées depuis la crise de 2008 et tendent à faire passer au second plan les atouts pourtant bien réels de la Vallée du Lot parmi lesquels figurent un cadre de vie remarquable, un patrimoine paysager préservé, une volonté publique d’engager l’ensemble des ressources et compétences mobilisables dans l’accueil et le soutien de nouveaux projets, des investissements touristiques et de loisirs contribuant à donner une visibilité étendue en Vallée du Lot et Bastides.

Une économie locale qui repose sur les revenus des retraites, les transferts sociaux et le secteur public

Le Pays de la Vallée du Lot dépend essentiellement des revenus issus d’une redistribution au travers des mécanismes de solidarité (retraite et transferts sociaux) et de l’action publique soutenue par les services de l’État, les collectivités territoriales, les professionnels de santé. Un seul chiffre permet d’expliquer la situation de dépendance et de vulnérabilité de l’économie locale ; situation contre laquelle le territoire mobilise l’ensemble de ses ressources en direction de l’entrepreneuriat et de l’accompagnement social des personnes en difficultés.

37%...

C’est le nombre d’emplois privés perdus dans les secteurs de la production industrielle entre 1975 et 2015 principalement dans le Fumélois.

En nombre ce sont près de 6 500 emplois qui ont disparu notamment dans la sidérurgie et la filière bois. L’usine sidérurgique de Fumel à l’instar des bastions industriels de l’Est de la France reste le symbole de cette décomposition. Dans les années 1970 elle employait jusqu’à 3500 salariés. Avec la crise des années 80 commence un lent démantellement. Les hauts-fourneaux sont arrêtés en 1987 et les cheminées abattues deux ans plus tard. Entre 1980 et 1990, l’usine passe de 2000 à 1000 emplois.

S’en suit une succession de plus en plus rapide de rachat, de redressement judiciaire, de plan de reclassement et de licenciements avec à chaque nouvelle crise une diminution de l’emploi. Racheté par deux anciens cadre en 2015, elle ne comptait déjà plus que 43 emplois. Elle sera définitivement placée en liquidation judiciaire en juin 2018.

C’est le pourcentage des emplois du pays qui dépendent de l’administration publique, de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale.

Plus qu’ailleurs, le secteur public joue un rôle d’amortisseur et de « réparateur » social face aux problèmes d’emploi, d’insertion sociale et professionnelle, de lutte contre la précarité, l’isolement et face au vieillissement de la population mais il est aussi un facteur contributif déterminant dans l’économie locale et la dynamique des pôles de centralité (bourgs et villes). Les revenus issus de la base publique atteignent près de 10% soit un point de plus que la moyenne des territoires équivalents.

A lui seul le secteur médical et social (privé et public confondu) comptabilise plus de 2750 emplois. C’est après le commerce, le second secteur-clé en nombre d’emplois sur la vallée du lot et des bastides.

C’est le pourcentage des revenus issus des pensions de retraite.

En d’autres termes, sur 100 euros de revenus qui entrent sur le territoire, 37 euros viennent directement des caisses de retraite auquel on peut ajouter 17 euros de transferts sociaux (chômage, RSA, maladie, handicap...). La part des salaires du public représentant 10 euros de plus. L’activité productive locale qui représentait encore en 2012 près de 19% du revenu basique, ne représente plus aujourd’hui que 16% du revenu derrière la base sociale. Autrement dit sur nos 100 euros de revenus, 16 seulement proviennent des salaires privés, des bénéfices industriels et commerciaux et des revenus agricoles.

A ces données s’ajoute celle de 22% de jeunes de plus de 15 ans non scolarisés qui n’ont aucun diplôme.

C’est autour de cette population jeune que se concentre les problèmes d’emploi, de formation, de mobilité sur un territoire dont la tertiarisation des activités et la désindustrialisation continue n’offre guère de perspective pour les personnes sans qualification. Cet indicateur constitue le noyau dur de vulnérabilité du territoire que l’on retrouve dans les 12% du taux de chômage du pays. L’un des plus importants de la Région Nouvelle Aquitaine.

Une reconquête de l’attractivité autour de l’agro-industrie, de l’économie présentielle et du tourisme

Dans un contexte de globalisation de l’économie productive, les enjeux industriels échappent de plus en plus aux politiques publiques territoriales. Les expériences de ré-industrialisation ont laissé sur le territoire un goût amer et les engagements publics payés sans retour. Le processus de délitement de l’économie productive se poursuit. Entre 2008 et 2015 ce sont 14,7 % d’emplois privés qui ont été perdus sur la zone d’emploi de Villeneuve-sur-Lot, soit la plus forte baisse de la région Nouvelle Aquitaine sur la période.

Les leviers d’intervention locale n’ayant plus de prise sur les lois de la compétition industrielle mondialisée, il semble acquis que la dynamique de ré-attractivité du territoire passe par l’entrepreneuriat local et ses valeurs-clés attachées à des savoir-faire et des productions territoriales clairement identifiées sur des marchés existants, plutôt locaux et ayant une vocation à rayonner au-delà de leur territoire de production. Ce nouveau pari, de nombreux territoires de projets de la Nouvelle Aquitaine tente de le construire autour d’une stratégie avec ses contenus, ses ressources spécifiques, une gouvernance plus ouverte. Mais surtout à partir des atouts spécifiques du territoire qu’il convient de remettre sur la table.

Le territoire du Pays regroupe un tissu artisanal et de PME industrielles assez dense et de toutes tailles dont les activités relèvent de l’agro-alimentaire, de la construction spécialisée, du bois et de la métallurgie. Ce sont là les activités traditionnelles en Vallée du Lot qui ont subi des pertes en emploi importantes avec la crise de 2008. Près de 1600 emplois ont disparu entre 2008 et 2015 dans les travaux de construction spécialisés (-473), le travail du bois (-419 - avec la disparition après liquidation judiciaire fin 2014 des 130 derniers salariés de l’entreprise TARKETT sur le Fumélois), les industries alimentaires (-365), la métallurgie (-335).

Dans ce contexte, il s’agit de retrouver des conditions d’environnement (aménagement, transport, organisations professionnelles et ressources publiques...) favorables au développement des activités économiques essentielles pour le territoire, pour l’emploi, la formation et l’installation de nouvelles entreprises. Il existe notamment dans le secteur de l’agriculture et de l’agro-industrie des emplois qui ne trouvent pas preneur alors qu’ils s’adressent à des personnes peu qualifiées. La nécessité de mettre en adéquation l’offre et la demande d’emploi à partir des besoins en main d’œuvre des entreprises locales est un sujet récurrent du territoire qui mériterait d’être traité finement et mis en perspective dans une approche territoriale et pluriprofessionnelle

L’agriculture et l’agro-alimentaire demeurent les piliers de la sphère productive locale en Vallée du lot

Avec près de 3300 emplois, ce secteur représente 4% de l’emploi du territoire et se traduit par une surreprésentation de quelque 950 emplois dans les industries alimentaires. Ce secteur subit de profondes mutations et s’interroge sur ses pratiques et son développement au regard de la demande qualitative de consommation, des transformations climatiques, des tensions sur les ressources (eau-foncier), de la réduction des coûts face à la concurrence. Les exploitants agricoles cherchent à modifier leur consommation d’intrants et d’énergie dans une logique économique mais aussi de préservation de l’environnement en veillant à l’équilibre du qualitatif et du compétitif. L’essor de l’agriculture biologique en Lot et Garonne est tout à fait exemplaire et s’étend aux entreprises agro-alimentaires. En 2012, plus de 5% de la SAU départementale était cultivée selon les modes de production biologique (contre 3,5 à l’échelle régionale et 2% au national). Quelques belles entreprises participent au succès et à la notoriété de ces productions : Vitamont (fabrication de jus de fruits et de légumes) à Monflanquin, Favols-Naturgie à Bias ou Biolo'Klock à Montpezat (confitures), Lou Prunel à Bias (Pruneaux et fruits secs) Biogaronne à Port Sainte Marie (expédition de fruits et légumes). La notoriété des marchés de producteurs en saison touristique contribue également à la promotion des productions locales. Près de la moitié des exploitations du pays ont au moins une production sous l’un des signes officiels de qualité : Label Rouge, AOC-AOP, IGP, Agriculture biologique.

C’est pourquoi le sujet de l’agriculture et de l’agro-alimentaire qui a été volontairement pris par les élus sous l’angle du recrutement, des évolutions de pratiques et de la valorisation des métiers est huit central pour le territoire. Les EPCI souhaitent notamment être associés au pôle de formation d’Excellence en partenariat avec les IAA et conviennent de préciser ensemble les modalités d’intervention, d’ingénierie (type nouvelles qualifications et GPECT) susceptibles de soutenir les activités industrielles traditionnelles ou émergentes en élargissant à d’autres ac tivités professionnelles (recrutement et formation) les potentialités de développement en œuvre dans l’agriculture et l’agro-alimentaire.

L’économie résidentielle est aujourd’hui le premier levier d’emploi du territoire

La mutation des emplois de production vers les activités résidentielles, les services aux personnes et le tourisme est le fait majeur du territoire et presque un cas d’école. Le commerce de détail emploie à lui seul plus de 2450 personnes sur le territoire soit l’équivalent des emplois cumulés par l’industrie alimentaire et la construction spécialisée.En y joignant les activités de grossiste ce sont 2200 emplois de plus qui se retrouvent dans les secteurs de la vente aux particuliers ou aux entreprises. Ce secteur est le premier employeur de la Vallée du Lot et des Bastides.

L’érosion continue de la base productive, la dépendance démographique (départ des jeunes qualifiés et arrivée en nombre des séniors et retraités) la faiblesse des revenus captables par la consommation locale fragilisent l’édifice résidentiel. Les commerces de détails et de quotidienneté se retrouvent donc surexposés à la concurrence et en compétition résidentielle sur des zones d’activités concurrentes. La concurrence des hypermarchés, de l’offre périphérique et d’internet accélère la déprise des commerces de détails mais aussi des services de proximité créant une fracture de mobilité et une fracture numérique entre les populations au sein d’un même territoire. C’est pourquoi le soutien du présentiel autour des centralités est un enjeu essentiel de redynamisation et de cohésion du territoire.

La Vallée du Lot et des Bastides possède de nombreux atouts lui permettant de se positionner comme un territoire d’accueil, d’hospitalité et de tourisme rural. Le développement des halles et marchés gourmands, la richesse de son patrimoine (Bastides de Monflanquin, Villeréal, Castillonnes... Commanderie du Temple/Lot, Châteaux de Bonaguil, Gavaudun, Castelmoron-Sur-Lot...) de sa gastronomie, de ses paysages avec son offre de randonnées et d’itinérance douce (vélo-route, navigation fluviale) constituent une carte riche et variée dont le trait d’union reste l’authenticité des campagnes et la fidélité d’un terroir qui a su garder ses traditions, son histoire, un cadre de vie préservé. Cependant les revenus de captation du tourisme restent beaucoup plus faibles que ceux des territoires équivalents (10 points de moins) et les séjours plus courts. La capacité d’hébergement apparaît comme le talon d’Achille du tourisme en Vallée du Lot, la densité touristique (Lits/km2) atteint à peine 18 lits quand elle est en moyenne de 55 dans les territoires voisins comparables.

Cela dit, de nombreux investissements touristiques et de loisirs sont en cours sur l’ensemble du Département et les opérateurs privés ou publics-privés en Vallée du Lot sont engagés dans la rénovation des équipements d’accueil et d’élargissement de l’offre, témoignant d’une volonté de constituer une offre touristique ambitieuse, structurée autour de deux ou trois grands pôles d’attractivité, d’évènements et de parcours. Cette offre pourrait être mieux repérée et mise en liaison. La vallée du lot et les bastides en Lot et Garonne restent trop souvent à l’arrière -plan dans un tourisme de découverte, de passage qui fait sa grande faiblesse au regard des territoires voisins (Dordogne et Lot) beaucoup plus présents sur les grands réseaux sociaux et les plateformes des opérateurs du tourisme notamment à l’international. Il semble au vu des différents projets présentés dans le cadre du contrat de dynamisation que ce « complexe identitaire » soit en passe d’être résolu par de nouvelles initiatives fortes (cf Base nautique, projet des jardins d’eau autour de Latour-Marliac au Temple-sur -Lot, Grand Parc de Fontirou dans le grand villeneuvois).

La situation de vulnérabilité du territoire

La nouvelle politique contractuelle de la Région apporte un soutien différencié en fonction du degré de vulnérabilité du territoire. Quatre domaines de vulnérabilité ont été définis au regard des compétences principales et ambitions régionales pour caractériser la situation relative des territoires :

  • le revenu des ménages,
  • l’emploi et le marché du travail,
  • le niveau de formation de la population,
  • la démographie et l’accessibilité aux services de la vie courante.

Trois niveaux de vulnérabilité ont été retenus : moins vulnérable, intermédiaire, plus vulnérable. Un indicateur synthétique calculé en fonction du nombre de domaines pour lesquels l’EPCI (établissement public de coopération intercommunale) présente une vulnérabilité a classé les intercommunalités du périmètre de contractualisation de la façon suivante :

  • Les Communautés de Communes : Lot et Tolzac, Confluent et Coteaux de Prayssas, Bastides Haut-Agenais Périgord en vulnérabilité intermédiaire ;
  • La Communauté de Communes Fumel Vallée du lot et l’Agglomération du Grand Villeneuvois en vulnérabilité plus forte.